17/09/2024
Les mécanismes induits par le stress qui provoquent des émotions de peur en l'absence de menaces étaient jusqu’à présent un mystère.
Aujourd'hui, les neurobiologistes ont identifié les changements dans la biochimie de notre cerveau et cartographié les circuits neuronaux responsables de ces expériences de peur généralisée sans motifs.
Les systèmes nerveux humains sont naturellement câblés pour ressentir la peur.
Que ce soit à cause de bruits étranges entendus seuls dans l'obscurité ou du grognement d’un chien menaçant, notre réponse à la peur est un mécanisme de survie qui nous encourage à rester vigilants et à éviter des situations dangereuses.
La dissociation entre la théorie du cerveau triunique et les découvertes actuelles :
Ces mécanismes n’ont strictement rien à voir avec la théorie du cerveau triunique (ou cerveau reptilien), de Paul D. MacLean en 1962, qui n’a jamais été prouvée (1). Lorsque la peur surgit en
l'absence de menaces tangibles, elle peut nuire considérablement à notre bien-être.
Les personnes ayant souffert d'épisodes de stress sévère ou mortel peuvent ressentir des émotions intenses de peur même dans des situations non menaçantes.
Cette généralisation de la peur est psychologiquement dommageable et peut entraîner des problèmes de santé mentale à long terme, tels que le trouble de stress post-traumatique.
Les avancées de la recherche neurobiologique
Les neurobiologistes de l'Université de Californie de San Diego ont récemment identifié les changements biochimiques dans le cerveau et cartographié les circuits neuronaux responsables de la peur
généralisée.
Ces recherches (2) offrent de nouvelles perspectives sur la manière d'éviter ces réponses de peur.
Les chercheurs ont étudié le cerveau de souris pour comprendre comment le stress aigu induit un changement dans les signaux chimiques des neurones, menant à des réponses de peur généralisées.
Cette recherche révèle des informations cruciales sur les mécanismes impliqués dans la généralisation de la peur.
Interventions potentielles et traitements.
Comprendre ces processus à un niveau moléculaire permet de cibler les mécanismes spécifiques responsables des troubles connexes. Les chercheurs ont découvert un commutateur induit par le stress
dans les neurotransmetteurs, une forme de plasticité cérébrale, et ont trouvé des moyens d'arrêter la production de peur généralisée.
Par exemple, avant l'exposition au stress aigu, les souris ont reçu une injection virale pour supprimer le gène responsable, empêchant ainsi l'acquisition de la peur généralisée.
De plus, le traitement par l'antidépresseur fluoxétine immédiatement après un événement stressant a évité l’apparition de cette peur généralisée.
Les chercheurs ont identifié la localisation des neurones modifiés et leurs connexions avec l'amygdale centrale et l'hypothalamus latéral, des régions du cerveau impliquées dans d'autres réponses de peur.
Ces découvertes ouvrent la voie à de futures interventions spécifiques pour traiter les troubles liés à la peur généralisée comme le syndrôme de stress post-traumatique.
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Sources :
(1) https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/superfail/pourquoi-le-cerveau-reptilien-n-existe-pas-2434728
(2) Generalized fear after acute stress is caused by change in neuronal cotransmitter identity
Hui-quan Li, Wuji Jiang, Li Ling, Marta Pratelli, Cong Chen, Vaidehi Gupta, Swetha K. Godavarthi, and Nicholas C. Spitzer https://www.science.org/doi/10.1126/science.adj5996
- From normal fear to pathological anxiety J B Rosen, J Schulkin https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/9577241/
- The Neurobiology of Fear Generalization Arun Asok, Eric R Kandel, Joseph B Rayman https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30697153/
- Generalization of conditioned fear along a dimension of increasing fear intensity Joseph E. Dunsmoor, Stephen R. Mitroff, and Kevin S. LaBar https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2704105/