26/04/2025

Qu'est-ce que la self-défense féminine « difā'a 'an al-nafs » ?

Qu'est-ce que la self-défense féminine « difā'a 'an al-nafs » ?

La self-défense féminine, connue dans le monde arabe sous le nom de « difā'a 'an al-nafs » (littéralement « défense de soi-même »), représente bien plus qu'un simple ensemble de techniques de combat.

Cette pratique, qui s'est particulièrement développée dans des pays comme l'Égypte, offre aux femmes des outils concrets pour assurer leur sécurité tout en contribuant à une transformation sociale profonde.

Face à l'augmentation des préoccupations concernant la sécurité personnelle, de nombreuses femmes se tournent vers ces cours d'autodéfense spécialement conçus pour répondre à leurs besoins spécifiques et leur permettre de reprendre confiance dans l'espace public.

Origines et contexte de la self-défense féminine « difā'a 'an al-nafs »

Signification et traduction de l'expression arabe

L'expression « difā'a 'an al-nafs » provient de l'arabe où « difā'a » signifie « défense » et « nafs » fait référence au « soi » ou à « l'âme ».

Cette terminologie reflète une conception holistique de l'autodéfense, qui ne se limite pas à la protection physique mais englobe également la préservation de l'intégrité psychologique et sociale de la personne.

Cette vision rejoint la philosophie moderne de la self-défense féminine qui vise à renforcer les femmes dans toutes les dimensions de leur être.

Développement historique en Égypte et dans le monde arabe

En Égypte, la popularité des cours de self-défense féminine a connu une croissance significative suite à la révolution de 2011.

Ce mouvement s'inscrit dans un contexte social marqué par les préoccupations croissantes concernant le harcèlement sexuel dans l'espace public.

Le film égyptien « 678 » sorti en 2010 avait d'ailleurs préfiguré cette tendance en imaginant des femmes cairotes qui décidaient de ne plus tolérer ces comportements.

Cette pratique s'est rapidement développée dans les quartiers favorisés du Caire, avant de s'étendre à d'autres zones urbaines et pays de la région.

Elle représente une réponse directe aux défis de sécurité rencontrés par les femmes et témoigne d'un désir d'autonomisation face aux structures sociales traditionnelles.

Les principes fondamentaux de l'autodéfense pour femmes

Techniques et approches pédagogiques

La self-défense féminine « difā'a 'an al-nafs » intègre diverses influences d'arts martiaux traditionnels et de techniques de combat modernes.

Parmi les disciplines qui nourrissent cette pratique, on retrouve notamment :

  • Le Kung Fu.
  • Le Karaté.
  • Le Judo.
  • L'Aïkido.
  • Et la Boxe.

Cependant, contrairement aux arts martiaux classiques, cette autodéfense pour femmes se concentre sur des applications pratiques et immédiates plutôt que sur la maîtrise technique à long terme.

L'enseignement est structuré autour de scénarios concrets :

  • Comment réagir face à une saisie de bras.
  • Comment se défendre contre une attaque à l'arme blanche.
  • Ou encore, comment neutraliser un agresseur.

Les participantes apprennent à cibler stratégiquement les zones vulnérables du corps humain pour maximiser l'efficacité de leur défense malgré les potentielles différences de force physique.

Philosophie et mentalité derrière cette pratique

Au-delà des techniques physiques, la self-défense féminine repose sur une philosophie d'émancipation et de responsabilisation.

L'objectif n'est pas de promouvoir la violence mais d'offrir aux femmes les moyens de se protéger lorsque cela devient nécessaire.

Cette approche remet en question le paradigme traditionnel où la protection des femmes relève exclusivement de la responsabilité masculine ou institutionnelle.

La pratique encourage également le développement d'une conscience corporelle et spatiale, ainsi qu'une attitude d'assurance qui peut avoir un effet dissuasif sur les potentiels agresseurs.

Elle légitime l'idée que les femmes peuvent exercer une force physique défensive lorsque les circonstances l'exigent.

Bénéfices de la self-défense féminine au-delà de la protection

Renforcement de la confiance en soi

L'un des avantages les plus significatifs de la pratique de l'autodéfense pour femmes réside dans l'impact psychologique positif qu'elle génère.

Les participantes développent une confiance accrue en leurs capacités à réagir face à des situations menaçantes, ce qui se traduit par une présence plus affirmée dans l'espace public.

Cette assurance nouvellement acquise se manifeste également dans d'autres aspects de leur vie quotidienne.

Les instructrices témoignent régulièrement de transformations remarquables chez leurs élèves, qui passent parfois d'une attitude craintive à une posture d'assurance en quelques semaines seulement.

 

Comme l'exprime clairement une instructrice égyptienne, la self-défense procure « de grands avantages psychologiques et sociaux » qui dépassent largement le cadre de la simple protection physique.

Impact social et émancipation

Sur le plan social, la self-défense féminine représente un vecteur d'émancipation collective.

En apprenant à se défendre physiquement, les femmes ne cherchent pas uniquement à assurer leur sécurité individuelle, mais contribuent également à un changement social plus profond.

Dans le contexte égyptien post-révolutionnaire, ces pratiques participent activement à la redéfinition des rapports de genre.

Les cours de « difā'a 'an al-nafs » permettent aux femmes d'explorer de nouvelles façons "d'être une femme" qui remettent en question les modèles conventionnels de féminité.

Cette dimension transgressive fait de la self-défense féminine un acte à la fois personnel et politique, qui s'inscrit dans une dynamique plus large de revendication du droit à occuper l'espace public sans crainte.

Comment se déroulent les cours de self-défense femme

Structure typique d'un cours

Les cours de self-défense féminine suivent généralement une structure progressive qui permet aux participantes d'acquérir des compétences de manière systématique.

Une séance typique commence par un échauffement physique suivi d'exercices techniques spécifiques.

Les instructeurs démontrent ensuite des séquences de mouvements défensifs que les participantes pratiquent entre elles sous supervision.

Dans les académies spécialisées comme celles du Caire, les sessions durent généralement entre une et deux heures, avec des fréquences variables selon les formules choisies.

Certains centres, comme El Sawy Culture Wheel, proposent des cours hebdomadaires exclusivement réservés aux femmes, créant ainsi un environnement sécurisant propice à l'apprentissage.

Accessibilité et prérequis

L'un des aspects les plus importants de ces formations est qu'elles ne nécessitent pas de condition physique particulière ou d'expérience préalable en sport de combat.

Comme l'explique un instructeur spécialisé cité dans le document : « L'autodéfense n'est pas un sport en soi comme les autres sports de combat et ne nécessite pas une personne sportive ou très en forme pour l'apprendre ».

Cette accessibilité représente un atout majeur qui permet à des femmes de tous âges et de toutes conditions physiques de s'initier à ces pratiques.

Les tarifs varient selon les centres et les régions, mais au Caire, les prix d'inscription se situent généralement entre 250 et 300 livres égyptiennes (environ 8 € par cour ou cycle de formation), ce qui contribue à démocratiser l'accès à ces enseignements.

Se défendre quand on est une femme : conseils pratiques

Techniques de base accessibles à toutes

La self-défense féminine enseigne plusieurs techniques fondamentales que toute femme peut apprendre rapidement. Parmi celles-ci figurent l'identification des « zones handicapantes » du corps humain, comme les yeux, le nez, la gorge, l'estomac et les articulations.

Ces points vulnérables peuvent être ciblés même par une personne disposant d'une force physique modérée.

D'autres techniques essentielles incluent la manière de se dégager d'une emprise, l'utilisation de la voix comme outil de dissuasion, et l'exploitation de l'effet de surprise.

Ces compétences pratiques sont enseignées de manière répétitive jusqu'à ce qu'elles deviennent des réflexes, permettant une réaction rapide et efficace en situation de stress.

La préparation mentale et psychologique

Au-delà des aspects techniques, la préparation mentale constitue un élément crucial de l'autodéfense pour femmes.

Les participantes apprennent à reconnaître et à surmonter les barrières psychologiques qui pourraient les empêcher de se défendre efficacement en situation réelle.

Cela implique notamment de travailler sur la peur paralysante et d'acquérir la capacité à prendre des décisions rapides sous pression.

Les instructrices comme Lina Khalifa, titulaire d'une ceinture noire en taekwondo et fondatrice d'une salle dédiée à la formation des femmes au Caire, mettent l'accent sur cette dimension psychologique.

Ayant formé environ 3500 femmes en quatre ans, elle témoigne de l'importance d'une approche holistique qui intègre préparation physique et mentale.

Conclusion

Ce type de self-défense féminine représente bien plus qu'une simple méthode de protection physique.

À l'intersection du sport, de l'activisme et de la transformation sociale, cette pratique offre aux femmes des outils concrets pour faire face aux situations de danger tout en contribuant à une redéfinition plus large des rapports de genre.

En Égypte comme ailleurs, ces cours permettent aux participantes de développer une confiance en soi renouvelée et d'occuper l'espace public avec plus d'assurance.

L'accessibilité de ces techniques à des femmes de tous âges et conditions physiques constitue un atout majeur qui démocratise l'accès à ces savoirs essentiels.

Face aux défis sécuritaires contemporains, la self-défense féminine apparaît comme une réponse pragmatique qui allie efficacité immédiate et impact social durable.

Son développement témoigne d'une évolution des mentalités où les femmes ne sont plus considérées uniquement comme des personnes à protéger, mais comme des individus capables d'assurer leur propre sécurité et de contribuer activement à la construction d'une société plus égalitaire.


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