09/08/2024
Les homicides tragiques et largement médiatisés perpétrés par des personnes atteintes de troubles psychiatriques ont souvent été utilisés pour argumenter que le système de soins de santé mentale en France a échoué.
Cependant, l'homicide demeure un acte rare chez les individus souffrant de maladies mentales.
Dans l'imaginaire collectif, le meurtre est souvent perçu comme l'acte d'une personne mentalement malade.
Bien qu'il soit possible de lier des troubles mentaux graves à des comportements dangereux pour la société, il est crucial de nuancer cette perception.
En réalité, la majorité des meurtriers ne souffrent pas de maladies mentales graves : 80 à 85 % des auteurs d'homicides en sont exempts.
L'objectif de cette recherche (1) était d'évaluer la prévalence des troubles mentaux chez les personnes condamnées pour homicide et d'examiner les relations entre ces définitions.
L'étude s'est concentrée sur les liens entre l'homicide et les troubles mentaux majeurs, en passant en revue des études épidémiologiques récentes sur le sujet.
Les recherches ont révélé une association entre les homicides et certains troubles mentaux, notamment certaines formes de schizophrénie, le trouble de la personnalité antisociale, ainsi que l'abus de drogues ou d'alcool.
Néanmoins, à quelques exceptions près, les meurtriers atteints de maladies mentales graves présentent des caractéristiques sociodémographiques similaires à tout autre meurtrier (2) :
Les raisons pour lesquelles certains patients atteints de troubles mentaux deviennent violents, tandis que d'autres non, restent encore mal comprises.
Les études sur les personnes condamnées pour homicide ont utilisé diverses définitions des troubles mentaux. Par exemple, selon la définition de Hodgins, seulement 15 % des meurtriers souffrent d'un trouble mental majeur, tel que la schizophrénie, la paranoïa ou le trouble bipolaire.
Les troubles mentaux doublent le risque de violence meurtrière chez les hommes et le multiplient par six chez les femmes.
La schizophrénie, par exemple, multiplie ce risque par six chez les hommes et par huit à dix chez les femmes. Lorsqu'elle est associée à l'alcoolisme, ce risque est encore plus élevé, surtout chez les hommes.
Il est cependant important de noter que tous les patients atteints de schizophrénie ne doivent pas être perçus comme violents, bien qu'il existe un sous-groupe mineur de patients présentant un risque de violence particulièrement élevé.
Cette augmentation du risque semble être liée à des formes paranoïaques de schizophrénie combinées à une toxicomanie.
La prévalence de la schizophrénie chez les auteurs d'homicides est d'environ 6 %, tandis que les troubles de la personnalité et l'abus ou la dépendance à l'alcool sont plus fréquents, avec des prévalences allant de 10 % à 38 % respectivement.
Les troubles présentant les plus grands risques sont l'abus ou la dépendance à l'alcool et le trouble de la personnalité antisociale, ce dernier augmentant le risque d'homicide de plus de 10 fois chez les hommes et de plus de 50 fois chez les femmes.
En revanche, les troubles affectifs, les troubles anxieux, la dysthymie et le retard mental n'augmentent pas le risque. Selon le DSM-IV (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) (3), 30 à 70 % des meurtriers présentent un trouble mental de grade I ou un trouble de la personnalité de grade II.
Il est cependant important de mentionner que de nombreuses études sur ce sujet ont souffert de faiblesses méthodologiques, en grande partie en raison de la difficulté à obtenir des groupes d'étude complets de délinquants impliqués dans des homicides.
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Sources :
(1) Risque d'homicide et troubles mentaux majeurs: un examen critique
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20004282/
(2) Homicide et maladie mentale grave : quelles sont les différences sociodémographiques, cliniques et criminologiques entre des meurtriers malades mentaux graves et ceux indemnes de troubles psychiatriques ? - 16/09/09 S. Richard-Devantoy, A.-S. Chocard, M.-C. Bourdel, B. Gohier, J.-P. Duflot, J.-P. Lhuillier, J.-B. Garré
https://www.em-consulte.com/article/225882/homicide-et-maladie-mentale-grave-quelles-sont-les
(3) https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_codes_DSM-IV
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- Homicide et troubles mentaux graves : étude comparative entre sujets souffrant de trouble délirant et de schizophrénie Marlène Juillard
https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01653718