28/03/2025
La question des traits de caractère des agresseurs est complexe et multidimensionnelle.
Contrairement aux idées reçues, il n'existe pas de profil type unique qui permettrait d'identifier rapidement une personne potentiellement violente.
Les recherches scientifiques montrent que les caractéristiques des personnes qui adoptent des comportements agressifs varient considérablement selon :
Comprendre les traits de caractère des agresseurs ne signifie pas non plus excuser leurs comportements, mais plutôt de les étudier afin de développer des stratégies plus efficaces pour se
prévenir des actes d'agression et se protéger.
Reconnaître ces traits ne permet pas de « détecter » un agresseur avec certitude, mais offre des outils pour anticiper les risques. L’essence même de la self-défense.
L'agressivité fait partie de notre équipement instinctif et possède des fondements biologiques.
Elle a des bases génétiques, hormonales et nerveuses qui peuvent influencer la propension d'un individu à adopter des comportements hostiles.
Les recherches montrent que certaines personnes présentent naturellement un potentiel agressif plus élevé que d'autres, ce qui peut s'expliquer en partie par ces facteurs biologiques.
On observe que les hormones, notamment la testostérone, peuvent jouer un rôle dans l'expression de l'agressivité. En effet, « en général et dans presque toutes les espèces, c'est le sexe
mâle qui est le plus agressif ».
Des études ont également démontré que certaines régions du cerveau sont impliquées dans la régulation de l'agressivité :
Les recherches ont identifié plusieurs traits de personnalité plus fortement liés à l'agression.
Parmi ceux-ci, on retrouve :
Ces traits constituent des facteurs de risque qui, combinés à d'autres éléments contextuels, peuvent contribuer au passage à l'acte agressif.
Face à la complexité des facteurs impliqués dans les comportements agressifs, les chercheurs ont tenté d'établir des typologies d'agresseurs.
Cependant, ces classifications restent souvent insuffisantes pour rendre compte de la diversité des profils.
Comme le note une étude sur les classifications psychologiques d'auteurs d'infractions, il existe différentes approches pour classifier les agresseurs, mais aucune ne fait consensus.
Cette difficulté, à établir une typologie définitive souligne la nécessité d'une approche individualisée et multifactorielle pour comprendre et traiter les comportements agressifs.
Les agresseurs sexuels présentent souvent une constellation spécifique de traits de personnalité et de distorsions cognitives.
Une étude menée sur 134 agresseurs sexuels intrafamiliaux a révélé la présence de tendances névrotiques et de distorsions cognitives de nature sexuelle.
Ces distorsions sont des pensées et croyances erronées qui « sont impliquées dans l'étiologie et le maintien des comportements sexuels déviants ».
L'étude a également montré que ces traits peuvent évoluer avec un traitement approprié : « Les résultats montrent des diminutions significatives sur l'ensemble des distorsions cognitives de
nature sexuelle, une diminution du névrosisme et une augmentation de l'extraversion ».
Cette malléabilité des traits de personnalité et des distorsions cognitives offre des perspectives encourageantes pour les interventions thérapeutiques.
Dans son ouvrage sur le harcèlement moral, Marie-France Hirigoyen décrit les « stratégies insidieuses du harceleur » et la « paralysie de la victime sous l'emprise de son
agresseur ».
Elle identifie chez le harceleur des caractéristiques de ce qu'elle nomme la « perversité », une forme particulière de fonctionnement psychologique.
Le harceleur, souvent qualifié de « pervers narcissique », présente des traits spécifiques comme :
C'est sur cette personnalité narcissique que se met en place un fonctionnement pervers caractérisé par des stratégies d'emprise et de manipulation.
Une question récurrente dans l'étude des personnes violentes est celle de leur propre victimisation antérieure.
Plusieurs recherches suggèrent qu’elles ont souvent elles-mêmes été victime par le passé.
Comme le note une étude sur le Rorschach, « l'agresseur qui semble le plus sauvage aurait été lui-même, la plupart du temps, victime d'agressions, de transgressions commises sur
lui ».
Cette observation souligne l'importance d'interventions précoces auprès des victimes pour prévenir la reproduction ultérieure de comportements agressifs.
Selon le modèle général de l'agression, un événement déplaisant comme une provocation ou une frustration cause un affect négatif, qui induit :
Ce processus explique comment des stimuli apparemment anodins peuvent déclencher des comportements agressifs chez certaines personnes prédisposées.
Un mécanisme cognitif fréquemment observé chez les agresseurs est le biais d'attribution hostile.
Ce phénomène se produit lorsque « des participants amorcés avec des concepts agressifs ont tendance à juger le comportement ambigu d'un individu comme plus hostile que les participants
n'ayant pas été amorcés avec des mots agressifs ».
Une personne présentant ce biais pourrait interpréter une bousculade accidentelle dans une file d'attente comme un acte délibérément hostile, ce qui peut déclencher une réaction agressive
disproportionnée.
Ce biais d'interprétation joue un rôle important dans le déclenchement et le maintien des comportements agressifs.
L'agression est un phénomène multidimensionnel qui peut prendre diverses formes : « Instrumentale, hostile, expressive, antisociale, pro-sociale, ouverte, latente, offensive, défensive,
justifiée, injustifiée, etc. ».
Cette diversité explique pourquoi « il n'est pas probable de trouver, dans un simple mécanisme psychologique quelconque, l'explication exhaustive et finale de l'agression ».
Les recherches actuelles tendent vers une compréhension intégrative qui prend en compte à la fois les facteurs biologiques, psychologiques, sociaux et situationnels pour expliquer ces
comportements.
L'étude des traits de caractère humains révèle qu'il n'existe pas de profil unique permettant d'identifier un agresseur potentiel.
Les comportements agressifs résultent d'une interaction complexe entre des facteurs biologiques (génétiques, hormonaux), psychologiques (traits de personnalité, distorsions cognitives), et
situationnels (provocations, frustrations, contexte social).
La recherche montre également que certains traits de personnalité associés à l'agression peuvent être modifiés par des interventions thérapeutiques appropriées.
Cette malléabilité offre des perspectives encourageantes pour la prévention et le traitement des comportements agressifs.
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Sources :
- https://www.persee.fr/doc/binop_0249-6739_1999_num_28_3_1293_t1_0501_0000₁
- https://www.persee.fr/doc/clini_0373-6261_1991_num_35_1_961
- https://www.semanticscholar.org/paper/Violences-Domestiques-Comme-Obstacles-%C3%80-L%E2%80%99%C3%A9ducation-Nwachukwu-Chinwe-Ume/b5f5378c1a48b963fac09a28fe682b2d4d9fc279
- https://www.persee.fr/doc/grif_0770-6081_1976_num_14_1_1115
- https://www.persee.fr/doc/clini_1265-5449_1996_num_2_1_1087
- https://www.semanticscholar.org/paper/Pour-une-s%C3%A9miotique-de-la-violence-Aldama-Bertrand/a6cd6eba216a8b320cbda132a93bf221680eb1d1
- https://shs.cairn.info/revue-deviance-et-societe-2006-2-page-233?lang=fr
- https://books.openedition.org/pur/60734?lang=fr
- https://www.erudit.org/fr/revues/crimino/2017-v50-n1-crimino03059/1039803ar/
- https://www.semanticscholar.org/paper/Personnalit%C3%A9-et-distorsions-cognitives-des-sexuels-Daspe-Lussier/cba15e1877c7b4f9d3cefd4d316b74e900cd1a5e
- https://shs.cairn.info/article/SEXOL_2902_0068?lang=fr&ID_ARTICLE=SEXOL_2902_0068
- https://www.persee.fr/doc/bupsy_0007-4403_2002_num_55_461_15171