10/02/2025

Fréquence des coups de couteau dans le dos : réalité ou mythe ?

Fréquence des coups de couteau dans le dos : réalité ou mythe ?

Dans le domaine de la self défense, l’idée d’être poignardé dans le dos est souvent évoquée comme un danger majeur réel.

 

Des formations et des cours rémunérées y sont largement consacrés.

  • Ce type d’agression, souvent exagérée dans l’imaginaire collectif, est-il réellement un danger omniprésent ou une menace rare amplifiée par les médias et les formateurs ?
  • Que disent réellement les études sur la fréquence et les conséquences de ce type d’attaque ?
  • Les coups de couteau dans la colonne vertébrale non causés par des armes à feu sont-elles courantes ou relève-t-on ici un mythe largement exagéré ?
  • Quelles sont les chances d'être poignardé dans la dos en France ?

Une réalité statistiquement rare des agressions

Les données (1) montrent que les crimes aux couteaux ciblant le dos sont rares, en particulier par rapport aux blessures par armes à feu.

L’Afrique du Sud recense le plus grand nombre de cas, alors que d’autres régions comme l’Inde (4) en signalent très peu.

Lorsque ces blessures surviennent, elles concernent majoritairement des jeunes hommes, bien que des cas chez les femmes existent.

Dans 54 à 63 % des cas, la plaie d’entrée se situe au niveau du dos (thoracique postérieur), et dans 27 à 30 % des cas, elle touche la région cervicale.

Ces agressions peuvent entraîner des lésions nerveuses et vasculaires graves, notamment lorsqu’elles affectent le plexus brachial ou les vaisseaux carotidiens.

Une menace exagérée en self défense ?

Si l’on se fie aux faits, la probabilité d’être poignardé dans le dos est relativement faible, ce qui soulève une question essentielle en self défense : faut-il consacrer un entraînement spécifique à ce type d’attaque ?

Non, cela ne sert strictement à rien. Pour la simple et bonne raison que dans le cadre d’une embuscade, il sera impossible de la voir venir et peu importe la nature des coups.

  • Il faut prioriser les scénarios réalistes : plutôt que de craindre un coup de couteau dans le dos, il est plus pertinent de se préparer aux attaques les plus courantes, qui se produisent généralement face à la victime (thorax et abdomen).
  • Il faut miser sur la prévention : la vigilance, la gestion de la distance et la conscience de l’environnement sont les meilleures défenses contre toute attaque surprise.
  • Il ne faut pas sous-estimer le danger, mais l’évaluer correctement : même si ces attaques sont rares, elles existent. Il est donc préférable de les considérer comme des situations extrêmes plutôt que comme des menaces quotidienne.

Conséquences médicales et prise en charge

Une blessure pénétrante de la colonne vertébrale peut causer des lésions immédiates de la moelle épinière, entraînant des déficits neurologiques permanents (2).

 

Dans certains cas, des complications différées surviennent, comme des infections ou des réactions inflammatoires aux fragments métalliques retenus.

Le transport vers un centre de traumatologie est essentiel, et une arme coincée ne doit jamais être retirée en urgence, au risque d’aggraver les lésions internes.

 

L’IRM est un outil clé pour évaluer l’étendue des dommages. Il n’existe pas de consensus sur la nécessité d’une intervention chirurgicale systématique, certaines études montrant que cela n’améliore pas toujours le pronostic neurologique.

Conclusion

Même si les coups de couteau dans le dos ne sont pas un mythe, leur fréquence reste largement inférieure à ce que l’imaginaire collectif laisse entendre.

Pour les pratiquants de self défense, cela signifie qu’il serait beaucoup plus judicieux d’axer leur entraînement sur les autres menaces les plus probables, tout en conservant une approche globale de la gestion du risque.

Adapter son entraînement à la réalité statistique permet :

  • D’optimiser son efficacité et sa « survie ».
  • Éviter de surévaluer des scénarios criminogènes et inutiles et peu fréquents.

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Sources :

(1) Stabbed in the back ?Harjinder S Bhatoe https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0973050807800037
(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_de_Brown-S%C3%A9quard
(3) https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28790608/
- A review of 450 stabwounds of the spinal cord. W J Peacock, R D Shrosbree, A G Key https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/888030/
- Velmahos, G.C., Degiannis, E., et al. (1994). "Management of penetrating injuries of the spine." American Journal of Surgery, 168(6), 660-663.
- Thakur, N.A., Durga, S., et al. (2010). "Stab wounds of the spinal cord: A review of clinical presentation and management." Journal of Neurosurgery: Spine, 12(3), 312-320.