16/09/2024

Les meurtres à l'arme blanche en Tunisie

Les meurtres à l'arme blanche en Tunisie

Comme dans le reste du monde les meurtres commis avec une arme blanche sont la forme la plus courante de décès criminels en Tunisie.

 

L'autopsie des victimes est essentielle pour comprendre les blessures et le mécanisme des plaies. Il est crucial de comparer les constatations des autopsies avec les données judiciaires pour qualifier les faits juridiquement et déterminer la responsabilité des agresseurs.

 

Depuis la révolution de janvier 2011, les médias sont friands des attaques au couteau en Tunisie. Ils se sont beaucoup intéressés à cette violence, en particulier aux meurtres à l’arme blanche, sans connaissance particulière.

 

Bien que les homicides politiques existent, l'opinion publique perçoit une augmentation générale des meurtres chaque année.

 

En l'absence de statistiques nationales, une vue plus précise peut être obtenue à partir des dossiers des pathologistes régionaux.

Analyse des taux de meurtres à l’arme blanche

L'objectif principal était d'analyser les taux annuels d'agressions à l'arme blanche et de meurtres en utilisant les données post-mortem pour la région de Sfax, la deuxième plus grande région administrative de Tunisie, avec une population d'environ un million d'habitants, comprenant des zones urbaines et rurales.

Collecte des données :

Toutes les victimes de meurtres non politiques de la région sont amenées au service médico-légal de l’hôpital de Sfax. Cette étude rétrospective et descriptive couvre une période de neuf ans, de la chute du gouvernement tunisien le 14 janvier 2011 au 31 décembre 2019, et les données ont été comparées avec celles d’études précédentes dans le même service.

Statistiques globales de neuf années de recherche

Pendant ces neuf années, 109 victimes de meurtres ont été identifiées, avec une moyenne de 12 cas par an et un pic à 17 cas en 2016. Le taux global était de 1,2 homicide pour 100 000 habitants, sans tendance régulière dans les fluctuations.

  • Plus des deux tiers des victimes étaient des hommes, avec un âge moyen de 34,85 ans (allant de 8 à 90 ans). Près de la moitié étaient mariées (45 %), et les groupes les plus fréquents étaient les travailleurs précaires (40 %) et les chômeurs (28 %).
  • Un tiers des meurtres ont eu lieu dans une résidence privée, souvent liés à des conflits interpersonnels ; plus d’un quart étaient intrafamiliaux et 14 % entre partenaires intimes.
  • Il y a eu une certaine variation saisonnière, près des deux tiers des homicides ayant eu lieu au printemps et en été.

Comparaison avec les informations médiatiques

Contrairement aux informations médiatiques, aucune preuve d'une augmentation des taux d'homicides dans le sud de la Tunisie n'a été trouvée, bien que la situation puisse différer dans le nord du pays.

 

La variation saisonnière mérite une exploration plus approfondie, notamment pour comprendre l'impact des fluctuations de la santé mentale. Les armes blanches étant plus accessibles que les armes à feu, elles sont couramment utilisées dans les pays où les armes à feu sont moins accessibles.

 

Par exemple, concernant la criminalité au couteau Australie, les traumatismes par arme blanche représentent 390 cas pour 100 000 habitants. Ce phénomène est également prédominant en Europe, en Asie et dans d'autres pays occidentaux.

 

Les données sur les meurtres à l’arme blanche étant rares, identifier certaines caractéristiques de ces homicides aiderait les médecins légistes à comprendre les causes et modalités de décès dans des cas similaires.

Étude dans le nord de la Tunisie

Cette étude descriptive, rétrospective et transversale a été réalisée sur 11 ans (janvier 2007 à décembre 2017) dans le principal hôpital universitaire de Tunis, couvrant 10 des 11 gouvernorats du nord de la Tunisie, soit 42 % de la population totale (4,6 millions d’habitants).

 

Tous les cas de meurtre suite à un traumatisme brutal ou à l’arme blanche ont été inclus. Les cas de suicide et de décès accidentel ont été exclus.

Description de la population étudiée :

  • Durant cette période, 20 333 autopsies ont été réalisées, dont 405 pour meurtres causés par un traumatisme aigu, représentant 2 % des autopsies totales et 48 % des homicides.
  • L’âge moyen des victimes était de 33,9 ans, avec une prédominance masculine (rapport homme/femme de 4,7).
  • La majorité des victimes étaient célibataires (91,2 %) et vivaient en milieu urbain (68,4 %).

Conclusion de l'étude par force brutale

Les meurtres par force brutale dans le nord de la Tunisie concernent principalement des hommes, âgés en moyenne de 33,9 ans, souvent intérimaires ou chômeurs.

 

Les meurtres sont principalement perpétrés par des connaissances, lors de vols dans des lieux publics pour les victimes masculines, et par des partenaires intimes dans des conflits familiaux et conjugaux pour les victimes féminines, souvent à domicile.


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Sources :

- Homicidal sharp force cases : An 11-year autopsy-based study. Meyssa Belghith, Mehdi Ben Khelil, Elodie Marchand, Ahmed Banasr, Moncef Hamdoun. https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1752928X22000452
- Patterns of homicide in Sfax, Tunisia: A 9‐year cohort study (2011–2019) Wiem Ben Amar (University of Sfax), Hela Siala (University of Sfax), Malek Zribi (University of Sfax) https://www.researchgate.net/publication/363728614_Patterns_of_homicide_in_Sfax_Tunisia_A_9-year_cohort_study_2011-2019
- Mort criminelle par arme blanche dans la région de Kairouan, Tunisie : Etude rétrospective 2008-2018
Sarra Ben Abderrahim, Elyes Turki, Arwa Haddaji, et Raja Ghzel
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8974441/