02/07/2023
Les agressions à l'arme blanche semblent rythmer l'actualité et choquent par leur violence. Ces attaques au couteau semblent être plus fréquentes dans l’hexagone.
Une vague d’attaques au couteau en France, aurait-t-elle déferlé soudainement ? Ou non. Vague : « Ce dont on ne peut pas prendre conscience avec précision, netteté, rigueur... » (1). Cela résume parfaitement la situation.
Concernant les attaques au couteau en France, absolument personne ne peux se prétendre être en capacité d’affirmer quoi que ce soit au niveau statistiques.
Tout simplement parce qu’il n’existe pas de chiffres spécifiques, précis et officiel. Le couteau entre dans la catégorie des armes blanches et est comptabilisé ainsi. À l’égal d’une fourchette ou d’un marteau.
« Une épidémie de meurtres et d’agressions que les autorités refusent de regarder en face » (2). Une épidémie ? Les faits divers sont omniprésents dans les médias.
Depuis le XVIe siècle, ils relatent auprès des lecteurs des événements hors norme, croustillant ou sanglant qui cadencent le quotidien de notre société. Heureux, épouvantable ou étrange, il suscite chez le lecteur un large éventail d’émotion.
S’il était autrefois réservé aux journaux populaires à deux sous, il a depuis gagné l’ensemble des médias de grand chemin, y compris la presse intellectuelle, qui voit, à tort ou à raison, dans certains de ces événements, la marque de faits sociologique plus large.
En dix ans, le nombre de sujets consacrés aux faits divers dans les journaux télévisés du soir sur les chaînes historiques a augmenté de 73 % (3).
Est-ce qu’il serait possible de prétendre que si un fait de société est passé sous silence pendant des années, comme des milliers d’autres, soit exposé soudainement au feu des projecteurs, cela puisse révéler simplement qu’il existe ? Et que la soudaineté d’une « vague » qui déferle en France ne serait qu’un biais journalistique.
« Avec plus de cinq sujets en moyenne par jour », les journaux TV ont consacré aux faits divers sur l'année 2012 un total de « 2 062 sujets contre 1 191 il y a dix ans » selon un baromètre de l'Institut national de l'audiovisuel.
« La nature a horreur du vide, c’est la même chose dans le journalisme... » (3) Matthieu Wintrebert, secrétaire général de la rédaction à l’agence AP (Associated Press). Dans ce cas, il est, en effet, possible de parler d'épidémie (4).
« Attaque » au couteau : en escrime (escrime lame courte ou longue) « l’attaque » est un « Mouvement, coup porté par le tireur pour désorienter et toucher son adversaire. Avoir de l'attaque : 6.
Un vieux, trente ans, conseillait un jeune, dix-huit ans, et lui expliquait à quel adversaire il avait affaire : − Diable ! Méfiez-vous. C'est une belle épée. Son jeu est net. Il a de l'attaque, pas de feintes perdues, du poignet, du pétillement, de l'éclair, la parade juste, et des ripostes mathématiques... ».
Encore une fois, il est, en effet, possible de parler d'épidémie d’effet de manche journalistique.
Même dans des études au long cours les agressions et crimes au couteau sont noyés statistiquement dans la masse des chiffres en France. Jérôme Cros et son équipe (5) ont effectué une étude de 15 ans sur les décès par homicides dans la banlieue ouest de Paris.
L'objectif était d'analyser le schéma des homicides et son évolution entre 1994 et 2008. Tous les rapports d'autopsie concernant les homicides de la période du 1er janvier 1994 au 31 décembre 2008 ont été revus rétrospectivement. 511 cas d'homicide ont été sélectionnés sur 4 842 cas d'autopsie.
Les données suivantes ont été enregistrées :
Le taux d'homicides a régulièrement diminué au cours de la période, à l'exception du nombre de suicides par an, qui est resté constant. Les victimes d'homicide sont restées non identifiées après les enquêtes médico-légales dans 2 % des cas.
Les cas d'homicides d'enfants et de personnes âgées représentaient respectivement 10,7 % et 8,2 % des cas. Les agresseurs étaient de sexe masculin dans 88 % des cas.
Les agresseurs masculins et féminins présentaient des schémas d'homicide distincts :
La victime connaissait le ou les agresseurs dans 57 % des cas. Les homicides ont surtout eu lieu au domicile de l'agresseur ou de la victime. Le motif de l'homicide était clairement déterminé dans 71 % des cas. La dispute était le motif le plus fréquent dans 44 % des cas. Les agressions sexuelles ont été rarement documentées (10 cas).
Les blessures par balle étaient la cause la plus fréquente de décès (37 %), suivies des blessures par arme blanche (27 %), des traumatismes contondants (19 %) et de l'asphyxie (13 %).
Une diminution des blessures par balles comme cause de décès a été constatée sur la période étudiée.
L'alcool était le toxique le plus couramment détecté dans le sang de la victime, dans 48,5 % des cas lorsque les résultats toxicologiques étaient disponibles. L'alcoolémie variait de 1 à 500 mg/dL avec une valeur moyenne de 150 mg/dL.
Les médias de grands chemins, qui n'ont que leurs objectifs particulier, ne s'appuyant sur aucune étude, vont continuer à diffuser cette fausse information.
Il n'y pas, à ce jour, de vague d'attaques au couteau en France.
Les attaques aux couteaux et les homicides en Corée ne se différencient culturellement et... Attaque aux couteaux et homicide en Corée du Sud
Lorsqu’il s’agit de répondre à la possibilité de survivre à une attaque au couteau mortelle, il faut indubitablement se tourner vers la recherche ... Peut-on survivre à une attaque au couteau mortelle ?
Sources :
(1) https://www.cnrtl.fr/definition/vague
(2) Vague d'attaques au couteau en France
https://www.causeur.fr/vague-attaques-au-couteau-en-france-trappes-montpellier-237970
https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-00879661/document
(4) Le parloir d'ALIBI
https://podcasts.audiomeans.fr/le-parloir-d-alibi-21cdeebeeacf/episode-1--medias-and-faits-divers-4e30fba3
(5) Homicidal deaths in the Western suburbs of Paris: a 15-year-study
Jérôme Cros, Jean-Claude Alvarez, Emilie Sbidian, Philippe Charlier, Geoffroy Lorin de la Grandmaison
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22922553/
(6) https://www.vie-publique.fr/en-bref/288058-insecurite-et-delinquance-les-premiers-chiffres-2022