18/11/2024

Pour mieux comprendre les origines de l’agressivité chez l’enfant, Paquin a analysé les comportements de 555 paires de jumeaux : 223 paires de jumeaux monozygotes (identiques) et 332 paires de jumeaux dizygotes (fraternels).

L’objectif était de déterminer dans quelle mesure les comportements agressifs proactifs (qui visent à dominer ou à obtenir un avantage personnel) et réactifs (réponses à des menaces perçues) sont influencés par la génétique ou l’environnement.

Les comportements des enfants ont été évalués à plusieurs reprises : à 6, 7, 9, 10 et 12 ans, à partir de rapports fournis par leurs enseignants.

Cette méthodologie a permis de dresser un portrait détaillé de l’évolution de l’agressivité chez les jeunes enfants et d’analyser les influences génétiques et environnementales.

Les résultats montrent qu’à l’âge de 6 ans, les comportements agressifs, qu’ils soient réactifs ou proactifs, partagent de nombreux facteurs génétiques.

Cependant, la plupart des enfants voient leur agressivité diminuer en vieillissant, ce qui suggère que l’environnement joue un rôle crucial dans l’évolution de ces comportements.

Entre 6 et 12 ans, l’agressivité semble être moins influencée par la génétique et davantage par des facteurs environnementaux tels que les interactions sociales, l’éducation et les expériences vécues.

Selon Paquin, « l’agressivité fait partie intégrante du développement social de l’enfant ». Les comportements agressifs sont particulièrement fréquents entre 2 et 4 ans, mais en grandissant, les enfants apprennent à mieux réguler leurs émotions et à interagir de manière plus constructive avec leurs pairs.

Cela leur permet de contrôler et de canaliser leurs impulsions agressives, qu’elles soient réactives ou proactives.

Les deux formes principales d’agressivité chez l’enfant : l’agressivité proactive et l’agressivité réactive.

• L’agressivité proactive (2) désigne les comportements agressifs utilisés pour obtenir un avantage personnel, comme dominer un autre enfant ou obtenir un bénéfice immédiat.

• L’agressivité réactive, quant à elle, est une réaction défensive à une menace perçue, souvent perçue comme une attaque ou une provocation.

Bien que certains enfants manifestent uniquement un type d’agressivité, ces deux formes sont souvent liées et peuvent coexister chez le même enfant. L’étude a montré que l’agressivité proactive et réactive partagent des origines génétiques similaires, mais que la manière dont elles se manifestent et évoluent dépend largement des influences sociales et environnementales.

Un aspect clé des résultats de l’étude est le rôle de la maturation cognitive dans la gestion de l’agressivité. À mesure que les enfants grandissent, leurs compétences cognitives, telles que la prise de décision, le contrôle des impulsions et la concentration, se développent.

Ces capacités influencent leur capacité à réguler leurs comportements, y compris leurs impulsions agressives.

Le processus de maturation génétique et cognitive semble être un facteur majeur qui influence les changements de comportement agressif entre 6 et 12 ans.

À cet âge, les enfants sont mieux équipés pour comprendre les conséquences de leurs actions, ce qui diminue généralement l’intensité de leurs comportements agressifs.

Les résultats de l’étude ont des implications directes pour les pratiques cliniques et les stratégies de prévention des comportements agressifs chez les enfants.

Selon Stephane Paquin, il est essentiel de développer des approches différenciées pour traiter l’agressivité réactive et proactive.

Pour l’agressivité réactive, il est important de réduire les expériences de victimisation et d’offrir un soutien émotionnel aux enfants qui se sentent menacés.

En revanche, pour l’agressivité proactive, les interventions devraient se concentrer sur le développement de valeurs prosociales, telles que l’empathie, la coopération et la résolution pacifique des conflits.

Cette étude offre un éclairage précieux sur les origines de l’agressivité chez l’enfant, montrant que, si les facteurs génétiques jouent un rôle important dans les premières années de vie, c’est l’environnement qui a le plus grand impact sur l’évolution de ces comportements.

Les enfants peuvent apprendre à maîtriser leur agressivité au fil du temps, grâce à l'influence de leur milieu familial, scolaire et social.

Les chercheurs peuvent maintenant se concentrer sur les facteurs sociaux spécifiques qui influencent les changements d’agressivité au cours de l’enfance.

Les stratégies de prévention doivent ainsi être adaptées à chaque type de comportement agressif, en prenant en compte la dimension génétique et la maturation cognitive des enfants.

Sources :

(1) Heterogeneity in the development of proactive and reactive aggression in childhood: Common and specific genetic - environmental factors. Stéphane Paquin, Eric Lacourse, Mara Brendgen, Frank Vitaro, Ginette Dionne, Richard Ernest Tremblay, Michel Boivin. https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0188730
(2) https://www.inspq.qc.ca/rapport-quebecois-sur-la-violence-et-la-sante/la-violence-en-milieu-scolaire-et-les-defis-de-l-education-la-socialisation/definition-caracteristiques-des-comportements-agressifs-ou-violents-et-contextes