19/04/2024
Selon l’Organisation mondiale de la santé, dans le monde, on estime que 736 millions de femmes ont subi au moins une fois des violences sexuelles ou physiques de la part d'un partenaire, ou les deux dans une année. (1) Dont les féminicides au couteau.
La violence au couteau contre les femmes est également un problème répandu en Turquie. De nombreuses études ont montré que les femmes sont victimes de violences dans toutes les régions du monde, sans aucune exclusion (2).
À l’identique de la France les statistiques de la criminalité en Turquie ne sont pas comptabilisées et analysées correctement (3). De ce fait, la problématique des féminicides semble encore d’autant plus vaste.
On peut résumer ces études comme étant la proportion courante dans le monde, en moyenne 1/3 des femmes subissent au moins un type de violence dans leur vie en Turquie. Quand il s'agit d'agression au couteau cela ne se passe pas dans la rue.
Les féminicides dans une population âgée de 16 à 44 ans causent plus de décès que les accidents de la route (4).
En outre, la violence contre les femmes entraîne généralement des blessures sur différentes parties du corps des victimes, des fractures osseuses, des pertes d'organes, des grossesses non désirées et des maladies vénériennes.
Les victimes de violence peuvent devenir :
De plus, tous ces dégâts entraînent des conséquences sociologiques et délétères pour les femmes et leur créer des difficultés à remplir leur rôle au sein de la famille, comme être une « mère de famille » ou une « bonne mère » (6).
L’un des problèmes majeurs liés à la violence à l’égard des femmes et aux féminicides, qu’il soit au couteau ou pas, est que ces cas se déroulent la plupart du temps à huis clos et que les victimes n’ont pas tendance à signaler ces cas (7).
Même si les sociétés sont devenues plus conscientes du problème (8). Prouve preuve, le nombre d’études examinant la violence à l’égard des femmes ne cesse d’augmenter. Pour autant les féminicides au couteau n’ont pas fait l’objet d’enquêtes adéquates, que cela soit en Turquie ou dans le reste du monde.
Ce type de violence est la plus grave et la plus meurtrière en Turquie (9). Des centaines de féminicides ont été perpétrés par les maris ou les petits amis au cours de la dernière décennie, et les couteaux sont l’outil criminel privilégié dans ces cas (10).
Dans cette étude (18), un ensemble de données ont été collectées pour une étude de recherche approfondie sur les féminicides au couteau en Turquie afin de savoir qui est l'agresseur.
Tous les dossiers concernant les affaires de crimes au couteau ont été collectés auprès des services de police dans une ville de taille moyenne, Erzurum (*), qui compte environ 800 000 habitants, sur une période de dix ans entre 2002 et 2012.
Il y a eu au total 3 061 cas de crimes au couteau et 12 757 personnes qui y ont été impliquées en tant que suspects, victimes ou témoins.
Au final, 514 cas de crimes au couteau, dont 557 féminicides, ont été sélectionnés et étudiés. Des statistiques descriptives ont été utilisées pour l’analyse.
La date, l'heure et le lieu de ces crimes, les données démographiques de leurs victimes, la relation entre leurs victimes et les suspects, les types et emplacements des blessures des victimes, le type de couteau utilisé par les suspects et les raisons pour lesquelles les suspects ont utilisé le couteau ont été analysés en profondeur.
Les résultats montrent que le nombre de féminicides était trois fois plus élevé par rapport au nombre de femmes suspectes dans 3 061 cas de crimes au couteau dans cette ville.
Ce qui indique que les femmes sont plus susceptibles d'être victimes de crimes et de coups de couteau multiples dans les meurtres sexuels.
Les crimes au couteau impliquant une femme incluent généralement un seul suspect. Plus de la moitié des suspects étaient des maris et des petits amis.
Ce résultat corrobore la littérature scientifique qui souligne que les principaux auteurs de violences contre les femmes sont les maris et les petits amis (12).
Si l'on prend en compte que 22,4 % des suspects sont des proches, on peut affirmer que près de 80 % des féminicides au couteau contre les femmes sont des cas de violence domestique.
Même si les suspects entretenaient des relations étroites avec les victimes, il semble qu’ils n’aient pas hésité à les blesser, les menacer, voire les tuer à coups de couteau.
Selon les résultats, les victimes de crimes au couteau contre les femmes peuvent appartenir à n'importe quel groupe d'âge, y compris les enfants.
Cependant, la tranche d'âge de 18 à 45 ans, qui comprend près de 70 % des victimes, peut être considérée comme un groupe à risque.
Les résultats montrent que près des trois-quarts des féminicides à coups de couteau étaient commis envers des personnes analphabètes, à peine alphabétisées ou diplômées de l'école primaire.
Il semble que ces résultats confirment le débat dans la littérature selon lequel les femmes ayant un faible niveau d'éducation scolaire sont plus susceptibles d'être victimes de violences (13).
Cependant, lorsque nous examinons le niveau d’éducation de la population générale de la ville étudiée, il est clair que la répartition des victimes de crimes au couteau est similaire à celle de la population générale de la ville en termes de niveau d’éducation.
Parmi tous les habitants de la ville, 10 % sont analphabètes, 9 % sont à peine alphabétisés et 45 % sont diplômés de l'école primaire.
De plus, la proportion de femmes dans ces groupes est bien plus élevée que celle des hommes.
Ces statistiques peuvent être interprétées comme si les femmes ayant un faible niveau d’éducation pourraient devenir victimes de crimes au couteau, tout comme les femmes ayant un niveau d’éducation plus élevé.
Selon les résultats, les féminicides au couteau contre les femmes se produisent plus fréquemment :
Confirmant les conclusions des études sociologiques antérieures (14). Homo sapiens n’est qu’un animal prévisible comme les autres.
Les humains sont biologiquement plus énergiques et ont plus d’interactions avec les membres de leur famille pendant ces périodes.
Ces résultats soutiennent les approches qui expliquent les crimes en fonction des activités quotidiennes des individus et des conditions environnementales telles que les conditions météorologiques (15).
Les résultats montrent que le nombre de crimes à coups de couteau contre les femmes dans les zones urbaines est neuf fois supérieur à celui des zones rurales.
Cette constatation conforte l’idée selon laquelle la dynamique de l’urbanisation augmente le nombre de crimes (16) et que le taux de criminalité est généralement quatre fois plus élevé dans les zones urbaines que dans les zones rurales (17).
Les résultats montrent également qu'environ la moitié des cas de crimes au couteau contre des femmes ont eu lieu dans la rue en présence de tiers et que la police a été informée de ces incidents principalement grâce aux appels d’urgence.
On peut déduire de ces conclusions que les suspects ne se souciaient pas d’être vue par d’autres individus ; cependant, ces individus ont volontairement signalé ces cas à la police.
Les résultats indiquent l’existence d’une structure patriarcale dans les féminicides, dans laquelle les suspects ne veulent pas respecter les décisions de leurs femmes et veulent qu’elles leur obéissent à ce qu’ils décident de faire.
Les résultats montrent également que près de la moitié des suspects n'ont pas regretté ce qu'ils ont fait. En d’autres termes, ils estiment que les femmes victimes méritent la punition qu’elles ont décidée.
Selon les conclusions, même si près de la moitié des suspects se sont présentés sur les lieux du crime sans aucune intention d'utiliser des couteaux contre les victimes ou de les blesser.
Après avoir pris leur décision, la majorité des suspects ont eu l'intention de blesser leurs victimes.
Les résultats montrent que la majorité des suspects ont été attaqués avec des couteaux une ou deux fois, et que la majorité des victimes ont également subi une ou deux blessures.
On peut déduire de ces conclusions que les suspects ont réussit chacune de leurs attaques et réaliser leurs vengeances.
De plus, il semble qu’ils fussent conscients et n’ont pas perdu le contrôle lorsqu’ils utilisaient des couteaux.
Si tel était le cas, ils ne s’arrêteraient pas après une ou deux attaques.
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Sources :
(1) Faits et chiffres : Mettre fin à la violence à l’égard des femmes
https://www.unwomen.org/fr/what-we-do/ending-violence-against-women/facts-and-figures
(2) Akar et al., 2010 ; Altınay et Arat, 2007 ; Ayrancı, Günay et Ünlüoğlu, 2002 ; Güler, Tel et Tuncay, 2005 ; Kocacık ; et Çağlayandereli, 2009 ; Korkut-Owen et Owen, 2008 ; Naçar et al., 2009 ; Tanrıverdi et Sıpkın, 2008.
(3) Polat et Gül, 2010.
(4) Griffin et Koss, 2002 ; Korkut-Owen et Owen, 2008
(5) Akar et al., 2010 ; Atman, 2003 ; Torres et al., 2010 ; Vachher et Sharma, 2010
(6) Kocacık et Çağlayandereli, 2009
(7) Medaric, 2011 ; Naçar et al., 2009
(8) Tonsing et Holloway, 2010
(9) CNNTURK, 2013
(10) Haberdesin, 2011 ; Kadın Cinayetlerini Durduracağız Platformu, 2012
(11) Akar et al., 2010 ; Delice, 2013a ; Delice et Teymur, 2013
(12) Akar et al., 2010 ; Delice, 2013a ; Delice et Teymur, 2013
(13) Altınay et Arat, 2007 ; Akar et al., 2010 ; Babu et Kar, 2009 ; Naçar et al. ., 2009 ; Stickley et coll.,2008
(14) Gürer, 2011 ; Yılmaz, 2011
(15) Hipp, Bauer, Curran et Bollen, 2004 ; Rotton et Cohn, 2003
(16) Hipp, Bauer, Curran et Bollen, 2004 ; Rotton et Cohn, 2003
(17) Leitt, 1998v
(18) Examination of Knife Crimes Against Women. Murat Delice, Erzurum City Police Department, Turkey
(*) https://fr.wikipedia.org/wiki/Erzurum
Murat Yasar. Kars City Police Department, Turkey
https://www.academia.edu/109873833/Examination_of_Knife_Crimes_Against_Women