18/10/2024

Comment qualifier une agression comme anormale ?

Comment qualifier une agression comme anormale ?

Cette question semble cruciale dans un monde où plus de 20 millions d'années de vie sont perdues en incapacité chaque année en raison des agressions et de la violence.

Ce qui la classe 18e sur la liste de l'Organisation mondiale de la santé, devant de nombreuses maladies graves, y compris diverses formes de cancer (1).

L'étude des comportements, et en particulier de l'agression, repose sur deux approches complémentaires.

 

D'une part, les éthologistes qui s'intéressent à la manière dont le comportement s'adapte aux contextes naturels, tandis que les neuroscientifiques cherchent à comprendre les bases moléculaires, cellulaires et neurologiques des comportements.

 

Ces deux approches, bien que distinctes, doivent être combinées pour obtenir une compréhension complète de l'agression dans son cadre naturel et scientifique.

L'agression dans différents contextes humains et animaux

L'agression est un problème mondial qui se manifeste sous diverses formes, allant du harcèlement scolaire et des comportements agressifs sur les réseaux sociaux aux fusillades, crimes haineux, guerres et criminalité organisée.

 

Bien qu’elle ne soit pas classée comme un symptôme majeur d’un trouble psychiatrique particulier, l’agressivité est souvent liée à des troubles de la personnalité antisociale (2).

Chez l’homme, l’agression est vue comme un comportement anormal dans les sociétés modernes. Contrairement aux animaux, où l’agression est une stratégie de survie efficace mais coûteuse et risquée, elle est plus strictement réglementée chez les humains.

 

Dans les sociétés animales, des hiérarchies sociales se forment pour réguler l’accès aux ressources et limiter les confrontations agressives excessives.

 

Cependant, même dans ces structures sociales, l’agression directe ou indirecte peut encore se manifester, bien qu'elle tende à diminuer une fois les hiérarchies établies.

Modèles animaux et recherche sur l’agression

L’utilisation de la souris domestique comme modèle animal en neurosciences permet de mieux comprendre l'agression. Les souris évoluent dans des structures hiérarchiques flexibles, dépendantes des ressources disponibles, et peuvent montrer des niveaux élevés d'agressivité.

 

Les souris dominantes dirigent souvent leur agressivité envers les subordonnés, mais dans des situations d'instabilité ou d'auto-défense, même les subordonnés peuvent manifester de l’agressivité.

L’objectif principal des recherches sur les mécanismes neuronaux de l’agression est de les traduire en modèles humains afin de développer des thérapies contre les comportements agressifs pathologiques.

 

Cependant, deux obstacles majeurs compliquent cette traduction : les différences conceptuelles entre l'agression animale et humaine, et les paradigmes comportementaux simplifiés utilisés pour évaluer l'agressivité chez les animaux.

L'agression humaine : proactive et réactive

Chez l'humain, l'agression est divisée en deux types :

  • proactive.
  • réactive.

L'agression proactive est un acte calculé, destiné à atteindre un objectif, tandis que l’agression réactive est impulsive, souvent déclenchée par un stimulus perçu comme une menace.

 

Le terme « violence » est utilisé lorsqu'une personne cherche activement à causer des dommages physiques, tandis que l'agression « pathologique » est qualifiée d'extrême et irrationnelle, en fonction du contexte et de la personnalité de l'individu.

Différences entre l’agression humaine et animale

Dans les études sur les animaux, l’agression est souvent interprétée comme un mécanisme d’adaptation plutôt que comme un comportement pathologique.

 

Les termes tels que « violence » sont rarement employés pour décrire des actes agressifs, même lorsque ceux-ci sont létaux, car ils sont perçus comme une réponse naturelle aux défis environnementaux.

 

Contrairement à l’approche humaine, l’agression chez les animaux n’est pas jugée selon des critères subjectifs basés sur l’intention de l’agresseur (3).

Malgré ces différences terminologiques, l’agression est profondément ancrée dans l’évolution des mammifères. Les humains, étant des mammifères sociaux et territoriaux, partageaient il y a encore quelques milliers d’années des comportements d’agression similaires à d’autres espèces.

 

Certaines caractéristiques de l’agression humaine, ainsi que ses mécanismes de régulation ou d’inhibition, sont donc conservées entre les espèces.

Innovations dans l’étude de l’agression

Les technologies récentes permettent de mieux suivre et analyser les comportements agressifs des animaux dans des environnements semi-naturels.

 

Contrairement aux approches classiques, souvent réductrices, ces nouvelles méthodes permettent d'étudier l'agression sur de longues périodes, en prenant en compte la hiérarchie sociale, la disponibilité des ressources et les risques encourus.

 

Cela aide à mieux comprendre comment ces facteurs influencent l’agression et permettent une meilleure traduction des résultats dans des modèles humains.

Quand l’agression devient-elle anormale ?

L'agression est un comportement naturel qui peut être observé à la fois chez les animaux et chez les humains. Cependant, chez les humains, l'agression est considérée comme anormale lorsqu'elle devient excessive, pathologique ou inappropriée au contexte social.

 

Les études comportementales et neuroscientifiques, menées notamment sur les modèles animaux comme la souris, cherchent à comprendre les mécanismes sous-jacents de cette agression et à développer des moyens de la réguler dans des contextes pathologiques chez l'humain.


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Sources :

(1) World Health Organization [WHO] (2022). Global Health Observatory Depository. https://apps.who.int/gho/data/node.main.CODWORLD?lang=en
(2) Studying dominance and aggression requires ethologically relevant paradigms Author links open overlay panel Yair Shemesh, Asaf Benjamin, Keren Shoshani-Haye, Ofer Yizhar, Alon Chen.
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0959438824000412?via%3Dihub
(3) Behavioural and physiological plasticity in social hierarchies T. M. Milewski, W. Lee, F. A. Champagne and J. P. Curley https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rstb.2020.0443