16/11/2024
Les faits médiatiques suggèrent que, si certains jeunes commettent des crimes, ils sont souvent issus de banlieue défavorisées ou issus de minorités ethniques, armées d’un couteau.
Il ne s’agit au mieux, que d’un instantané de la sombre réalité d’une très petite minorité de criminalité à
l'arme blanche.
Au pire, ce type d’image sur ces crimes, reproduit sans contestation et sans réserve sur nos écrans, conduit à un climat politique punitif, anxiogène et malavisé qui risque de ne pas atteindre
les personnes qu’il vise à informer.
En France, nous sommes à l’aube de subir la même désinformation que le Royaume Unis, qui vit cela depuis 15 ans, malgré les contestations sans faille de la communauté scientifique
internationale.
Selon une étude menée par l’Institut des relations raciales (IRR) (1), la représentation médiatique et la réponse du gouvernement à cette « épidémie de crimes au couteau » ont créé une image
déformée de la réalité sur le terrain.
Dans cette étude, le terme « race » (2), désigne des groupes ethniques, géographiques ou culturels. Contrairement à la France (3) ce terme est utilisé différemment dans les pays anglophones
comme les États-Unis ou le Canada. De surcroît, les statistiques ethniques sont autorisées dans ces pays.
L’IRR publie ici un résumé de ses principales conclusions pour 2008 (4). Cet institut vise à fournir une description de qui a été tué, par qui et dans quelles circonstances. Une description
factuelle qui manquait largement dans la plupart des évaluations médiatiques et politiques de l’époque.
En 2008, la capitale britannique a été confrontée à une série de meurtres de jeunes, marquant la deuxième année consécutive de hausse (26 adolescents tués en 2007 et 30 en 2008, par rapport à une moyenne stable de 17 par an depuis 2000).
Cette tendance semble s'être inversée en 2009, avec seulement 13 décès, mais l'année 2008 a été marquée par une couverture médiatique importante, notamment de trois meurtres très médiatisés
d’adolescents blancs, mettant en lumière la menace des « crimes au couteau » et des « gangs d’adolescents ».
En réponse à cette vague de meurtres, le gouvernement a rapidement mis en place plusieurs mesures pour tenter d'enrayer cette violence, dont un plan d’action contre la délinquance juvénile, lancé
en juillet 2008.
Ce plan, doté d’un financement de 100 millions de livres sterling, visait à traiter les « familles à problèmes » et à renforcer les pouvoirs de la police pour effectuer des interpellations et fouilles.
Un autre programme, le « Programme d’action contre les couteaux » (TKAP) (*), a été lancé avec un budget de 2 millions de livres sterling pour les dix zones de police les plus touchées par la violence au couteau.
Cependant, la façon dont les médias et le gouvernement ont abordé la question des « crimes au couteau » et des « gangs d’adolescents » a été critiquée par plusieurs études.
Ces analyses soulignent notamment les connotations raciales de ces termes, qui ont souvent renforcé des stéréotypes, en particulier ceux concernant les jeunes noirs.
L’évolution des stéréotypes raciaux : L'image des « agresseurs » noirs des années 1980 s’est progressivement transformée en celle de gangs d’adolescents noirs armés de couteaux.
Cependant, une étude de l'IRR sur les 73 meurtres violents d’adolescents en 2008 révèle une réalité bien plus complexe, contredisant largement l'approche médiatique et politique.
Une réalité plus complexe des meurtres d'adolescents : Cette étude montre que la majorité des adolescents tués l'ont été par des adultes, souvent dans des contextes de violence domestique ou lors
de bagarres nocturnes.
Voici les résultats clés de cette étude :
Parmi les meurtres impliquant des gangs ethniques, seuls deux cas sont clairement liés à des gangs organisés :
En dehors de Londres, les meurtres d’adolescents montrent une réalité bien plus variée. Le rôle de la pauvreté et des inégalités sociales :
La situation en 2008 à Londres contraste fortement avec le reste de la Grande-Bretagne.
L'image des gangs ethniques dans les médias est particulièrement marquée à Londres. En 2008 :
Un tiers des victimes à Londres étaient des réfugiés ou des migrants nouvellement arrivés, originaires de pays comme la République Démocratique du Congo, la Somalie, l’Afghanistan, l’Érythrée, le Sri Lanka, le Nigeria, le Vietnam, la Jamaïque, le Maroc et Maurice. Certains des auteurs des meurtres étaient eux-mêmes des migrants ou réfugiés récemment arrivés.
Bien que les médias et le gouvernement aient largement mis l’accent sur les « crimes au couteau » et les « gangs d’adolescents », les données montrent que la violence juvénile est largement déterminée par des facteurs sociaux et économiques.
Les stéréotypes sur les gangs ethniques ne reflètent qu'une petite partie de la réalité des meurtres d'adolescents, et il est crucial de considérer les divers facteurs sous-jacents pour comprendre pleinement cette problématique complexe.
La culture du couteau chez les jeunes n'existe pas Ce phénomène sociologique complexe et mal compris ne peut en aucun cas se résumer à une interprétation journalistique sans...
Quels sont les effets psychologiques du port d’un couteau ? Ils peuvent dépendre de nombreux facteurs, notamment le contexte, l'intention et la personnalité de l'individu...
Sources :
(1) https://www.crimeandjustice.org.uk/
(*) https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/97757/tkap-guidance-report.pdf
(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Race_humaine
https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/anthropologie/parler-de-race-chez-l-etre-humain-n-a-pas-de-sens-d-un-point-de-vue-scientifique_104088
(3) https://www.publicsenat.fr/actualites/non-classe/constitution-l-assemblee-supprime-le-mot-race-et-interdit-la-distinction-de-sexe
(4) https://irr.org.uk/app/uploads/2016/12/IRR_Briefing_No.5.pdf
(5) Institute of Race Relations
https://irr.org.uk/
Sources complémentaires :
- http://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/7777963.stm
- http://www.guardian.co.uk/society/2008/jul/16/youthjust
ice.youngpeople1
- http://www.guardian.co.uk/uk/2010/jan/21/police-
figures-unexpected-drop-crime