31/12/2024

La motivation de protection et les campagnes contre les couteaux

La motivation de protection et les campagnes contre les couteaux

Entre 2015 et 2017, les crimes commis aux couteaux au Royaume-Uni ont connu une forte augmentation, avec une hausse de 9 % en 2015, suivie d'une augmentation de 20 % entre 2016 et 2017.


Londres a contribué à hauteur de 40 % à cette hausse. Les victimes jeunes sont particulièrement concernées, le durcissement de la législation et la réduction des contrôles policiers aléatoires a probablement aggravé le problème.


En 2008, 23 jeunes hommes sont morts, victimes de coups de couteau avec blessures abdominales et thoraciques, à Londres, tandis qu'entre 2012 et 2014, les chiffres sont restés plus faibles avec six à huit victimes par an.


Les données suggèrent que :

  • la peur du crime.
  • le besoin de protection.
  • le statut social.
  • la volonté de « sauver la face » sont parmi les principaux moteurs du port de couteaux.

La théorie de motivation comme explication du port d’un couteau ?

La théorie de la motivation de protection explique que le port d’un couteau est influencé par :

  • la perception de la gravité du risque.
  • la vulnérabilité.
  • l'auto-efficacité et l'efficacité des mesures de protection.

Cette théorie suggère que des messages anti-couteaux efficaces doivent jouer sur ces perceptions afin de lutter contre les effets psychologiques du port couteau.

 

Les intentions de réduction du risque peuvent être affaiblies par les coûts perçus des comportements de prévention et les avantages perçus du comportement risqué.

Analyse et étude des comportements et des réponses

Cette étude (1) se compose de quatre volets complémentaires, chacun visant à explorer différents aspects du phénomène du port de couteaux chez les jeunes et l'efficacité des campagnes de prévention.

 

Ces volets s'articulent autour de l'analyse des motivations, de la création de messages persuasifs, de l'évaluation d'affiches existantes et de l'identification des éléments visuels les plus marquants pour maximiser l'impact des campagnes anti-couteaux.

Analyse de la tolérance au port de couteaux

Étude 1 : analyse de la tolérance au port de couteaux à l'aide d'un modèle d'équation structurelle. Les facteurs clés incluent :

  • La masculinité agressive.
  • Le besoin de respect.
  • La méfiance envers les autorités.
  • La perception d'un contrôle limité sur le statut.

Une étude pilote a montré que poser directement des questions sur le port de couteaux suscite souvent des réponses évasives ou un déni. Le concept projectif de tolérance au couteau a donc été utilisé pour contourner cette barrière.

 

L'hypothèse centrale est que ces facteurs sont interconnectés et qu'ils influencent directement la tolérance au port de couteaux.

 

En particulier, la masculinité agressive semble jouer un rôle médiateur important, en renforçant les perceptions de respect et de pouvoir associées au port d'une arme blanche.

Évaluation des slogans anti-couteaux

Étude 2 : création et évaluation de slogans anti-couteaux basés sur les concepts identifiés dans l'étude 1. Les slogans ont été conçus autour de quatre thèmes : blessures, respect, contrôle et pathologie.

 

Les slogans axés sur les blessures, qui mettent en avant les conséquences physiques directes et traumatisantes du port de couteaux, ont été jugés les plus convaincants.

 

Les messages portant sur les blessures ont été perçus comme réalistes et évocateurs, sans tomber dans l'exagération.

 

De plus, il a été observé que les slogans qui combinaient un langage clair, des visuels frappants et une connexion émotionnelle forte étaient plus susceptibles de capter l'attention et de modifier les perceptions des jeunes cibles.

Analyse des affiches de campagne de sensibilisation

Étude 3 : analyse d'affiches anti-couteaux existantes. Les chercheurs ont identifié huit thèmes principaux :

  • La mort.
  • Une blessure récente.
  • Une blessure cicatrisée.
  • L'humour.
  • La masculinité.
  • La pathologie
  • La paix.
  • La prison.

Les affiches montrant des blessures récentes ont été jugées les plus efficaces, crédibles et émotionnelles. Cela s'explique par leur capacité à créer une connexion immédiate avec le public cible et à évoquer une réponse émotionnelle forte.

 

L'analyse a également révélé que les affiches qui évitaient les stéréotypes négatifs et adoptaient une tonalité empathique obtenaient de meilleurs résultats en termes de persuasion et d'engagement.

Exploration des types de messages les plus convaincantes

Étude 4 : exploration des types de blessures les plus persuasifs. Les chercheurs ont utilisé des images générées par ordinateur pour analyser différentes formes de défiguration corporelle.

 

Les blessures aux yeux ont été perçues comme les plus convaincantes en raison de l'importance psychologique, cognitive et sociale du regard.

 

Les yeux jouent un rôle central dans les interactions humaines et les expressions émotionnelles, ce qui rend les blessures oculaires particulièrement marquantes.

 

D'autres blessures, telles que celles au nez ou aux organes génitaux, ont également suscité une forte réaction, mais leur impact émotionnel reste légèrement inférieur.

 

L'étude a également révélé que la visibilité permanente des blessures faciales augmente leur impact psychologique, ce qui en fait un outil puissant dans les campagnes visuelles.

Conclusion

Les campagnes anti-couteaux les plus efficaces mettent en avant des images de blessures récentes et explicites, en particulier celles affectant les yeux, tout en évitant les exagérations.


Cette recherche visait à renforcer les stratégies de prévention en s'appuyant sur des données empiriques solides.


Elle souligne l'importance d'une approche nuancée, adaptée aux perceptions et motivations spécifiques des jeunes hommes concernés.


De plus, elle met en évidence le rôle crucial des campagnes visuelles et des slogans bien ciblés pour influencer le comportement et réduire la tolérance au port de couteaux.


En intégrant les résultats des quatre études, il devient possible de développer des campagnes anti-couteaux plus ciblées, plus persuasives et plus efficaces pour répondre à ce problème croissant de société.


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Sources :


(1)  Masculinity, Injury, and Death: Implications for Anti-Knife-Carrying. Marek Palasinski, William Brown, Neil Shortland, Damien W Riggs, Minsi Chen, Lorraine Bowman-Grieve.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30658544/
- Gang affiliation, aggression, and violent offending in a sample of youth offenders. Ang, Rebecca P. Huan, Vivien S. Chua, Sok Hoon. Lim, Si Huan.
https://dr.ntu.edu.sg/handle/10220/12282
- What do users have to fear? Using fear appeals to engender threats and fear that motivate protective security behaviors. MIS Quarterly, 39(4), 837-864. Boss, S. R., Galletta, D. F., Lowry, P. B., Moody, G. D., & Polak, P. (2015).
https://www.researchgate.net/publication/304459467_What_do_systems_users_have_to_fear_Using_fear_appeals_to_engender_threats_and_fear_that_motivate_protective_behaviors_in_users
- The importance of eyes: how infants interpret adult looking behavior Rechele Brooks  1 , Andrew N Meltzoff
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/12428707/
- Jusyte, A., Stein, T., & Schönenberg, M. (2017). Fear Processing Deficit in Violent Offenders : Intact Attentional Guidance but Impaired Explicit Categorization. Psychology of Violence.
https://psycnet.apa.org/record/2017-15492-001
- Lemos, G. (2004). Fear and fashion. The use of knives and other weapons by young people. London: Lemos & Crane.

https://www.readkong.com/page/fear-and-fashion-8671551