15/08/2024
Peut-on prédire les agressions au couteau avec la data ?
L'analyse des données sur les crimes commis sur une période de 1 an pourrait potentiellement aider à identifier les quartiers londoniens les plus susceptibles de connaître des agressions au couteau mortelles l'année suivante.
C'est ce que révèlent les dernières recherches (1) menées par des criminologues de l'université de Cambridge en collaboration avec la Metropolitan Police de Londres.
Ces chercheurs ont démontré que le nombre d'attaques au couteau causant des blessures sur un an est directement lié à un risque accru de crimes au couteau mortels dans les mêmes zones l'année suivante.
Corrélation entre agressions non mortelles et homicides
John Massey, du service des homicides du « Met’s Homicide Command », a scrupuleusement analysé des milliers de dossiers de crimes au couteau afin de localiser précisément les homicides où les victimes ont été poignardées ou coupées mais ont survécu en 2016/17.
Ce travail a permis de constituer ce qui pourrait être le premier ensemble de données sur les agressions au couteau non mortelles et les « points chauds » au Royaume-Uni.
Comme la France, au Royaume Unis les statistiques criminelles ne distinguent pas les incidents sans blessure des agressions où la victime a été blessée, cette étude s'est concentrée sur les 3 543 agressions au couteau survenues au cours de cette période de 12 mois, soit un ratio de 66 agressions non mortelles pour chaque homicide au couteau cette année-là.
Chaque agression au couteau a été géolocalisée dans l'une des 4 835 zones de recensement de Londres, certaines étant aussi petites que quelques terrains de football. Ces données ont ensuite été comparées aux 97 homicides de l'année suivante, 2017/18.
Risque d'homicide dans les zones à forte concentration d'agressions
Les résultats montrent que plus de la moitié de Londres (soit environ 2 781 zones) n'a enregistré aucune agression au couteau la première année, et seulement 1 % de ces zones ont connu un homicide l'année suivante.
En revanche, parmi les 41 zones ayant subi au moins six agressions au couteau, 15 % ont enregistré un homicide l'année suivante. Ces points chauds présentaient un risque 15 fois plus élevé de subir un homicide par couteau l'année suivante par rapport aux autres zones.
Les chercheurs concluent que les données sur la criminalité à coups de couteau fournissent un modèle prédictif robuste pour estimer les risques d'homicide au couteau l'année suivante.
Par exemple, les zones avec deux à quatre agressions au couteau présentaient un risque d'homicide de 4 % l'année suivante, tandis que celles avec cinq agressions présentaient un risque de 9 %, et les zones avec six agressions ou plus avaient un risque de 15.
Limites et perspectives de ce type de recherche
Malgré l'efficacité apparente de cette méthode, les chercheurs, dont Massey et ses collègues, avertissent qu'il ne faut pas se concentrer uniquement sur les points chauds d'agressions.
En effet, les 41 principaux points chauds de l'étude ne représentaient que 6 % du total des décès par couteau de l'année suivante.
De plus, la localisation des homicides est souvent changeante, comme le montre l'analyse des 590 homicides au couteau survenus à Londres au cours des 10 années précédant 2018, répartis sur 523 zones de recensement différentes.
Bien que le géocodage (2) annuel des agressions au couteau puisse fournir une base fiable pour prédire les homicides, cette méthode reste imparfaite.
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Sources :
(1) Forecasting Knife Homicide Risk from Prior Knife Assaults in 4835 Local Areas of London, 2016–2018
https://rd.springer.com/article/10.1007/s41887-019-00034-y
(2) Geocode