23/06/2024

Pourquoi dit-on que les hommes sont plus violents que les femmes ?

Pourquoi dit-on que les hommes sont plus violents que les femmes ?

L'idée que les hommes sont plus agressifs que les femmes est une croyance bien établi en psychologie et dans les sciences sociales.

 

Dans les années 1970, les psychologues Carol Jacklin et Eleanor Maccoby de l'Université de Stanford (1) ont publié un ouvrage influent affirmant que les différences entre les sexes étaient faibles pour la plupart des traits psychologiques, sauf pour l'agressivité où elles étaient significatives.

 

Ce dogme a persisté. Les recherches récentes confirment largement leurs conclusions, mais même si la dynamique de violence  envers les femmes femmes est un fait, cela révèlent également que les femmes peuvent être tout aussi agressives que les hommes, bien que moins dangereuses. 

 

En 1995, le psychologue américain David Lykken (6) a estimé que si tous les hommes âgés de 12 à 28 ans étaient congelés par magie, deux crimes sur trois seraient évités. Les données corroboraient cette estimation à l'époque.

 

Il affirmait qu'aux États-Unis, près de 90 % des meurtres sont commis par des hommes. Depuis cette affirmation est plus que discutable, selon les statistiques (10).

 

Dans tous les pays étudiés, les hommes commettent plus de meurtres que les femmes, comme l'a rapporté la psychologue Anne Campbell de l'Université de Durham (7) en 1999.

 

De plus, diverses études montrent que, hormis la violence criminelle, les hommes commettent plus d'agressions physiques que les femmes, et ces agressions sont généralement plus violentes, sauf dans le cas de la violence conjugale, où la situation est souvent inversée.

Quelle est l'influence sur le comportement agressif  des facteurs biologiques et hormonaux ?

Les hommes ont également tendance à avoir plus de fantasmes violents, voire meurtriers (11), et pensent plus souvent à se venger de leurs ennemis. Cependant, des études montrent que les femmes se mettent en colère aussi fréquemment que les hommes et n'hésitent pas à se battre.

 

Au lieu d'exprimer leur colère avec leurs poings, les femmes utilisent souvent ce que le psychologue américain Nicki Crick a appelé en 1995 l'agression relationnelle (8).

 

Cette forme plus subtile de manipulation sociale et de harcèlement moral est particulièrement pratiquée par les femmes envers d'autres femmes. Elle consiste à répandre des rumeurs, à se moquer ouvertement de l'apparence des victimes, et à les exclure des activités sociales.

 

Les femmes peuvent choisir ces tactiques car elles ne sont pas éduquées pour exprimer leur hostilité ouvertement et parce que leur force physique est relativement moindre, rendant la violence psychologique plus efficace et moins risquée.

Comment l’influence des normes socioculturelle façonnent-elles la violence ?

Cependant, les filles ne monopolisent pas les agressions relationnelles. Une méta-analyse de 2008 par le psychologue Noel Card et ses collègues de l'Université de l'Arizona (2) a montré que ces agressions sont aussi fréquentes chez les filles que chez les garçons pendant l'enfance et l'adolescence.

 

D'autres recherches suggèrent que cette situation perdure jusqu'à l'âge adulte. Il existe un domaine où les femmes sont tout aussi susceptibles que les hommes d'exprimer physiquement leur agressivité : les relations amoureuses. 

 

Le stéréotype de la violence conjugale est celui où un homme bat et maltraite sa compagne. En France, une femme meurt tous les trois jours (3) sous les coups de son compagnon.

 

Cependant, des travaux de John Archer et du sociologue Murray Straus (4) de l'Université du New Hampshire remettent en question ce scénario, montrant que les femmes sont presque aussi violentes que les hommes dans un couple.

 

Certaines études indiquent même que les femmes sont responsables de plus d'agressions physiques. Cela ne signifie pas seulement que les femmes ripostent parfois lorsqu'elles sont maltraitées, mais indique aussi qu'elles déclenchent des violences.

 

Néanmoins, la violence conjugale représente une menace plus grande pour les femmes que pour les hommes, car les hommes sont généralement plus forts physiquement et leurs coups sont plus graves.

 

Les femmes griffent ou giflent leur partenaire, tandis que les hommes frappent ou étranglent leur compagne.

Les différences de comportement entre les sexes et les facteurs biologiques

Les facteurs biologiques contribuent également aux différences de comportement violent entre les sexes. Une étude de 2007 par le psychologue Raymond Baillargeon et ses collègues de l'Université de Montréal (5) a montré que dès l'âge de 17 mois, cinq pour cent des garçons et un pour cent des filles donnent des coups de pied et mordent. 

 

Cette différence n'augmente pas entre 17 et 29 mois, ce qui suggère que des facteurs biologiques, comme les effets de la testostérone sur le cerveau, jouent un rôle. 

 

Cette hypothèse est soutenue par le fait que les mâles sont le sexe le plus belliqueux dans la majorité des espèces de mammifères.

 

Même l'exception de la hyène tachetée, où les femelles sont plus agressives que les mâles, confirme cette règle, car elles ont des concentrations de testostérone plus élevées (9).


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Sources :

 

(1) Sex differences in aggression in real-world settings : a meta-analytic review, in Rev. of Gen. Psy.,

vol. 8, pp. 291-322, 2004.

https://www.jstor.org/stable/1129535

(2) Direct and indirect aggression during childhood and adolescence: a meta-analytic review of gender differences, intercorrelations, and relations to maladjustment

Noel A Card, Brian D Stucky, Gita M Sawalani, Todd D Little

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18826521/

(3) Violences conjugales : quel rôle pour les professionnels de santé ?

https://www.has-sante.fr/jcms/p_3109457/fr/violences-conjugales-quel-role-pour-les-professionnels-de-sante

(4) Dominance and symmetry in partner violence by male and female university students in 32 nations

John Archer, Murray Straus

https://commons.wikimannia.org/images/Dominance_and_Symmetry_in_Partner_Violence_by_Male_and_Female_University_Students_in_32_Nations.pdf

(5) Gender Differences in Physical Aggression : A Prospective Population-based Survey of Children Before and After Two Years of Age. Raymond H. Baillargeon 

https://ruor.uottawa.ca/server/api/core/bitstreams/d64f7e13-9bf2-44dd-8e25-6ef43db33917/content

(6) The Antisocial Personalities. David T. Lykken

https://www.taylorfrancis.com/books/mono/10.4324/9780203763551/antisocial-personalities-david-lykken

(7) Female-Female Criminal Assault: An Evolutionary Perspective

https://www.researchgate.net/publication/249683869_Female-Female_Criminal_Assault_An_Evolutionary_Perspective

(8) Relational aggression, gender, and social-psychological adjustment N.R.Crick, J.K. Grotpeter

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/7789197/

(9) https://fr.wikipedia.org/wiki/Hy%C3%A8ne_tachet%C3%A9e

(10) Number of violent crime victims in the United States from 2005 to 2022, by gender

https://www.statista.com/statistics/423245/us-violent-crime-victims-by-gender/

Number of murder offenders in the United States in 2022, by gender

https://www.statista.com/statistics/251886/murder-offenders-in-the-us-by-gender/

(11) Masculinity Threat, “Incel” Traits, and Violent Fantasies Among Heterosexual Men in the United States. Maria N. Scaptura and Kaitlin M. Boyle

https://journals.sagepub.com/eprint/N9K2MSDIFCNKNYMDZEJC/full