04/12/2024
L'agressivité dans le contexte sportif est un phénomène fréquemment mentionné en psychologie du sport mais rarement étudié de manière systématique, notamment quant à ses impacts et ses influences personnelles et sociales.
La définition même de l’agressivité demeure controversée, les chercheurs ne parvenant pas à s’accorder sur ce qui constitue précisément ce concept.
Maxwell et Moores (2007) (2) proposent de centrer l’attention sur ses antécédents clés : la colère et l’agressivité, cette dernière étant décrite comme une disposition à adopter des comportements
agressifs ou une acceptation de l’usage de l’agression.
La colère, déclenchée par des évènements externes (provocations, arbitrage défavorable) ou internes (auto-critique, souvenirs de défaites), est une émotion courante en compétition sportive,
souvent étudiée en parallèle de l’anxiété.
Selon Lazarus (1991, 2000) (3), la colère surgit lors d’une menace à l’identité de l’individu et se caractérise par une perception d’offense dégradante. Dans ce contexte, le comportement agressif en est une conséquence fréquente.
Les recherches récentes montrent que le comportement agressif peut se manifester sous divers aspects liés à la compétition, impliquant des processus tels que :
Ces comportements antisociaux, conceptualisés par Kavussanu (4) et Boardley (2009) (5) comme des actions volontaires visant à nuire ou désavantager autrui, sont étroitement liés à la colère et à
l’agressivité.
Cette recherche propose d’élargir la compréhension de l’agressivité sportive en intégrant des variables associées, notamment les comportements antisociaux, dans une perspective de théorie sociale
cognitive sur les normes morales et le comportement prosocial.
Les participants à cette recherche étaient composé de 231 athlètes (26,4 % de femmes), âgés de 15 à 39 ans pratiquant des sports impliquant divers niveaux de contact physique, à savoir :
De plus, ces sportifs appartenaient à différentes catégories compétitives, à savoir :
L’échelle de colère et d'agressivité compétitives, développée par Maxwell et Moores (2007) (6) et adaptée en portugais pour cette étude, évalue deux dimensions principales dans le contexte sportif : la colère compétitive et l'acceptation de l'utilisation de l'agression.
L'échelle comprend 12 items notés sur une échelle de fréquence de 1 (presque jamais) à 5 (presque toujours), répartis en deux sous-échelles de 6 items chacune.
Cette structure permet une analyse ciblée des attitudes et réactions émotionnelles des sportifs dans des contextes compétitifs.
La rumination de la colère a été mesurée à l’aide de la sous-échelle dédiée du Questionnaire sur l’Agression Déplacée (Denson, Pedersen et Miller, 2006) (7).
Cette sous-échelle comporte 10 items évaluant la fréquence des pensées de ruminations liées à la colère. Les participants ont répondu sur une échelle de 7 points, de 1 (extrêmement inhabituel pour moi) à 7 (extrêmement caractéristique pour moi).
Pour examiner l'effet du type de sport, deux groupes ont été constitués selon le niveau de contact physique :
Type de sport :
Âge des athlètes :
Les tests confirment des différences significatives dans ces dimensions, notamment pour la colère compétitive.
Les résultats confirment une relation positive entre la colère, l'agressivité, les comportements antisociaux (envers adversaires et coéquipiers) et la rumination de la colère.
Relations clés entre les variables de colère et de comportements antisociaux :
Régulation de la colère : un meilleur contrôle de la colère (interne et externe) est associé à une diminution des comportements agressifs et antisociaux.
Différences selon le type de sport : les athlètes des sports à faible ou modéré contact montrent davantage de colère compétitive et de rumination, mais contrôlent mieux leurs comportements
agressifs que ceux des sports à contact élevé.
Les psychologues du sport disposent d’outils efficaces pour réduire l’agressivité dans des contextes compétitifs :
Ces résultats soulignent l’importance de la rumination de la colère et de la provocation comme processus centraux, nécessitant davantage d’études pour développer des interventions ciblées dans le sport.
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Sources :
(1) Unveiling anger and aggression in sports : The efects of type of sport, competitive category and success level. Rui Sofa and José Fernando A. Cruz. Research Center of Psychology, School of
Psychology, University of Minho, Portugal
https://www.researchgate.net/publication/322927725_Unveiling_anger_and_aggression_in_sports_The_effects_of_type_of_sport_competitive_category_and_success_level
(2) Maxwell, J. P., and Moores, E. (2007). The development of a short scale measuring aggressiveness and anger in competitive athletes. Psychology of Sport and Exercise, 8, 179–193
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1469029206000252
(3) https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/1928936/
(4) Kavussanu, M., Stanger, N., and Boardley, I. D. (2013). The Prosocial and Antisocial Behaviour in Sport Scale: Further evidence for construct validity and reliability. Journal of Sports
Sciences, 31, 1208-1221
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23472827/
(5) The Prosocial and Antisocial Behavior in Sport Scale Maria Kavussanu, Ian D Boardley.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19325190/
(6) Maxwell, J. P., and Moores, E. (2007). The development of a short scale measuring aggressiveness and anger in competitive athletes. Psychology of Sport and Exercise, 8, 179–193
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1469029206000252
(7) The development of a short scale measuring aggressiveness and anger in competitive athletes. J.P. Maxwell, E. Moores.
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1469029206000252