13/11/2024

Comment fonctionne une agression par coups de pied mortels ?

Comment fonctionne une agression par coups de pied mortels

Les conséquences d'une violence physique, comme celle résultant d'une bagarre, peuvent être extrêmement variées et affecter différentes parties du corps, aussi bien les surfaces externes que les organes internes.

L'une des premières hypothèses à envisager lorsqu'une victime présente de telles blessures est l'implication d'un mécanisme de chute, de coups directs ou de coups de pied.

Cette violence physique peut se manifester sous plusieurs formes, mais l'une des plus graves reste l'usage de ces comportements.

Dans les situations où la victime subit une agression physique intense, il est fréquent que les coups de pied mortels s'inscrivent dans une chaîne d'évènements.

Cela commence généralement par une attaque où la victime est poussée ou projetée au sol, puis exposée aux coups de pied qui suivent, dans un enchaînement souvent rapide et brutal.

Parfois, ces coups de pied sont accompagnés de sauts ou de bonds, ce qui augmente encore la force de l'impact et l'intensité des blessures.

Il est frappant de constater que, dans ces situations, la violence qui en résulte peut sembler disproportionnée par rapport à la cause initiale du conflit, qui peut être mineure ou banale.

Cette disproportion entre l’origine apparemment triviale de la dispute et la violence démesurée qui en découle est un aspect sociologique marquant et récurrent dans ces cas d'agressions violentes.

L'usage des coups de pied et des piétinements mortels n'est pas un phénomène récent, mais une forme de violence qui existe depuis des siècles dans l'histoire humaine, peu importe les époques.

L'intensité des blessures par coups de pieds

Ce type de violence a un impact significatif sur la victime, souvent à des endroits critiques comme la tête, les organes internes et la cage thoracique.

L'intensité des blessures subies dépend principalement de la zone du corps qui est touchée. Mais même un coup de pied donné pieds nus peut entraîner des conséquences fatales.


Lorsqu'une victime est frappée à la tête, l'impact peut être si puissant que l'accélération de la tête peut être comparable à celle d'un accident de voiture frontal à 50 km/h, ce qui génère des blessures graves, parfois irréversibles (1).

Cette accélération extrême peut provoquer des lésions cérébrales ou des traumatismes crâniens qui, combinés à des hémorragies internes, peuvent entraîner la mort rapidement.

Fréquence et gravité des coups de pied mortels en Allemagne

Une étude (2) menée entre 1982 et 1995 sur 20 504 autopsies effectuées dans les services de médecine légale de Hambourg et de Greifswald a permis de documenter les effets de cette violence.

Sur ces 20 504 cas, 103 décès ont été attribués à des coups de pied. Plus précisément, dans la région de Greifswald, les chercheurs on pu établir que 68 cas de décès (soit 30 % de tous les homicides) étaient dus à des coups de pied, un chiffre particulièrement élevé comparé aux données de Hambourg, où ces mêmes coups de pied ne représentaient que 2,5 % des homicides.

Ce contraste entre ces deux régions montre des différences notables dans la fréquence et la gravité des coups de pied mortels, qui semblent plus fréquents en milieu rural.

En termes de profil des victimes, la majorité d’entre elles étaient des hommes d'environ 44 ans, souvent sous l'influence de l'alcool (avec un taux moyen de 1,75 % d’alcool dans le sang) et issus de milieux sociaux précaires, bénéficiant fréquemment de l'aide sociale.

Ces victimes présentaient des signes d'autres formes de violence physique, comme des coups de poing ou des strangulations, et dans certains cas, des blessures dues à des armes blanches ont également été constatées.

Combien d’auteurs participent  aux violences

Le décès par coups de pied était, dans la majorité des cas, causé par des hémorragies internes sévères et des traumatismes à la tête, qui ont entraîné une aspiration de sang, aggravant encore la situation.

Ces cas de violences extrêmes sont souvent l'aboutissement de disputes banales qui dégénèrent rapidement. Les rapports de cas montrent que ces actes de violence ne sont pas prémédités mais survenaient généralement à la suite de querelles sans grande importance, souvent déclenchées par un échange verbal ou un malentendu.

Dans 46 % des cas, les coups de pied mortels étaient commis par une seule personne, dans 20 % des cas par deux personnes, et dans 4 % des cas par trois personnes.

Les auteurs de ces violences, d'une moyenne d'âge de 27,6 ans, étaient presque toujours plus jeunes que leurs victimes.

Les violences par coups de pied sont donc souvent le résultat d'une explosion soudaine de colère ou d'une agression impulsive, mais leur impact est considérablement amplifié par la brutalité de l'attaque.

Répartition géographique de homicides à coups de pieds

En ce qui concerne la répartition géographique de ces homicides, les statistiques montrent une fréquence beaucoup plus élevée de décès par coups de pied dans les zones rurales, comme à Greifswald, par rapport aux zones urbaines de Hambourg, où la violence physique par coups de pied reste moins courante.

Cela suggère que des facteurs contextuels, comme l'isolement social ou les conditions de vie dans des régions moins urbanisées, peuvent jouer un rôle important dans la prévalence de ces actes de violence.

Profil des victimes et des auteurs

Le profil sociologique des victimes et des auteurs de ces violences est également un élément clé. De nombreuses victimes de coups de pied appartiennent à des classes sociales défavorisées et ont souvent été exposées à des violences répétées dans le passé, ce qui peut contribuer à une normalisation de la violence dans leur quotidien.

Ces individus ont souvent grandi dans des environnements où les conflits violents étaient fréquents et où les ressources pour échapper à ces situations étaient limitées. Dans la majorité des cas, l'agresseur agit seul, mais lorsqu'il y a des violences de groupe, les auteurs sont généralement plus jeunes.

Par ailleurs, il est souvent observé que les auteurs plus âgés ont un lien intime avec la victime, suggérant que les dynamiques de pouvoir et de relation affective peuvent jouer un rôle important dans la violence.

Effets de la dynamique de groupe dans l’intensité des agressions

Dans ces cas de violences collectives, la dynamique de groupe semble avoir un effet déstabilisateur, aggravant les comportements violents.

Cela pourrait expliquer en partie la fréquence des violences par coups de pied, qui sont parfois exacerbées par des comportements de groupe où l'individu se sent poussé à agir avec plus de brutalité sous l'influence d'autrui.

Ces éléments montrent à quel point les violences par coups de pied sont un phénomène complexe, qui ne se résume pas à un simple acte de brutalité, mais qui est enraciné dans des dynamiques sociales, économiques et psychologiques profondes.


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Sources :

(1) Kicking and Trampling to Death Véronique Henn & Eberhard Lignitz
https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-1-59259-786-4_2
(2) [Morphology and phenomenology of death by kicking (II)] V Henn, E Lignitz, K P Philipp, K Püschel https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/10829235/
- Kicking to death — forensic and criminological aspects H. Strauch, I. Wirth, Uta Taymoorian, G. Geserick
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0379073801005424