24/12/2024

Quel art martial est pratiqué avec un bâton ?

Les arts martiaux au bâton en Europe ont une longue tradition qui s'étend du moyen-âge aux pratiques modernes et n’ont pas à rougir face aux pratiques exotiques.

Utilisé à la fois comme arme de guerre, outil d'autodéfense, et instrument d'entraînement, le bâton a joué un rôle central dans les cultures européennes.

Les premiers récits de combat au bâton remontent à la Grèce antique et à la Rome antique (baktéria ou rhabdos) (**) .

Les soldats et les citoyens s'entraînaient avec des bâtons en bois pour imiter les mouvements des lances et des épées. Le bâton servait d'arme de secours lorsque les armes principales étaient perdues ou brisées.

Tous ces arts martiaux montrent à quel point le bâton est une arme universelle, versatile et adaptée à différentes stratégies de combat. Chaque style possède une philosophie unique, reflétant la culture et l'histoire de sa région d'origine.

Moyen Âge : l'ère chevaleresque des bâtons

Au moyen-âge, les chevaliers européens utilisaient des bâtons pour l'entraînement aux armes longues (comme les lances et les épées).

Les paysans et les roturiers utilisaient le bâton comme arme d'autodéfense en période de troubles, notamment parce qu'il ne nécessitait pas de licence ni d'autorisation (*). Les tournois médiévaux incluaient parfois des combats au bâton comme épreuve de force et d'habileté.

Les manuscrits médiévaux de combat comme ceux de Hans Talhoffer (1) décrivent des techniques de combat au bâton.

Techniques et philosophie européenne du combat au bâton

Les combattants européens utilisent souvent le bâton pour maintenir une distance de sécurité avec leur adversaire. Les techniques varient entre les frappes longues, les blocages solides et les esquives rapides.

Le bâton a souvent été considéré comme l'arme du paysan ou du citoyen ordinaire, en raison de sa simplicité et de son accessibilité.

Les styles modernes comme le bâton français ou la canne de combat mettent l'accent sur la précision des frappes et la fluidité des mouvements.

L’héritage du combat au bâton en Europe

Le bâton français (2).

Origine : France, XIXe siècle.

Arme : bâton long léger.

Techniques : frappe rapide, esquive et précision.

La canne de Combat (3).

Origine : France.

Arme : Canne légère.

Techniques : frappe, blocages, mobilité élevée.

Le Jogo do Pau (7).

Origine : Portugal.

Arme : bâton long.

Techniques : techniques de duel et de défense collective.

Le combat au bâton italien

Il existe plusieurs styles distincts selon des variantes régionales :

Bâton sicilien (liu-bo) : un art martial ancien pratiqué par les bergers pour se défendre contre les brigands (4).

Bâton génois : utilise un bâton court d'environ 90 cm ou long de 120-130 cm, généralement en rotin pour éviter les échardes.

Bâton apulien: similaire au style sicilien, mais avec une arme plus longue (environ 120 cm) et plus lourde.

Bâton napolitain : appelé « verra » (6), il utilise un bâton de 160 cm de long et de 4 à 5 cm de large, souvent en châtaignier. Cet art aurait émergé pour se défendre contre les invasions sarrasines.

Le Bataireacht (5).

Origine : Irlande.

Arme : le shillelagh (ou canne irlandaise), un bâton de 90 à 120 cm généralement fait de prunellier, de houx, de chêne ou de frêne.

Techniques : le Bataireacht peut être pratiqué comme une canne ou un bâton, à une ou deux mains, permettant une efficacité à longue et courte distance. Il combine des techniques de bâton avec des percussions des membres, des coups de tête et de la lutte debout et au sol.

Afrique et combat au bâton

Nguni Stick Fighting (8).

Pratiqué par les peuples Nguni (principalement les Zoulous, Xhosa et Swazis). Historiquement, les guerriers zoulous utilisaient le bâton pour s'entraîner avant de manier la lance (assegai).

Traditionnellement, les jeunes garçons pratiquaient cette forme de combat pour développer leur force, agilité et bravoure.

Origine : Afrique du Sud.

Arme : deux bâtons, un pour attaquer, un pour se protéger.

Techniques : esquives, frappes et contrôle de l'adversaire.

Donga (9).

Pratiqué par la tribu Suri, située dans la vallée de l'Omo (9), au sud-ouest de l'Éthiopie. Le combat au bâton (Donga) est un rite de passage pour les jeunes hommes avant le mariage. Ces duels servent à démontrer la bravoure, la force et l'endurance.

Origine : Éthiopie (tribu Suri).

Arme : bâton long robuste.

Techniques : frappes puissantes et défensives.

Inde : une tradition millénaire du bâton

Silambam (10).

Pratiqué par la tribu Suri, située dans la vallée de l'Omo, au sud-ouest de l'Éthiopie. Le combat au bâton (Donga) est un rite de passage pour les Le Silambam remonte à plus de 2000 ans, avec des références trouvées dans les textes anciens comme le Sangam (littérature tamoule).

Il est dit que le sage Agastya Muni, un rishi légendaire, aurait codifié cet art martial.
Initialement pratiqué par les guerriers et les villageois pour l'autodéfense et la protection des communautés locales.

Origine : art martial traditionnel du Tamil Nadu.

Arme : bâton long en rotin flexible d'environ 1,5 à 2 mètres de long.

Techniques : des mouvements fluides, des frappes circulaires et une défense dynamique.

Philosophie : développer l'agilité et la précision.

Kalaripayattu (11).

Le Kalaripayattu remonte à environ 3 000 ans, avec des références trouvées dans les anciens textes hindous comme le Dhanurveda. Historiquement, le Kalaripayattu était pratiqué par les guerriers Nair du Kerala pour le combat et la protection des royaumes locaux.

Il est souvent associé au sage Parashurama (12), considéré comme le créateur mythologique du Kerala et du Kalaripayattu.

Origine : il serait l'un des plus anciens arts martiaux du monde.

Arme : bâtons longs et courts.

Techniques : combinaison de frappes acrobatiques, désarmement et mobilité accrue.

Philosophie : fusion du physique, du mental et du spirituel.

La Chine et les styles traditionnels du bâton

Gunshu (13).

Origine : héritage ancien des arts martiaux chinois.

Arme : Gun (bâton long, environ 1,80 m, souvent en bambou).

Techniques : des frappes rapides, des mouvements acrobatiques et balayages au sol.

Philosophie : le bâton est souvent considéré comme le « père de toutes les armes ».

Shaolin Gun (14).

Origine : temple Shaolin, symbole des arts martiaux chinois.

Arme : Gun (bâton long).

Techniques : fluidité, vitesse, attaques en rafale et postures solides.

Philosophie : Harmonie entre le corps, l'esprit et le bâton.

Corée et techniques de combat au bâton

Jang Bong (15).

Origine : partie intégrante de l'Hapkido.

Arme : Jang Bong (bâton long).

Techniques : Frappe, désarmement, blocage et projections.

Philosophie : L'accent est mis sur la flexibilité et l'utilisation efficace du bâton.

Dan Bong (16).

Origine : également du de l'Hapkido.

Arme : Dan Bong (bâton court, environ 30 à 45 cm).

Techniques : immobilisation, contrôle des articulations, frappes rapides.

Philosophie : utilisation du petit bâton comme extension du bras.

Japon : les arts du bâton traditionnels

Chorégraphies de combat : l'art du bâton codifié japonais a influencé largement les scènes de combat dans les films d'action, les séries télévisées et les performances artistiques.

Ils sont souvent intégrés dans les spectacles de danse et les arts du cirque.

Bōjutsu (17).

Origine : art martial japonais ancien, souvent associé aux samouraïs et au Kobudō.

Arme : Bō (bâton long, environ 1,80 m).

Techniques : frappe, blocage, balayage, poussée et contrôle de l'adversaire.

Philosophie : L'accent est mis sur la fluidité des mouvements et la précision.

Style célèbre : Tenshin Shōden Katori Shintō-ryū, une ancienne école samouraï.

Jōjutsu/Jōdō (18).

Origine : développé par Musō Gonnosuke, qui aurait vaincu Miyamoto Musashi grâce au jō.

Arme : Jō (bâton moyen, d’environ 1,20 m et 5 cm de large).

Techniques : techniques variées incluant des frappes précises, des blocages, et des mouvements circulaires.

Philosophie : utilisation du bâton pour contrôler sans nécessairement tuer.

Style célèbre : Shintō Musō-ryū (19).

Hanbōjutsu (20).

Origine : utilisé par les samouraïs comme arme de secours.

Arme : Hanbō (bâton court, environ 90 cm).

Techniques : combinaison de frappes rapides, désarmements, et projections.

Philosophie : pratique de self défense contre des adversaires armés.

Kobudō d'Okinawa (21).

Le tonfa restera à tout jamais une arme emblématique du Kobudo d'Okinawa (22). Le tonfa moderne, souvent en polycarbonate ou en métal léger, est utilisé par les polices, gendarmes et forces de sécurité du monde entier avec les conséquences dévastatrices qui en découlent.

Origine : né à Okinawa en réaction aux interdictions d'armes imposées par les envahisseurs japonais.

Arme : Bō, parfois le Tambo (bâton plus court).

Techniques : combinaison de frappes rapides, blocages solides et manipulation circulaire.

Philosophie : faire d'une arme simple une extension du corps.

Conclusion

L'histoire du combat au bâton en Europe témoigne d'une adaptabilité remarquable. D'une arme de guerre et d'autodéfense, il est devenu un art martial structuré, puis un sport élégant et stratégique.

Aujourd'hui, il survit comme un patrimoine culturel riche et dynamique, reflétant l'ingéniosité et la créativité des combattants européens à travers les âges.

Quelles sont les causes de l'agressivité et de la rage humaine ? L'agressivité et de la rage humaine résultent de causes multiples, incluant des facteurs culturels, environnementaux...

Est ce que le trouble de la personnalité agressif existe vraiment ? Le trouble de la personnalité agressif a pour origine le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux...

Sources :

(**) https://books.openedition.org/pur/6225?lang=fr
(*) - https://shs.cairn.info/revue-historique-2014-3-page-547?lang=fr
- https://journals.openedition.org/abpo/3121?lang=en
- https://books.openedition.org/irhis/1149
(1) https://www.dicopathe.com/les-curieux-manuscrits-du-maitre-darme-talhofer/
(2) https://www.batoncanne.com/baton-francais/le-baton-francais-ecole-asca/
(3) https://cnccb.net/
(4) https://fr.wikipedia.org/wiki/Liu-bo
(5) https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataireacht