Pourquoi la violence n'est pas le moyen d’apprendre à se défendre

L’exposition à la violence ne modifie pas bénéfiquement notre capacité d’apprendre qui est susceptible de nous agressé, mais elle nuit au contraire à la capacité de faire confiance aux bonnes personnes.

A l’avenir, apprendre comment survivre dans un combat de rue va devenir une sport comme un autre. Dans les zones urbaines, plus de 80 % des jeunes ont été victimes de violences, ce qui affecte profondément leur santé mentale et leur bien-être global.

L'exposition à la violence est liée à de nombreux effets négatifs, notamment des troubles de santé mentale et une plus grande propension à adopter des comportements violents.

Cependant, peu de recherches s'intéressent aux processus cognitifs sous-jacents qui sont affectés par ces expériences.

L'exposition à la violence et les décisions sociales

Une étude menée sur 119 hommes incarcérés dans des prisons de l'état du Connecticut a permis d'évaluer comment l'exposition à la violence modifie les processus décisionnels sociaux.

Les participants devaient analyser le comportement de deux inconnus dans un dilemme moral : infliger des décharges électriques contre de l'argent.

L’un des inconnus refusait systématiquement de faire du mal pour de l'argent (le « bon »), tandis que l’autre choisissait de maximiser ses profits sans se soucier des conséquences (le « mauvais »).

Malgré leur capacité à reconnaître les comportements éthiques, les participants fortement exposés à la violence faisaient paradoxalement moins confiance au « bon » inconnu que ceux moins exposés à la violence.

Perturbation de la confiance et ses conséquences

Cette étude a révélé que l'exposition à la violence altère la capacité des individus à faire confiance aux personnes qui agissent de manière morale, même s'ils savent que ces dernières prennent de meilleures décisions.

Cette altération cognitive affecte les relations sociales des individus, les rendant plus enclins à former des liens problématiques et à commettre davantage d'infractions disciplinaires en milieu carcéral.

Les effets à long terme sur la stabilité sociale et économique

Cette incapacité à évaluer correctement à qui faire confiance peut avoir des répercussions profondes sur la stabilité psychosociale et économique des personnes exposées à la violence.

Cela limite leur capacité à établir des relations saines et à se développer socialement. En somme, la violence n'est pas seulement un facteur de risque immédiat, mais elle compromet aussi la capacité à apprendre les compétences sociales nécessaires pour naviguer dans la vie de manière positive et stable.

Apprendre à se défendre sans violence ?

Face à cette réalité, il devient essentiel de comprendre que l'apprentissage de l'autodéfense doit être déconnecté de l'exposition à la violence.

Plutôt que d'encourager des réponses violentes dans des vidéos de self défense qui ne servent à rien, l'éducation à la défense personnelle doit promouvoir des stratégies de prévention, de communication et de gestion des conflits, permettant aux individus d'interagir avec les autres de manière constructive, sans perpétuer les schémas de violence auxquels ils ont été exposés.

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Sources :

- Exposure to violence affects the development of moral impressions and trust behavior in incarcerated males. Jenifer Z. Siegel, Suzanne Estrada, Molly J. Crockett & Arielle Baskin-Sommers
https://www.nature.com/articles/s41467-019-09962-9
- Arielle Baskin-Sommers
https://psychology.yale.edu/people/arielle-baskin-sommers
- Prevalence of Childhood Exposure to Violence, Crime, and AbuseResults From the National Survey of Children’s Exposure to Violence David Finkelhor, Heather A. Turner,Anne Shattuck,
https://jamanetwork.com/journals/jamapediatrics/fullarticle/2344705