14/12/2024

Violence statistique pour coups de couteau en Suisse ?

Violence statistique pour coups de couteau en Suisse ?

La montée en visibilité des statistiques manquantes sur la violence au couteau dans les agressions n'épargne pas la Suisse.

En 2022, un seul crime au couteau ou une arme tranchante a été recensé dans les cantons de Vaud et du Valais.

 

Aucun cas n'a été signalé dans les cantons de Fribourg, du Jura et de Genève au cours de la même année.

Il n'y a pas eu de hausse notable des violences graves impliquant des couteaux dans ces régions (1).

 

Par ailleurs, les forces de l’ordre en Suisse romande ont enregistré très peu de cas d’homicides commis avec une arme coupante cette année-là.

La violence liée aux coups de couteau et la mortalité associée varient considérablement dans le monde, rendant difficile l’établissement de protocoles universels, notamment dans les régions où ces blessures sont rares.

 

Par exemple, les traumatismes pénétrants représentent jusqu’à 80 % des interventions chirurgicales d’urgence en Afrique du Sud, alors qu’ils sont très rares en Suisse.

Les homicides au couteau à l’échelle mondiale

L’incidence des homicides varie largement à l’échelle mondiale, de 0,07 à 141 pour 100 000 habitants par an, mais tend à augmenter dans de nombreux pays, ayant doublé en Suisse depuis 2010.

 

Cette tendance est corroborée par des études européennes montrant une hausse des hospitalisations pour traumatismes, comme les traumatismes crâniens.

Traumatismes intentionnels non liés aux armes à feu

Cette étude (2) a été menée dans un hôpital universitaire de 1 300 lits offrant des soins primaires et tertiaires. Elle a inclus tous les patients adultes admis aux urgences pour un traumatisme pénétrant intentionnel non lié à une arme à feu, survenu entre mars 2005 et février 2007.

 

Ces traumatismes étaient définis comme des violences par coups de couteau, tandis que les blessures auto-infligées et non intentionnelles étaient exclues.

Données démographiques des circonstances et des soins liés aux traumatismes

Les données démographiques comprenaient :

  • L’âge, le sexe, le statut marital, l’emploi (actif ou chômeur), et la nationalité (suisse, européenne ou non européenne).
  • Les circonstances des agressions ont été documentées selon le lieu, la relation victime-agresseur, le nombre d’agresseurs, et la nature de la violence.
  • Les modalités d’arrivée à l’hôpital, les soins pré-hospitaliers, et la nécessité d’une réanimation initiale ont également été enregistrées.

Pour les patients hospitalisés, les données incluaient :

  • Le score de gravité des blessures à l’admission.
  • Les interventions chirurgicales nécessaires.
  • La durée des séjours en soins intensifs et à l’hôpital.
  • La mortalité, et les réhospitalisations éventuelles.

Le traitement chirurgical était qualifié de thérapeutique en cas de fermeture d’une lacération, d’arrêt d’un saignement ou de reconstruction anatomique.


La relation entre la localisation des lésions et le type de traitement (opératoire ou conservateur, avec ou sans hospitalisation) a été analysée. Une corrélation a été établie entre le nombre de blessures et le type d’arme utilisé.

Profil des patients admis pour coups de couteau intentionnels

Sur les 37 429 patients admis aux urgences chirurgicales sur 23 mois, 80 adultes (0,2 %) ont été inclus dans l’étude pour des blessures intentionnelles par coups de couteau.

 

Les patients étaient majoritairement jeunes (âge moyen : 30 ans), avec 61 % dans la tranche des 20-30 ans, et en grande majorité des hommes.


La nationalité a été renseignée pour 70 patients, révélant une surreprésentation significative des étrangers par rapport à la population générale en Suisse.

 

Parmi eux, 31 étaient originaires de pays hors de l’Union européenne, dont 26 (68 %) venaient d’un autre continent. Parmi les femmes admises (13), 85 % étaient étrangères.


Le chômage, déclaré par 50 % des patients, était également surreprésenté par rapport aux données suisses officielles.

Contexte et caractéristiques des agressions par coups de couteau

Les patients inclus dans cette étude différaient de la population générale admise aux urgences. La majorité des admissions (63 %) ont eu lieu entre vendredi et dimanche, principalement la nuit (20 h à 8 h).


Les agressions se sont réparties entre la sphère privée (27 %), la rue (27 %), et d'autres lieux publics tels que bars, discothèques ou restaurants (31 %). Les femmes ont été plus souvent blessées dans un cadre privé (63 %) que les hommes (19 %).


Parmi les agressions où le type d’arme a été identifié, 63 % ont impliqué des armes blanches. Lorsque l’arme n’a pas été déterminée (26 %), 62 % des violences se sont produites en public.

 

Les bris de verre ou de bouteille ont été signalés dans 15 cas, principalement dans des lieux publics (66 %).

 

60 % des victimes ont déclaré avoir été agressées par un inconnu, tandis que 26 % des cas étaient liés à des violences conjugales.

Nature et prise en charge des blessures par coups de couteau

Parmi les 66 patients (83 %) traités en ambulatoire, 21 (25 %) présentaient des blessures multiples par arme blanche.
Les traumatismes incluaient :

  •  Des lésions crâniennes chez 43 % des patients, principalement superficielles et traitées par suture sous anesthésie locale.
  • Des blessures thoraciques, abdominales ou combinées dans 38 % des cas.
  • Des blessures aux membres dans 19 % des cas.

La majorité des patients (74 %) ont pu quitter l’hôpital le jour même.

Conclusion

En 2010, les blessures par arme blanche restaient rares en Suisse et dans d'autres pays européens.

 

Leur gravité était généralement faible, et des stratégies d'observation étaient privilégiées en fonction des résultats cliniques et de la stabilité des patients.


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Sources :

(1) https://www.watson.ch/fr/suisse/crime/870278395-de-plus-en-plus-de-jeunes-suisses-se-baladent-avec-des-couteaux
(2) Stab wounds in a Swiss emergency department: a series of 80 consecutive cases. Nicolas Schreyer, Pierre-Nicolas Carron, Nicolas Demartines, Bertrand Yersin. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20799103/

Sources complémentaires :

- Exadaktylos A, Häuselmann S, Zimmermann H. Are times getting tougher? A six year survey of urban violence related injuries in a Swiss university hospital. Swiss Med Wkly. 2007. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/17990142/
- Chiara O, Scott JD, Cimbanassi S, et al. Trauma deaths in an Italian urban area: an audit of pre-hospital and in-hospital trauma care. Injury. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/12208056/
- Henderson JP, Morgan SE, Patel F, et al. Patterns of non-firearm homicide. J Clin Forensic Med. 2005.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15914306/