30/09/2024
Parmi les armes utilisées lors des attaques violentes, les armes blanches, telles que les couteaux, jouent un rôle significatif.
Aux États-Unis, en 1992, les blessures mortelles ont engendré des coûts estimés à 126 milliards de dollars, auxquels s’ajoutent 51 milliards de dollars liés spécifiquement aux blessures causées par des coups de couteau.
Malgré le lien bien établi entre l’utilisation de l'arme blanche dans les meurtres et la probabilité de blessures mortelles, la majorité des recherches se sont concentrées sur l’impact des armes à feu dans les blessures violentes aux États-Unis (*).
Cette focalisation limite la portée des résultats à d’autres pays, où l’utilisation des armes à feu est bien moins courante.
En effet, dans de nombreuses régions du monde, la disponibilité des armes à feu est plus restreinte, rendant les résultats américains difficilement applicables à d’autres contextes internationaux.
Par exemple, aux États-Unis, les armes à feu sont impliquées dans environ 70 % de l’ensemble des homicides. En revanche, en Angleterre et au Pays de Galles, les statistiques sur les agressions au couteau gouvernementales indiquent que les objets tranchants, tels que les couteaux, sont le principal mécanisme d’homicide, représentant 29 % des cas, tandis que les armes à feu ne sont utilisées que dans 9 % des homicides.
De plus, en 2004, les armes à feu étaient associées à seulement 1 % de l’ensemble des crimes violents en Angleterre et au Pays de Galles, alors que l’utilisation d’armes dans sa globalité atteignait 22 % des crimes violents.
Ces disparités montrent l'importance de prendre en compte le type d'arme et le contexte géographique pour mieux comprendre les dynamiques de la violence interpersonnelle à l’échelle mondiale.
La littérature internationale sur les mécanismes d'assaut et les blessures non mortelles est limitée. Bien que des taux de blessures mortelles par type d'agression soient disponibles pour certains pays, les données sur les différents types de blessures par armes blanches non mortelles sont inexistantes.
Une étude menée par Fingerhut et al. (1) a comparé les taux d'homicides par arme blanche et par arme à feu dans 11 pays. Les taux d'homicides par coupure ou perçage varient de 0,2 (France) à 1,1 (États-Unis) pour 100 000 habitants, tandis que les taux d'homicides par arme à feu vont de 0,1 (Angleterre et Pays de Galles) à 5,9 (États-Unis) pour 100 000 habitants.
Cela montre l'importance d'étudier les mécanismes d'agression et la gravité des blessures au niveau international.
Pour y parvenir, cette étude (2) propose d'exploiter les données provenant des services d'urgence, qui enregistrent régulièrement le mécanisme des blessures.
Ces données peuvent être utilisées pour mieux classer la gravité des blessures et identifier une mesure universelle applicable à divers contextes.
Les données étudiées ont été établies à partir du Département des urgences de l'University Hospital of Wales, au Pays de Galles du 22 mars 1999 au 31 mars 2005 sur les patients ayant été traités
dans un service d'urgence britannique pour des blessures liées à des actes de violence.
L'étude a analysé les données couvrant une population de 1,5 million d'habitants. Un total de 24 660 patients, représentant 31 315 blessures, ont été inclus dans l’échantillon.
Parmi eux :
La majorité des blessures (55,7 %) ont été infligées :
En termes de nombre de blessures, 81 % des patients n’en ont subi qu’une seule, 14,6 % en ont eu deux, et 4,5 % en ont eu trois ou plus.
Concernant le nombre d’agresseurs, 62 % ont été blessés par une seule personne, 12,3 % par deux agresseurs, et 25,7 % par trois ou plus.
Les parties du corps les plus touchées étaient :
Cette recherche suggère que l'utilisation d'une arme blanche est fortement liée à une aggravation de la gravité des blessures, ce qui confirme les conclusions de recherches antérieures indiquant que les blessures causées par des armes sont généralement plus graves.
Cependant, dans cet échantillon, l'utilisation des pieds a entraîné des blessures plus graves que les autres mécanismes, contrairement aux attentes. De plus, les objets contondants, plutôt que les objets tranchants, ont été les plus susceptibles de provoquer des blessures graves.
Les objets pointus, bien qu'étant les plus utilisés dans les homicides en Angleterre et au Pays de Galles, sont moins susceptibles d'entraîner des blessures graves par rapport aux pieds, objets contondants ou autres parties du corps.
Cette constatation pourrait s'expliquer par la distinction insuffisante entre les types d'objets pointus (ex. : couteaux vs. verres ou bouteilles cassées).
En conclusion, l'analyse montre une relation non linéaire entre l'âge et la gravité des blessures : les personnes autour de 47 ans sont les plus susceptibles de subir des blessures graves,
peut-être en raison d'une vulnérabilité physique accrue et d'une exposition plus fréquente à des comportements à risque dans des environnements dangereux.
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Sources :
(1) International comparative analysis of injury mortality. Findings from the ICE on injury statistics. International Collaborative Effort on Injury Statistics. L A Fingerhut, C S Cox, M
Warner
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/10662354/
(2 ) Non-firearm weapon use and injury severity: priorities for prevention I R Brennan, S C Moore, J P Shepherd
https://injuryprevention.bmj.com/content/12/6/395
(*) Costs of gunshot and cut/stab wounds in the United States, with some Canadian comparisons. T R Miller, M A Cohen
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/9183471/