02/01/2025

Face à la violence au couteau les décisions politiques sont inefficaces

Face à la violence au couteau les décisions politiques sont inefficaces

Il est temps d’arrêter de tourner le couteau dans la plaie : un commentaire critique sur les réponses et les décisions des politiques.

Au cours de ces dernières années, l’utilisation de couteaux dans les crimes est soudainement devenue un problème public et politique majeur.

Une série de violence mortelles très médiatisées impliquant cette arme a attiré l’attention des médias et des politiques sur le problème.

Dans tous les pays, l’opposition du moment accuse systématiquement le gouvernement en place de « complaisance stupéfiante », après ces décès tragiques et appel à une « répression des crimes au couteau ».

 

Pensant qu'agir de la sorte pourrait réduire la criminalité liée à cet objet.

Réponse policière et judiciaire d’un échec

En réponse à ce phénomène, particulièrement étudié au Royaume-Uni, le Premier ministre britannique en 2008 a ordonné à la police, dans des zones considérées comme « à risque », de signaler toute personne trouvée en possession d'un couteau ou d'une lame dans un espace public, afin d'engager des poursuites.

 

Cette mesure faisait partie d'un plan d'action gouvernemental pour arrêter les crimes violents, qui prévoyait également l'équipement des forces de police et d'autres agences en matériel de détection pour améliorer la lutte contre les infractions impliquant des couteaux.

 

Comme souvent dans les politiques de sécurité publique, les dirigeants adoptent une approche axée sur la répression et la justice pénale, tout en négligeant les questions fondamentales liées aux causes sous-jacentes de ces infractions :

  • Pourquoi les jeunes portent-ils des couteaux ?
  • Quelles mesures pourraient vraiment résoudre ce problème social ?

Un plan et des programmes de sensibilisation inutiles ?

Une analyse du Centre for Crime and Justice Studies (1) a tenté d'apporter un éclairage plus précis sur les délits liés aux couteaux.

 

Les données disponibles restent insuffisantes pour dresser un tableau complet du problème, et aucune tendance claire n'émerge concernant l'augmentation ou la diminution des crimes au couteau.

 

Les statistiques montrent que ces infractions restent persistantes, mais les changements subtils sont difficiles à détecter.

 

En 2006-2007, on estime entre 148 000 et 198 000 les incidents violents impliquant un couteau au Royaume-Uni.

 

Un chiffre significatif mais représentant une faible proportion des 2 471 000 crimes violents estimés cette année-là (2).

Les populations les plus vulnérables

L'analyse souligne que les jeunes, les enfants, les habitants de quartiers défavorisés et les membres des communautés noires et issues de minorités ethniques sont les plus vulnérables face aux crimes au couteau.

 

Une compréhension sociologique plus approfondie est nécessaire pour mieux appréhender ce problème.

Les limites des politiques répressives

Concernant la possession de couteaux, l'enquête Offending Crime and Justice Survey du Home Office (2005) (3) a révélé que le port de couteaux est plus fréquent chez les jeunes de 16 et 17 ans, avec 7 % d'entre eux ayant déclaré en avoir porté un au cours de l'année précédente.

 

Globalement, seuls 4 % des jeunes interrogés ont admis avoir porté un couteau, le plus souvent un canif.

Des réponses gouvernementales inefficaces

Les récentes réponses gouvernementales et policières ont mis l'accent sur des sanctions plus sévères, notamment avec la loi sur la réduction des crimes violents, qui a porté la peine maximale pour possession illégale d'un couteau à quatre ans de prison.

 

Des contrôles et fouilles aléatoires ont été autorisés dans des zones à risque telles que Londres, Birmingham, Manchester et Liverpool.

 

Une amnistie nationale de cinq semaines en 2006 a permis de collecter 90 000 couteaux, mais les infractions ont retrouvé leur niveau antérieur moins de deux mois après.

L'impact limité des fouilles

Une étude du Home Office (2003) (4) a montré que seulement 7 % des individus fouillés portaient une arme offensive, et parmi eux, seuls 14 % ont été arrêtés pour cette raison.

 

Le rapport concluait que les actions policières seules ne suffiraient pas à réduire le port de couteaux et qu'elles devaient être complétées par des campagnes d'éducation et de sensibilisation.

L'importance des programmes communautaires

Les programmes communautaires, incluant des activités telles que la musique, le sport et le théâtre, offrent des alternatives à la justice punitive.

 

Toutefois, le manque d'évaluations systématiques limite la compréhension de leur efficacité.

Vers une approche globale et préventive

Une stratégie préventive a été mise en place avec des projets comme la création d'outils pédagogiques contre les gangs, des programmes de renouvellement urbain, ou encore le développement d'espaces pour les jeunes.

 

Mais une réduction réelle des crimes au couteau n'est possible qu'en abordant les causes profondes de la violence : les inégalités, la pauvreté et le manque d'opportunités.

Une stratégie politique à long terme nécessaire

En fin de compte, les politiques actuelles se concentrent principalement sur les symptômes visibles du problème, en privilégiant des réponses répressives et des mesures punitives, plutôt que d'aborder les causes profondes de la violence au couteau.

 

Une stratégie véritablement efficace nécessiterait une vision à long terme, structurée autour de la réduction des inégalités socio-économiques, l'amélioration de l'accès à l'éducation et aux opportunités professionnelles, ainsi que la création de programmes sociaux durables.

 

Cette approche devrait inclure une coopération étroite entre les autorités locales, les éducateurs, les travailleurs sociaux et les membres des communautés les plus touchées, afin de développer des solutions adaptées à leurs réalités quotidiennes.

 

De plus, une volonté politique forte et un engagement sincère pour écouter et inclure les voix des personnes directement concernées par ce fléau sont indispensables pour instaurer un changement durable et significatif.


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