03/12/2023
C'est un homme. Si ce ne sont les recherches de Joshua Harms et Madison Bush (1), aucune méta-analyse digne de ce nom n’a encore, à ce jour, été réalisé sur le lien entre le sexe des agresseurs et ce type d’attaque.
Malgré cela et au vu de la multiplicité des recherches effectuées, il est possible de tirer un portrait-robot de celui-ci.
Afin de comprendre qui est cet homme, il faut au préalable rester sourd face aux jappements de la meute médiatique, qui ne s’évertue à ne faire qu'une seule chose, propager la peur. Que cela soit dans l'observation du nombre de décès au couteau par pays ou sur la quantité d'agression au couteau en France, il n'est en fait pas possible autrement que de s'appuyer sur des statistiques mondiales (5).
En raison de l'ampleur de sa violence, due au nombre de vies perdues perçues, la violence découlant des conflits armé reçoit beaucoup plus d’attention de la part de la communauté internationale que les violences du quotidien. Pourtant, les homicides au couteau, ou autres, intentionnels existent de par le monde.
Et comme dans de nombreux pays à taux élevé d'homicides, cela représente, dans le temps, bien plus de vies perdues que celles imputable à une guerre ou à un conflit.
Plusieurs facteurs interviennent dans le processus qui mène à la commission d'un homicide. Qu’il s’agisse de la disponibilité d’une arme (ou de son absence) ou de l’usage de substances psychoactives, qui peuvent agir comme des catalyseurs d’homicide, ces éléments peuvent façonner les schémas et les niveaux d’homicide.
Tous les homicides ne les impliquent pas, mais les armes jouent un rôle important dans les homicides. Avec leur haut niveau de létalité, les armes à feu sont les armes les plus utilisées, représentant 4 homicides sur 10 au niveau mondial, tandis que les « autres moyens », comme la force physique et les objets contondants, entre autres, tuent un peu plus d’un tiers des victimes d'homicide, tandis que les objets tranchants en tuent un quart.
L'usage des armes à feu est particulièrement répandu sur le continent américain, où les deux tiers des homicides sont commis avec des armes à feu, tandis que le couteau (ou les objets tranchants) est plus fréquemment utilisés en Océanie et en Europe.
Cependant, toutes les zones à taux élevé d’homicides ne sont pas associées à une forte prédominance d’homicides par arme à feu. À titre d’exemple :
Approximativement, 81 % des victimes d’homicide enregistrées en 2017 concernaient des hommes, des enfants et des adolescents. Ce taux mondial d’homicides parmi la population masculine est environ quatre fois supérieur à celui des femmes, des enfants et des adolescentes.
Cette tendance générale s’applique à chaque région du monde, même s’il existe des variations. Par exemple, les taux d’homicides chez les hommes sont 8 à 11 fois plus élevées que les taux chez les femmes dans certaines régions du continent américain. Une marge beaucoup plus large que celle observée dans d’autres régions du monde.
Même si les hommes sont plus susceptibles que les femmes d’être victimes d’un homicide, ils sont encore plus susceptibles d’en être les auteurs. Plus de 90 % des suspects dans les affaires d’homicide en 2014, 2015 et 2016 étaient des hommes.
Sur un peu plus de 133 500 personnes officiellement mises en contact avec le système de justice pénale pour homicide intentionnel dans 49 pays et territoires en 2016, seules 10 % étaient des femmes.
Le rapport de masculinité des condamnations pour homicide a suivi une tendance similaire : dans 74 pays pour lesquels des données sont disponibles entre 2010 et 2017, les femmes ne représentaient que 6 % de toutes les personnes reconnues coupables d'homicide.
La part en Europe (9 %) étant légèrement supérieure à celle des femmes condamnées pour homicide en Afrique (5 %), dans les Amérique (7 %) et en Asie (6 %).
D’après une base de données constituée sur des homicides auprès de la Cellule opérationnelle de rapprochements et d’analyse des infractions liées (CORAIL) de la Direction régionale de la police judiciaire de Paris, il est évalué à 838 le nombre de faits commis entre 2007 et 2016 à Paris et en petite couronne (2).
Cela représente un nombre annuel moyen de 84 homicides, ce qui correspond à un taux d’homicide moyen de 1,24 homicide pour 100 000 habitants.
Les données collectées permettent de caractériser les circonstances de ces homicides. Il est constaté ainsi que, sur l’ensemble de la période étudiée, la majorité des victimes, mais également des mis en cause, sont des hommes (respectivement 68 % et 70 %). Deux homicides sur dix ne donnent lieu à l’identification d’aucuns mis en cause malgré le fait que la fréquence d’élucidation soit de 80 %.
Dans 58 % des homicides en France commis à Paris et en petite couronne entre 2007 et 2016, les victimes et les mis en cause se connaissent, qu’il soit question d’une relation conjugale, familiale, ou une simple connaissance. Parmi les homicides commis par des mis en cause connaissant la victime, il est constaté :
Près de la moitié des faits se déroulent, contrairement aux croyances, dans un lieu d’habitation, qu’il soit celui des victimes, des mis en cause, ou encore un autre logement (49 %).
Près de 7 homicides sur 10, sont accomplis avec usage d’une arme (69 %), principalement des armes blanches (36 %) ou des coups de couteau mortel.
Mais également des armes à feu (21 %). Les configurations mobilisant une arme par destination ou un autre procédé représentent 12 % des faits. (2)
Aux États-Unis, la deuxième arme la plus couramment utilisée pour commettre un homicide est le couteau (1). En moyenne, plus de 1 500 personnes sont assassinées chaque année de cette manière aux États-Unis.
Aux États-Unis, peu d’attention est portée sur la violence de l’attaque au couteau. Cependant, il n’en va pas de même partout dans le monde. Après avoir examiné une sélection de littérature internationale, la présente étude (1) a pour objectif d’analyser à la fois les victimes et les auteurs d'homicides par armes blanches aux États-Unis, en les comparant aux auteurs et aux victimes d'homicides par arme à feu.
Cette recherche a été réalisée en analysant les données des rapports supplémentaires sur les homicides de 2014 à 2016. Les comparaisons entre les homicides commis avec une arme à feu et les attaques au couteau portaient sur les données démographiques de la victime et du délinquant, ainsi que sur la relation entre la victime et le délinquant.
Des analyses bivariées et multivariées (3) sont utilisées pour démontrer que les victimes et les délinquants d'homicides au couteau constituent un groupe significativement différent des victimes et des délinquants d'homicides par arme à feu.
Aux États-Unis, les victimes et les auteurs de d'agressions au couteau sont plus susceptibles :
Dans le cas d'un homicide au couteau, la victime et l'agresseur, qui est un majoritairement un homme, sont également beaucoup plus susceptibles d'être étroitement liés l'un à l'autre.
Comme de nombreux autres pays, aux États-Unis, le problème de la violence au couteau ressemble beaucoup plus à la violence domestique qu'à la criminalité de rue typique impliquant des armes à feu.
Pour cette raison, les homicides au couteau ne devraient pas être approchés dans le même cadre théorique que les homicides par arme à feu.
De plus, les politiques nécessaires pour lutter efficacement contre ce problème seront obligatoirement différentes de celles destinées à dissuader les homicides par arme à feu.
Dans les régions d'Oslo et de Copenhague, 141 homicides au couteau ont été commis pendant la période allant de 1985 à 1994 (4). Force est de constater que le mythe de l'agression de rue au couteau est bien réel et que c’est un homme qui attaque le plus.
Les homicides durant lesquels les armes de force vive ont été utilisées à représenté 33 % des homicides au cours de cette période :
3 agresseurs se sont suicidés après avoir commis un ou des homicides (7 victimes, 3 agresseurs).
La présente étude (5) prospective a été réalisée sur l'autopsie de toutes les blessures à la gorge par un objet tranchant entre juillet 2009 et mai 2012 à Kingston, en Jamaïque.
Les hommes ont dominé la liste des victimes, contribuant à 71,62 %. La majorité d'entre eux était âgée de 21 à 30 ans et de 31 à 40 ans, ce qui représentait 33,78 % et 35,13 % respectivement.
Les hommes qui ont attaqué avec un couteau ou un objet tranchant ont dominé la catégorie des homicides, contribuant à 72,22 % des cas.
La majorité des cas étaient des homicides représentant 97,29 % des cas, 2,7 %, seulement, étaient des suicides (aucun accident n’a été signalé.).
Il est possible de faire le tour de la terre, sans fin, afin de savoir qui est l'homme qui attaque au couteau. La réponse restera toujours la même. Ce n’est pas qui il est qui est important, mais pourquoi agit il ainsi ?
Les drogues et l'alcool peuvent conduire à certains types de crimes violents. Elles sont nécessairement liées à la criminalité par trois mécanismes bien reconnus :
La polarisation existe non seulement en termes de lieu où l’homicide se déroule, mais aussi en termes de sexe de ses victimes et de ses auteurs.
Dans le contexte des relations familiales et conjugales, les femmes sont considérablement plus à risque que les hommes, mais 79 % de toutes les victimes d’homicide dans le monde sont des hommes.
En outre, environ 95 % des auteurs d’homicides à l’échelle mondiale sont également des hommes ; une part qui est constante dans tous les pays et régions, quelle que soit la typologie de l’homicide ou l’arme utilisée.
Le taux mondial d'homicides chez les hommes est près de quatre fois supérieur à celui des femmes (9,7 contre 2,7 pour 100 000) et est le plus élevé dans les Amérique (29,3 pour 100 000 hommes), où il est près de sept fois supérieur à celui de l'Asie, de l'Europe et de l'Océanie (tous inférieurs à 4,5 pour 100 000 hommes).
Cela est dû en grande partie aux niveaux plus élevés d’homicides liés au crime organisé et aux gangs dans les Amérique que dans d’autres régions. Si l’on tient compte du fait que 43 % de toutes les victimes d’homicide sont âgées de 15 à 29 ans, cela signifie que plus d’une victime d’homicide sur sept dans le monde est un jeune homme âgé de 15 à 29 ans vivant dans les Amérique.
Il existe un préjugé régional et sexiste en faveur des hommes victimes d’homicides liés au crime organisé et gangs, mais l'homicide interpersonnel sous la forme d’homicides liés au partenaire intime ou à la famille est loin devant.
Cependant, les homicides liés au partenaire intime ou à la famille touchent de manière disproportionnée les femmes : les deux tiers des victimes dans le monde sont des femmes (43 600 en 2012) et un tiers (20 000) sont des hommes. Près de la moitié (47 %) de toutes les femmes victimes d'homicide en 2012 ont été tuées par leur partenaire intime ou des membres de leur famille, contre moins de 6 % des hommes victimes d'homicide.
Ainsi, alors qu’une grande partie des femmes victimes d’homicide sont assassinées par des personnes censées s’occuper d’elles, la majorité des hommes sont tués par des personnes qu’ils ne connaissent même pas.
Jeunes à risque, la majorité des hommes et des femmes victimes d'homicide ont en commun leur jeunesse relative. Les tranches d'âge 15-29 ans et 30-44 ans représentent la grande majorité des homicides dans le monde, avec près de la moitié de toutes les victimes d'homicide âgées de 15 à 29 ans et un peu moins d'un tiers de 30 à 44 ans.
Le taux d’homicides chez les victimes masculines, âgées de 15 à 29 ans en Amérique du Sud et en Amérique centrale est plus de quatre fois supérieur au taux moyen mondial pour ce groupe d’âge. La tranche d’âge de 30 à 44 ans est toutefois plus à risque dans certains pays d’Amérique centrale, des Caraïbes et dans toutes les sous-régions d’Europe.
L’éducation semble être un facteur clé prépondérant dans l’évolution des niveaux d’homicides dans toutes les régions du monde. Plusieurs pays d’Asie à faible taux d’homicides ont suivi des chemins admirablement semblables : l’accent mis sur l’éducation et la formation s’est accompagné d’une baisse du taux d’homicides.
Cela suggère que de telles politiques peuvent jouer un rôle plus important dans la réduction de la violence interpersonnelle que n’importe quelle politique spécifique de prévention ou de sanction du crime.
Une étude des statistiques sur les homicides entre 1990 et 2005 dans divers pays montre également que les homicides étaient plus susceptibles de diminuer dans les pays qui investissaient davantage dans l’éducation et se concentraient sur l’élaboration de politiques à long terme dans ce domaine (6).
Une étude réalisée en Amérique latine et dans les Caraïbes a montré qu'une augmentation de deux points de pourcentage de la proportion de diplômés du secondaire était liée à une réduction du taux d'homicide d'une victime pour 100 000 habitants.
À l’inverse, la quantité de la population jeune dans les pays en développement peut exercer une pression supplémentaire sur le système éducatif et sur le marché du travail déjà surchargés.
Cette combinaison de densité démographique, d’un faible niveau d’éducation et de niveaux de chômage élevés pousse nécessairement les jeunes à adopter des comportements répréhensibles et agressifs, voire à se laisser attirer dans les structures du crime organisé.
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Sources :
(1) A Comparative Analysis of Knife and Firearm Homicides in the United States
Joshua Harms 1, Madison Bush 1
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36148686/
(2) Éléments de descriptions des homicides commis à Paris et en petite couronne entre 2007 et 2016
(3) Bivariées : méthode statistique qui permet d'examiner la relation entre deux éléments différents.
https://www.questionpro.com/blog/fr/analyse-bivariee/
Multivariée : famille de méthodes statistiques qui regroupe deux catégories : des méthodes descriptives et des méthodes explicatives.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Statistique_multivari%C3%A9e
(4) Homicide by sharp force in two Scandinavian capitals.
S Rogde , H P Hougen, K Poulsen
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/10704816/
(5) An autopsy study of 74 cases of cut throat injuries. Dinesh Rao. 2015
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2090536X14000781
https://www.unodc.org/documents/data-and-analysis/gsh/Booklet1.pdf