30/06/2024

Quelle est la défense contre une attaque au couteau ?

Quelle est la défense contre une attaque au couteau ?

La meilleure défense au couteau, c'est la fuite ! Faux et vrai. Il s’agit de la croyance populaire la plus ancrée dans l'inconscient collectif, qui consiste à affirmer avec acharnement que la meilleure défense contre une attaque au couteau est la fuite.

 

Étant donné que pratiquement tous les animaux sont vulnérables à la prédation à un moment de leur vie, ils utiliseront probablement la fuite comme stratégie anti-prédatrice.

 

Il serait de surcroît vraiment de temps de se poser la question sur l'efficacité de ce qui nous est vendu et est ce que les techniques de défense contre une attaque au couteau sont utiles ?

 

Une fuite réussie dépend pourtant d'une quantité de paramètres considérable pour être qualifié de « meilleure défense » pour l’humain.

 

L'évolution a produit de nombreuses expressions différentes du comportement de fuite qui reflètent des aspects tels que la biomécanique, la nature de la menace, l'écologie locale ou l'histoire individuelle, et qui vont de simples à extraordinairement complexes. La croyance n’y changera rien.

 

Sauf qu'absolument personne n'est en capacité d’apporter la moindre preuve factuelle de cette affirmation. Strictement personne !

 

Si ce n’est par l’intermédiaire de témoignages de théoriciens médiatiques (un témoignage n’est pas une preuve en science.) ou des pratiques martiales possédant des « styles » différents.

 

Strictement, aucune preuve factuelles en vidéo, ni de statistiques d'attaques au couteau en France ou d’études ne sont posées sur la table afin de corroborer ces propos.    

 

Pourtant ce qui devrait animer la réflexion et la crainte de ceux et celles qui donnent des conseils en lien avec la défense contre un couteau sont le non-respect de ces principes de bases : « La valeur d'usage de l'efficacité d'un système d'auto-défense n'a pour unique principe que d'être réellement utilisable par tous. » Kragma.

 

Essayez d’affirmer le contraire, preuves à l’appui, et vous subirez les foudres de centaines de croyants et d’incompétents agressifs.

 

L’agressivité est définie par Buss & Perry en 1992 (1) la considère comme une attitude hostile, qui peut se manifester à l’égard d’autrui par le biais de comportements d’agression physique (tels que l’usage de la force et de menaces dans l’intention de nuire) ou verbale (telles que la verbalisation ouverte de pensées à l’encontre d’autrui, et l’expression verbale de désaccords), qui peut aussi prendre la forme d’un sentiment de colère (qui s’exprime par une excitation physiologique ou une préparation à l’agression et parfois par une difficulté à gérer ses émotions) voire d’un sentiment d’injustice et de mauvaise volonté.

Contre un couteau ou un danger les animaux fuient naturellement

La fuite est un comportement de défense qui se manifeste chez les animaux humains ou non-humains lorsqu'un congénère (ou un danger) inamical traverse la distance de fuite ou la zone de proxémie (2).

 

La fuite est l'un des comportements animaux les plus étudiés, et il existe une théorie directive riche qui relie les propriétés de la menace aux actions évasives et à leur timing.

 

Les principes comportementaux de la fuite sont conservés de manière évolutive et reposent sur des étapes de calcul élémentaires telles que :

  • la gestion de la distance par rapport au danger ;
  • la classification des stimuli sensoriels ;
  • l'exécution de mouvements appropriés.
  • etc.

L’humain n’y échappe pas, car jusqu’à preuve du contraire homo-sapiens est un animal comme les autres qui a subi des milliers d’années d’évolution adaptatives face au danger. Il est possible de voir ces réactions instinctives lors d'attentat au couteau et de réaction de la foule.

 

La fuite n'est qu'une des nombreuses actions possibles dans le répertoire défensif de la plupart des animaux, et, pour chaque rencontre avec une menace, l'action défensive avec la plus grande probabilité de succès devrait en principe être choisie.

 

Le choix optimal dépend de multiples facteurs concernant à la fois l'environnement et les propriétés de la menace, qui doivent être pris en compte lors de la sélection des mesures d'évasion ou alternatives.

 

Une alternative de défense canonique à l'évasion est le comportement d’inhibition (théorisé par Henri Laborit) qui a pour objectif principal d'éviter la détection (3).

 

Comportement extrêmement dangereux adopté par une grande quantité d’humain face à un couteau.

La défense parfaite contre un couteau n’existe pas

Affirmer que la meilleure technique de self défense contre une attaque au couteau ne consiste qu’à une seule chose : enfoncer une porte ouverte.

 

Fuir, combattre ou s'inhiber sont les réactions éthologiques humaines ancestrales, normales et rédhibitoires chez homo-sapiens. La croyance n’y changera rien. Une croyance contemporaine comme une autre, comme celle de se poignarder pour un simple regard

 

Face à des prédateurs potentiels, les animaux humains ou non-humains décident instinctivement s’il existe une menace à laquelle ils doivent s’échapper, ainsi que quand, comment et où prendre des mesures d’évitement.

 

Alors que la fuite est souvent considérée en éthologie classique comme une action délibérée lors de la présentation de stimuli spécifiques, un comportement d'évasion réussi et adaptatif repose sur l'intégration des informations provenant des systèmes sensoriels, des connaissances stockées et d’états internes.

 

Du point de vue des neurosciences, la fuite est un modèle excessivement riche qui offre des possibilités d’investigation de processus tels que la prise de décision perceptuelle et basée sur des valeurs, ou la sélection d’actions, dans un contexte éthologique (4).

Les paramètres comportementaux et le contexte face au couteau

Face à une attaque au couteau, si vous avez la possibilité d’avoir une longueur d'avance, suffisamment d'assurance en vous pour tourner le dos au danger et la force physique nécessaire, la fuite est la meilleure défense.

 

Mais uniquement si l'ensemble de ces conditions sont cochées. Cela fait beaucoup de « si » pour affirmer que, la meilleure défense au couteau, c'est la fuite !

 

Sinon cela ne sert à rien de fantasmer sur les réseaux sociaux, il n’y aura, ni le temps, ni la possibilité, ni les capacités comportementales pour fuir.

 

Pour réagir autrement qu'avec ce que la nature nous a doté. C'est-à-dire un certain nombre de gestes réflexes et brouillons, liés à la survie, il suffit de constater que la parade contre une attaque au couteau parfaite n'existe pas.

Les statistiques au couteau ne mentent pas face à la croyance

Que ce soit en nombre absolu ou relatif, les attaques au couteau ont lieu dans des lieux clos, avec un couteau de cuisine et les femmes sont de surcroît bien plus susceptibles d'être victimes de tels crimes, avec ou sans couteau, que les hommes.

 

Les chiffres sont coriaces, d'autant plus qu'ils sont les mêmes dans tous les pays du monde, et soulèvent d'importantes questions sur la sécurité des femmes dans leurs relations les plus intimes.

 

Il n'y a trois que types d’agressions au couteau :

 

L’embuscade : qui même s'il n'y a pas de statistiques établis, semble être la plus répandue. Il s'agit d'un « Stratagème consistant à guetter d'un lieu dissimulé le passage d'un ennemi, d'un adversaire pour l'attaquer par surprise. ».

 

Dans le cadre d'une embuscade, la fuite afin d’éviter le ou les premiers coups est impossible.

 

La menace : utilisé majoritairement afin « d’obtenir quelque chose ». Principalement lors d’un vol ou lorsqu’il s’agit de faire reculer l’adversaire. Dans l’immense majorité des cas, la fuite est impossible, il est aisé de comprendre qu'il suffit de satisfaire la demande de l'agresseur pour mettre un terme au danger.

 

Le moindre refus, lenteur ou tentative de résistance transformera la « menace » en « attaque ». La fuite n'est pas la meilleure technique.

 

L’attaque : rapide et redoutable d'efficacité. Il faut de moins de 3 secondes pour infliger 3 coups de couteau. Inutile de s’étendre longuement sur le sujet, la fuite n'est encore une fois pas le meilleur moyen de survie.

L’éthologie et la gestion de la distance et l’évitement contre une agression au couteau

La gestion de la distance et l’évitement sont les solutions éthologiques préalables à la fuite contre un couteau.

 

Le champ visuel monoculaire de l'homme est limité (4), ce qui signifie que nous ne pouvons pas voir tout ce qui se passe autour de nous en même temps.

 

Nous devons donc constamment tourner la tête ou les yeux pour explorer notre environnement. Nous ne sommes donc tous simplement pas un animal prévu pour fuir face à un danger mortel arrivant dans notre dos.

 

L’évitement est bien sur la meilleure solution, mais est rarement utilisable contre les agressions au couteau. Il ne reste que la gestion de face de la distance.

 

Exemple : 

  • tourner autour d'une voiture ou d’un objet meuble ;
  • avoir accès à un bâton ou un objet contondant ;
  • avoir à disposition une chaise ou un tabouret ;
  • pouvoir interposer une table ;
  • etc.

Et en dernier recours, il faut fuir.

S’entraîner à la gestion de la distance au couteau

Il faut s'entraîner corps et âme, par la pratique du combat au couteau de sport ou escrime lame courte, à éviter le tranchant par l'utilisation de l'évitement et de ses jambes.


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Sources :

 

(1) Buss, A. H., & Perry, M. (1992). The Aggression Questionnaire. Journal of personality and social

psychology, 63(3), 452- 459. https://doi.org/10.1037/0022-3514.63.3.452

(2) https://www.psychologue.net/articles/distance-et-espace-proxemique-dans-les-relations-sociales

(3) Cognitive Control of Escape Behaviour Dominic A. Evans, A. Vanessa Stempel, Ruben Vale, and Tiago Branco, https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6438863/

(3) Cognitive Control of Escape Behaviour Dominic A. Evans , A. Vanessa Stempel , Ruben Vale, Tiago Branco 

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1364661319300403

(4) https://acces.ens-lyon.fr/acces/thematiques/neurosciences/actualisation-des-connaissances/perception-sensorielle-1/vision/comprendre/cas_anomalies_vision/tech_explo_vision/interpretationAnomalie

(*) Functional sophistication in human escape

Author links open overlay panelJuliana K. Sporrer, Jack Brookes, Samson Hall, Sajjad Zabbah, Ulises Daniel Serratos Hernandez, Dominik R. Bach https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2589004223023179