07/12/2024

Quel est l'impact du stress sur la mémoire des gestes de défense ?

Quel est l'impact du stress sur la mémoire des gestes de défense ?

Le stress ralentit l'activité et vient altérer la prise de décision, la restitution des gestes, la concentration et la planification d’une défense efficace.

Il est reconnu comme un modulateur complexe et puissant des mécanismes d'apprentissage et de mémoire, affectant ces fonctions de manière variable selon le contexte.

L’impact peuvent être soit facilitateurs, soit perturbateurs, voire parfois neutres, en fonction de divers facteurs, ce qui conduit à une complexité difficile à expliquer avec un cadre théorique unique.

Cette étude (1) se penche sur la littérature existante en explorant cinq facteurs clés pour classer et analyser l’impact du stress sur la mémoire.

  • Source du stress : le stress peut provenir de sources internes (un défi cognitif ou émotionnel perçu) ou externes (conditions environnementales ou physiques indépendantes des tâches cognitives). Ces sources influencent différemment les types de mémoire et les processus cognitifs.
  • Durée du stress : il peut être aigu (brève exposition intense) ou chronique (exposition prolongée), avec des impacts distincts sur la plasticité cérébrale et les performances mnésiques.
  • Intensité du stress : les niveaux de stress faible, modéré ou élevé déterminent également l’effet sur la mémoire, où un stress modéré peut parfois être bénéfique tandis qu’un stress trop élevé devient délétère.
  • Moment du stress : la temporalité par rapport aux phases de mémoire (encodage, consolidation ou rappel) joue un rôle crucial dans son effet. Par exemple, un stress subi avant ou pendant l'encodage peut perturber les processus d’apprentissage explicite, alors qu’un stress survenant après l’encodage pourrait consolider certains types de souvenirs émotionnels.
  • Type d’apprentissage : le stress affecte différemment divers systèmes de mémoire, notamment la mémoire implicite (conditionnement pavlovien) et explicite (spatiale ou déclarative).

Principaux résultats sur les gestes de défense

L'étude met en évidence :

  • Le conditionnement pavlovien de gestes simples : les niveaux de stress élevés, qu'ils soient intrinsèques ou extrinsèques, tendent à renforcer les associations conditionnées. Cet effet est décrit comme linéaire-asymptotique, c’est-à-dire qu’au-delà d’un certain seuil, une augmentation supplémentaire de stress ne produit pas d’amélioration significative.
  • Une mémoire spatiale et explicite : ces types de mémoire sont plus sensibles au stress.
  • Dans le cas du stress intrinsèque, les performances suivent une courbe en U inversé : des niveaux modérés améliorent les performances, tandis que des niveaux faibles ou élevés les altèrent. Cette relation souligne une sensibilité particulière de l'hippocampe, région essentielle pour ces types de mémoire.

Un modèle intégratif

L’étude argue que ces cinq facteurs doivent être combinés pour développer un modèle intégratif capable de prévoir les effets du stress sur les processus mnésiques.

La complexité des interactions entre ces variables explique pourquoi les tentatives antérieures, se limitant souvent à un ou deux critères de classification, n’ont pas réussi à rendre compte de la diversité des effets observés.

Les mécanismes neurobiologiques sous-jacents de l’impact du stress

Une compréhension approfondie des mécanismes biologiques éclaire pourquoi le stress agit différemment selon les contextes. Les glucocorticoïdes, hormones libérées en réponse au stress, jouent un rôle central.

Ces hormones peuvent faciliter ou perturber la mémoire selon leur concentration, la durée de leur action et les régions cérébrales ciblées.

À des niveaux modérés, elles renforcent la consolidation des souvenirs émotionnels en agissant principalement sur l’amygdale.

Cependant, à des niveaux élevés ou prolongés, elles nuisent aux fonctions hippocampiques, entraînant des difficultés dans le traitement de la mémoire spatiale et explicite.

Les régions cérébrales impliquées

  • L’hippocampe : crucial pour la mémoire explicite et spatiale, il est particulièrement vulnérable au stress chronique ou intense, ce qui peut perturber les circuits nécessaires à ces types de mémoire.
  • L’amygdale : cette structure est essentielle pour la mémoire émotionnelle et joue un rôle clé dans l’effet facilitateur du stress sur le conditionnement pavlovien.
  • Le cortex préfrontal : responsable des fonctions exécutives et du traitement de la mémoire de travail, cette région subit des perturbations sous l'effet d'un stress prolongé, entraînant des déficits cognitifs.

Implications et perspectives

Ce travail souligne l’importance d’intégrer les multiples dimensions du stress pour comprendre son impact sur la mémoire.

Il montre aussi que les réponses du cerveau au stress ne sont pas uniformes mais dépendent des contextes et des conditions spécifiques.

À terme, ce modèle pourrait contribuer à développer des interventions pour atténuer les effets négatifs du stress, notamment en ciblant les mécanismes hormonaux ou les circuits cérébraux impliqués, tout en exploitant son potentiel facilitateur dans certains contextes d’apprentissage ou de mémoire émotionnelle.


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Sources :

(1) Stress and Memory: Behavioral Effects and Neurobiological Mechanisms
Carmen Sandi, M. Teresa Pinelo-Nava
https://www.researchgate.net/publication/5788230_Sandi_C_Pinelo-Nava_MT_Stress_and_memory_behavioral_effects_and_neurobiological_mechanisms_Neural_Plast_2007_78970
- Stress and cognitive function. Bruce S McEwen, Robert M Sapolsky
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/095943889580028X?via%3Dihub
- Stress and cognition: are corticosteroids good or bad guys ? E. Ron de Kloet, Melly S. Oitzl. Marian Joëls
https://www.cell.com/trends/neurosciences/abstract/S0166-2236(99)01438-1?_returnURL=https%3A%2F%2Flinkinghub.elsevier.com%2Fretrieve%2Fpii%2FS0166223699014381%3Fshowall%3Dtrue