12/02/2025

Les blessures au couteau sont-elles en augmentation dans le monde ?

Les blessures au couteau sont-elles en augmentation dans le monde ?

Même à l’échelle du monde, on constate une augmentation des blessures liées aux couteaux, qu’elles soient accidentelles, auto-infligées ou liées à des actes de violence :

  • Ces blessures représentent la sixième cause de mortalité dans le monde, contribuant à environ 9 % de tous les décès.
  • Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, près de 90 % des décès liés aux meurtrissures sont dus à un traumatisme.

Sauf que cette recherche (1) a révélé que les blessures par couteau représentaient, soit plus de 20 % des traumatismes traités aux urgences, mais avec une majorité de cas d’origine accidentelle.

Malgré le manque de transparence sur les chiffres, contusions thoraciques, qu'elles soient isolées ou accompagnées d'autres lésions, étaient les plus fréquentes.

La plupart des patients présentaient des blessures légères, avec une évolution généralement favorable vers une guérison complète.

L’exemple emblématique des coups de couteau au Royaume-Uni

  • À titre d’exemple, au Royaume-Uni, des études (2) ont montré que la fréquence des coups de couteau et des blessures représentent une part importante des traumatismes majeurs, avec une tendance à la hausse notamment dans les zones urbaines.
  • Une revue des données internationales (3) souligne par ailleurs que, bien que le profil des victimes varie selon les contextes, les jeunes hommes restent les plus touchés.
  • De plus, ces données insistent sur l’importance d’un enregistrement systématique des traumatismes pour orienter les politiques de prévention, un point crucial pour les pays en développement où les données sont souvent incomplètes.

Contexte et objectifs de l’étude en Égypte

C’est dans ce contexte que l’étude réalisée dans un hôpital universitaire majeur au Caire (Egypte) (4) a cherché à décrire les caractéristiques épidémiologiques des blessures par arme tranchantes, afin de comparer ces données avec les tendances internationales et de soutenir la création d’un registre national.

Principaux résultats et comparaison dans le monde

Incidence et variations saisonnières :

  • Sur une année, 611 cas de traumatismes ont été enregistrés aux urgences de l’hôpital, dont 140 cas (22,9 % avec un intervalle de confiance de 19,6 % à 26,2 %) étaient liés à des blessures par arme blanche.
  • La répartition mensuelle a montré des pics en octobre, février et mars, ce qui contraste avec d’autres régions (Exemple de la criminalité à l"arme blanche en Allemagne et au Ghana) où les pics interviennent en décembre ou en juillet. Ces différences témoignent de l’influence des facteurs géographiques et culturels, comme évoqué dans les études suivantes (2, 3).

Profil des victimes et caractéristiques des blessures

Démographie :

  • La majorité des victimes étaient des hommes (63,6 %), avec un âge moyen d’environ 30 ans, une observation en accord avec les études internationales (1,2).
  • La répartition sociale montre que plus de la moitié des victimes étaient mariées et près de 90 % avaient reçu une éducation formelle, ce qui indique que ces incidents touchent une population variée.

Nature et intentionnalité des blessures :

  • Dans cette étude, la plupart des blessures étaient accidentelles (ou liées à des querelles où le couteau était utilisé pour intimider plutôt que pour tuer), avec une prédominance de coupures au niveau de la poitrine (non-pénétrantes).
  • Ces résultats diffèrent des données de certains pays occidentaux mentionnées (1,3) où la violence intentionnelle et les blessures pénétrantes sont plus fréquentes, notamment dans le cadre d’agressions avec des objets tranchants.

Temps et lieu des incidents :

  • Environ 58,6 % des victimes se présentaient aux urgences entre 8 h et 17 h.
  • La moitié des incidents survenait à domicile, et le délai moyen de transport vers l’hôpital était d’environ 36 minutes, des données qui rejoignent les constatations internationales ([2]).

Le taux de mortalité était faible (0,7 %), ce qui est cohérent avec les résultats observés dans d’autres pays, et souligne l’efficacité des soins d’urgence, même si la gravité des lésions peut varier selon l’intentionnalité des blessures, accidentelles ou suite à une agression.

Conclusion

L’ensemble des données dans le monde et les résultats de l’étude égyptienne convergent vers plusieurs constats importants.

Les dommages au couteau représentent une part non-négligeable des traumatismes, mais leur nature (accidentelle ou intentionnelle) varie selon les contextes culturels et géographiques.

Dans l’étude menée au Caire, près de 23 %, des cas de traumatismes étaient dus à des blessures par couteau, avec une majorité d’incidents accidentels et des caractéristiques démographiques similaires à celles observées à l’international (jeunes hommes, incidents survenant principalement en journée).

Le faible taux de mortalité et les délais de prise en charge en urgence montrent l’efficacité des services de santé, tout en soulignant l’importance d’une intervention rapide.

Enfin, l’absence d’un registre national pour chaque pays limite la compréhension complète du phénomène et la mise en place de politiques ciblées.

Une meilleure collecte des données, telle que recommandée dans la littérature (3), est indispensable pour adapter les stratégies de prévention aux spécificités locales.

Ce travail renforce ainsi la nécessité d’une surveillance accrue des traumatismes par couteau et d’une harmonisation des données à l’échelle internationale pour mieux orienter les politiques de santé publique et réduire l’impact sur la mortalité mondiale.


Comment neutraliser un individu armé d'un couteau ?

Comment neutraliser un individu armé d'un couteau ? Le désarmement pur et simple est quasi impossible, car il est très difficile de contrôler la trajectoire, le bras ou le poignet d'un adversaire...

Fréquence des coups de couteau dans le dos : réalité ou mythe ?

Fréquence des coups de couteau dans le dos : réalité ou mythe ? Les données montrent que les agressions au couteau ciblant le dos sont rares, en particulier par rapport aux blessures par armes...