11/01/2025
Comment prédire la violence conjugale dans les pays en développement ?
La violence conjugale est un phénomène universel, touchant toutes les régions du monde, indépendamment du développement socio-économique.
Si des facteurs individuels tels que les antécédents familiaux et les traits de personnalité jouent un rôle, des disparités structurelles entre conjoints (âge, revenus, éducation) influencent
également ces dynamiques.
Les recherches, y compris celles mentionnées dans l’étude (1), offrent une compréhension des mécanismes sous-jacents en mettant en lumière des tendances sociétales préoccupantes.
Méthodologie de recherche de ces violences
L’étude s’appuie sur des données démographiques et de santé (IPUMS-DHS) (2) couvrant 29 pays en développement, principalement en Asie du Sud, en Afrique subsaharienne, au Moyen-Orient et en
Afrique du Nord.
Ces régions sont marquées par des disparités de genre systémiques, ce qui les rend propices à une analyse des relations entre différences intra-conjugales et violence.
Les chercheurs ont employé des modèles de régression logistique (3) pour identifier les corrélations entre ces disparités et quatre formes de violence :
- Violence physique moins grave.
- Violence physique grave.
- Violence émotionnelle.
- Violence sexuelle.
Résultats clés des disparités intra-conjugales
- Différences éducatives et violence conjugale :
Les résultats montrent que lorsque les maris sont plus instruits que leurs épouses, les risques de violences physiques et sexuelles (moins graves) augmentent.
Cela pourrait être attribué à un déséquilibre des dynamiques de pouvoir, où une éducation plus élevée peut renforcer des attitudes patriarcales dans certains contextes.
Cependant, les violences graves, qu’elles soient émotionnelles ou physiques, ne présentent pas de corrélation significative avec ces écarts éducatifs.
- Écarts d’âge, une dynamique ambivalente :
Des différences d’âge importantes, où les maris sont nettement plus âgés que leurs épouses, sont associées à une diminution du risque de toutes formes de violence conjugale.
Cela pourrait s’expliquer par une combinaison de respect culturel et de rôles traditionnels qui réduisent les conflits au sein des couples.
Cependant, cette dynamique varie selon les normes sociales et culturelles locales.
Différences de revenus et exposition accrue aux violences
L’écart de revenus influence également la prévalence de la violence conjugale :
- Femmes gagnant plus que leur mari : elles sont davantage exposées aux violences physiques, émotionnelles et sexuelles (moins graves). Ce constat peut refléter une remise en cause perçue des normes traditionnelles, exacerbant les tensions au sein du couple.
- Maris gagnant plus : les violences subsistent également, bien que l’association soit plus faible, ce qui souligne que des revenus plus élevés ne protègent pas nécessairement les femmes.
Approfondissements théoriques et mise en contexte
En s’appuyant sur d’autres études on observe des thématiques communes :
- Rôles traditionnels de genre : dans les sociétés patriarcales, les écarts en termes d’éducation ou de revenus peuvent être perçus comme une menace à l’autorité masculine. Cela peut mener à des comportements coercitifs pour rétablir un contrôle perçu comme perdu.
- Intersectionnalité : les facteurs tels que la région géographique, la religion et la culture locale modulent ces dynamiques. Par exemple, les pays où l’écart d’âge est culturellement valorisé pourraient atténuer le risque de violence, tandis que dans d’autres contextes, cela pourrait l’amplifier.
Implications pour les politiques publiques
Les conclusions de cette recherche soulignent l’urgence d’interventions spécifiques pour réduire les violences conjugales :
- Renforcement de l’éducation sur l’égalité des genres : promouvoir des programmes éducatifs qui remettent en question les normes patriarcales et valorisent des relations égalitaires.
- Soutien économique et autonomisation des femmes : créer des mécanismes qui soutiennent les femmes économiquement tout en atténuant les tensions conjugales associées aux écarts de revenus.
- Approche centrée sur les couples : développer des initiatives communautaires visant à promouvoir des dynamiques relationnelles saines et une communication constructive entre partenaires.
Conclusion
Cette étude apporte des éclairages cruciaux qui ne seront jamais entendus sur les relations entre les disparités intra-conjugales et la violence conjugale dans des contextes à revenu faible et
intermédiaire.
Elle invite pourtant à repenser les stratégies de prévention, en plaçant les disparités de genre au cœur des politiques publiques pour promouvoir des relations équitables et réduire durablement
la prévalence des violences conjugales.
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