25/12/2024
Les crimes au couteau contre les femmes sont un type particulier de violence, qui est rarement étudié dans la littérature.
Cette violence comprend le meurtre, les blessures, les menaces et le vol avec des couteaux.
La violence à l'égard des femmes est un problème social grave et mondial, affectant toutes les nationalités et cultures.
Selon un rapport de l'OMS (*), environ 53 millions de femmes sont victimes de violence chaque année, et près d'un tiers des femmes dans le monde subissent des violences physiques.
En Turquie, comme ailleurs, un tiers des femmes sont victimes de violence au cours de leur vie. Cette violence a des conséquences graves, tant physiques que psychologiques, affectant aussi la société dans son ensemble.
Un des principaux défis est qu'elles se produisent souvent en privé et sont rarement signalées. Ce type de violence, particulièrement meurtrier, est fréquemment utilisé en Turquie, où des centaines de femmes ont été tuées par leur partenaire, et souvent avec un couteau.
Les couteaux sont souvent utilisés dans les crimes en raison de leur accessibilité, de leur discrétion et de leur facilité de transport.
La plateforme contre les homicides féminins a également rapporté que 33 % des homicides de femmes ont été commis avec un couteau.
Ces données soulignent l’urgence de mener une étude approfondie pour comprendre la dynamique des crimes au couteau contre les femmes et mettre en place des solutions efficaces.
Cette étude (1) a utilisé des données secondaires collectées entre 2002 et 2012 sur les crimes au couteau dans la ville.
Un total de 3 061 crimes au couteau a été enregistré, impliquant 12 757 personnes (suspects, victimes, témoins).
Pour l’étude, les cas où des femmes étaient impliquées comme suspectes, victimes ou témoins ont été filtrés, puis seuls les cas où les femmes étaient victimes ont été retenus.
En tout, 514 cas, représentant 557 victimes féminines, ont été analysés. L'analyse a porté sur des éléments tels que :
Les femmes représentaient 9 % de toutes les personnes impliquées dans des affaires de crimes au couteau, que ce soit en tant que suspectes, victimes ou témoins.
Parmi elles, 6 % étaient des suspectes, 6 % des témoins et 18 % des victimes. Ces résultats montrent que les femmes ont beaucoup plus de chances d'être victimes dans les affaires de crimes au couteau que d'être suspectes ou témoins.
Dans cette étude, bien que les femmes représentaient 9 % de l'ensemble des individus impliqués dans les crimes au couteau, elles constituaient 24,2 % des personnes impliquées dans ces affaires (514 femmes sur 3061 affaires).
Cette différence est due au nombre variable d'individus par affaire, qui peut aller de 2 à 24. Les résultats ont montré que :
En général, les affaires impliquant des femmes comptaient moins d'individus.
Sur les 1084 femmes impliquées dans ces affaires, 557 (51,4 %) étaient des victimes, 517 (47,7 %) des suspectes et 10 (0,9 %) des témoins.
Les 514 cas examinés concernaient 557 victimes, certaines affaires impliquant plusieurs victimes. Parmi ces 557 victimes :
Parmi les 269 victimes pour lesquelles des données détaillées étaient disponibles, 4 ont été assassinées à l'aide d'un couteau.
L'analyse des caractéristiques des victimes révèle plusieurs éléments clés : un quart des victimes étaient âgées de 26 à 35 ans, tandis que plus de 10 % avaient moins de 18 ans et environ 10 % étaient âgées de plus de 55 ans.
En ce qui concerne l'état matrimonial, 65,4 % des victimes étaient mariées, 27 % célibataires, 5,3 % veuves et 2,3 % divorcées.
Sur le plan éducatif, plus de la moitié des victimes avaient un diplôme de l'école primaire, et 15,3 % étaient analphabètes, tandis que seulement 5,6 % avaient terminé le premier cycle d'études supérieures.
Concernant le statut migratoire, 35,2 % des victimes étaient des migrantes vers la ville.
En termes de profession, 25 % des victimes avaient un emploi, tandis que 75 % n'en avaient pas.
Enfin, seulement 3 victimes souffraient de troubles mentaux et 6 étaient sous l'effet de l'alcool au moment de l'incident.
Une analyse des crimes au couteau contre les femmes a été effectuée en fonction de l'année, de la saison, du jour et de l'heure.
Les résultats montrent que le nombre de crimes a progressivement augmenté à partir de 2002, atteignant un pic en 2008, puis a commencé à diminuer par la suite.
En termes de saison, les crimes au couteau contre les femmes étaient plus fréquents au printemps et en été. Concernant les jours de la semaine, le nombre de crimes était le plus élevé le dimanche et le mercredi, avec des chiffres similaires pour les autres jours.
Enfin, l'analyse des horaires a révélé que les crimes commençaient à augmenter entre 06h00 et 10h00 du matin, atteignaient un pic entre 06h00 et 22h00, puis diminuaient après 22h00 jusqu'à 06h00 du matin.
Les principales raisons ayant conduit à l'utilisation de couteaux dans les crimes contre les femmes étaient les disputes, les injures, l'annonce de l'intention de divorce par les femmes et les accusations d'infidélité portées par les hommes contre les femmes.
L'analyse a également révélé qu'avant la majorité des crimes au couteau, des querelles verbales, des insultes et des altercations physiques entre les suspects et les victimes avaient généralement lieu.
Les intentions des suspects dans les violences contre les femmes varient :
Les résultats montrent que les suspects ont tenté de poignarder leurs victimes plusieurs fois, de 1 à 9 fois, avec une majorité des cas où l'attaque ne comptait qu'une seule tentative.
De plus, le nombre de tentatives de coups de couteau et le nombre de blessures infligées aux victimes étaient étroitement liés, suggérant que chaque tentative de coup de couteau a généralement abouti à une blessure.
Plus de la moitié des blessures par armes blanches infligées aux victimes ont concerné les mains, les jambes et les bras.
Les blessures au visage représentaient :
En termes de types de blessures :
La majorité des suspects utilisaient des couteaux de poche et des couteaux de cuisine, tandis que 21,1 % préféraient les machettes et une épée spécifique à la Turquie.
Seuls quelques suspects utilisaient des couteaux à cran d'arrêt et des couteaux papillon, dont le port est illégal.
Selon les résultats, 70,5 % des suspects avaient l'habitude de porter des couteaux, tandis que le reste se procurait des couteaux localement, à l'exception d'une minorité de 3 %.
Les résultats montrent que le nombre de femmes victimes de crimes au couteau était trois fois plus élevé que celui des femmes suspectes dans les 3061 cas étudiés, ce qui suggère que les femmes sont plus souvent victimes que suspectes.
Dans ces crimes, un seul suspect était généralement impliqué. Plus de la moitié des suspects étaient des maris ou des petits amis, ce qui est cohérent avec la littérature soulignant que les auteurs principaux de violences contre les femmes sont souvent des partenaires intimes.
Si l’on inclut les suspects de la famille (22,4 %), près de 80 % des crimes au couteau contre les femmes relèvent de la violence domestique. Malgré les liens étroits entre les suspects et les
victimes, ces derniers n'hésitaient pas à blesser, menacer ou tuer les femmes avec des couteaux.
Les victimes de ces crimes peuvent appartenir à tous les groupes d’âge, y compris les enfants, mais la tranche d’âge des 18-45 ans, représentant près de 70 % des victimes, semble être
particulièrement vulnérable.
Cette répartition par âge est similaire à celle des victimes de violences envers les femmes en général. En outre, la littérature suggère que les individus plus jeunes sont plus susceptibles d'être victimes de violence.
Concernant le niveau d'éducation, près des trois quarts des victimes étaient analphabètes, peu alphabétisées ou diplômées de l'école primaire, ce qui confirme les études indiquant que les femmes ayant un faible niveau d'éducation sont plus exposées aux violences.
La plus grande étude sur les agressions aux couteaux À l’identique de la France, il n'existe pas de système national d'enregistrement des blessures par couteau au Royaume-Uni...
Réduire la criminalité liée au couteau en changeant sa forme La criminalité étaient en augmentation au Royaume-Uni dans les années 2000, notamment les agressions au couteau...
Sources :
(*) https://www.unodc.org/unodc/en/press/releases/2023/November/more-women-and-girls-killed-in-2022-even-as-overall-homicide-numbers-fall--says-new-research-from-unodc-and-un-women.html
(1) EXAMINATION OF KNIFE CRIMES AGAINST WOMEN. Murat Delice, Murat Yasar.
https://www.semanticscholar.org/paper/EXAMINATION-OF-KNIFE-CRIMES-AGAINST-WOMEN-Delice-Yasar/2a14a51e72d136965b0e76d3fbeb8b7488b93fac
- The Prevalence of Domestic Violence Against Women Among a Group Akar, T., Aksakal, F. N., Demirel, B., Durukan, E. and Özkan, S. (2010).
https://link.springer.com/article/10.1007/s10896-010-9306-8
- The Association between Domestic Violence and Self-Harm in Emergency Medicine Patients. Emergency
Medicine Journal, 23(8), 604–607. Boyle A., Jones P. and Lloyd S., (2006).
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16858090/