12/08/2024
École de combat au couteau en Italie
L'étymologie du mot « scherma » dans le terme « scherma con coltello » provient du verbe « escrimer », qui évoque l'acte de se défendre.
Le vocabulaire de l'« Accademia della Crusca » définit l'escrime comme « l'art de parer habilement les coups de l'ennemi tout en cherchant à l'attaquer ».
Cette définition montre que l'escrime à lame courte, ou combat au couteau, n'était pas seulement une technique de duel, mais un véritable art, surtout reconnu grâce à la tradition des écoles italienne.
L'influence de l'escrime italienne
La première mention de l'escrime à lame courte en Italie remonte au XIIe siècle, avant de se répandre en Europe grâce à des maîtres d'armes d'arts martiaux au couteau en Italie, tels que Nerio et Lippo Bartolomei, Achille Marozzo, et Gioacchino Meyer.
Traditionnellement, l'escrime était pratiquée avec l'épée, une arme réservée aux nobles et aux chevaliers pour régler des conflits d'honneur.
En revanche, le peuple utilisait le couteau, un objet du quotidien, moins coûteux et plus accessible pour se défendre et régler des différends.
Développement régional des écoles de combat au couteau
Au Moyen Âge, différentes écoles de combat au couteau se sont développées en Italie, chaque région ayant ses propres styles en fonction des types de couteaux utilisés.
Cette escrime au couteau, également appelée « clôture courte », se développait parmi les civils pour l'autodéfense, mais aussi dans des milieux plus clandestins où les objectifs étaient différents.
Ce savoir-faire italien, principalement transmis oralement, ne laisse que peu de documents historiques. Cependant, il existe une grande diversité d'écoles de combat au couteau dans presque toutes les régions d'Italie.
La tradition et l'héritage des écoles de combat
Dans le livre d'Andrea Buti, « Le couteau génois : Histoire des lames, armes prohibées et Caruggi », le professeur Vito Piergiovanni explique que l'art de manipuler le couteau s'est particulièrement développé dans six régions italiennes : Latium, Campanie, Pouilles, Calabre, Sicile, et Corse.
Chaque région développait ses propres techniques, souvent transmises dans des écoles clandestines où les élèves apportaient parfois de nouvelles interprétations aux enseignements reçus.
Cette diversité de styles était en grande partie due à la fragmentation politique de l'Italie, ce qui limitait la circulation des produits et favorisait la création de couteaux distincts dans chaque région.
L'évolution et la reconnaissance du combat au couteau
L'hétérogénéité des régions italiennes a ainsi conduit à une grande variété de styles de combat au couteau, avec des traditions locales bien ancrées.
Par exemple, le couteau des Pouilles, dont les origines sont obscures faute de sources écrites, trouve ses racines dans la culture paysanne.
Là, les agriculteurs avaient développé des systèmes de défense personnelle basés sur l'utilisation du couteau, perfectionnés au fil du temps par la transmission orale.
L'impact des réglementations et la pénétration du combat au couteau dans la culture
Les lois régionales sur la possession d'armes ont également influencé ces traditions. De nombreux couteaux, jugés trop dangereux en cas de combat, furent interdits.
Un exemple notable est le « couteau génois », interdit en 1699 par le Conseil de la Sérénissime République de Gênes après avoir été impliqué dans plusieurs crimes.
Ces restrictions ont conduit à la clandestinité des pratiques de combat au couteau, qui furent souvent dissimulées dans des traditions populaires comme la « pizzica » et la « tarentelle ».
Le combat au couteau aujourd'hui
Le combat au couteau trouve ses origines en Italie, où les compétences des Italiens dans ce domaine ont été largement reconnues en Europe.
Aujourd'hui, l'escrime au couteau est une discipline reconnue, pratiquée et en constante évolution.
Il existe de nombreux maîtres d'armes, parmi lesquels Danilo Rossi Lajolo, créateur de la méthode Lajolo, qui est la seule méthode reconnue nationalement et internationalement par l’Académie d’Escrime de Naples et l’Académie des Maîtres d’Armes de l’AAI.
Ce sport, bien qu’issu de la tradition orale, voit aujourd'hui l'introduction d'outils technologiques pour les compétitions, rapprochant ainsi cette discipline d’un véritable sport moderne.
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