27/11/2024

Comment arrêter les crimes aux couteaux ?

Comment arrêter les crimes aux couteaux ?

Ces dernières années, le port de couteaux et les crimes associés suscitent une préoccupation croissante, sans réelles propositions en retour.

De surcroît, il existe un déficit notoire de connaissances fiables et partagées sur les mesures réellement efficaces pour réduire ces comportements.

Pour combler ce manque, le gouvernement écossais a mandaté le Scottish Centre for Crime Justice Research (1) afin de mener une étude (2).

 

Cette recherche avait pour objectif :

  • d’identifier les caractéristiques des interventions efficaces pour réduire la violence et essayer d’arrêter les crimes aux couteaux chez les jeunes, en privilégiant la prévention via la sensibilisation, l’éducation et des activités alternatives.
  • de déterminer les bonnes pratiques dans ces programmes.
  • de définir les objectifs visés par les programmes réussis.
  • d’identifier les indicateurs utilisés pour évaluer les progrès vers ces objectifs.
  • d’analyser les méthodes d’évaluation les plus adaptées pour mesurer les résultats obtenus.

La tolérance zéro ne fonctionne pas face aux couteaux

L'éducation joue un rôle clé pour convaincre les jeunes que le port d'un couteau est inutile, en réduisant les peurs et les crimes liés aux couteaux, notamment pour ceux qui agissent par crainte.

Les approches de tolérance zéro ne différencie pas les motivations variées derrière le transport, contrairement aux mesures de justice pénale, qui dissuadent ceux cherchant un statut social (3).

Cependant, elles sont inefficaces face à la peur de la victimisation, où les interventions éducatives s’avèrent plus adaptées.

Une approche multi-factorielles équilibrée est nécessaire, combinant justice pénale, éducation et soutien des associations pour une réponse complémentaire et cohérente à la criminalité liée aux couteaux.

Les interventions efficaces contre les crimes

Il existe une grande variété d’interventions à l’échelle mondiale pour lutter contre la criminalité à l'arme blanche.

Certaines approches axées sur la déjudiciarisation, qui offrent plusieurs avantages potentiels, ont été brièvement examinées.

Cette étude met principalement l’accent sur les caractéristiques et les bonnes pratiques des interventions éducatives.

Les recherches montrent que ces interventions sont les plus efficaces pour réduire le port de couteaux, les crimes associés et la violence, et elles s’appuient sur la base de preuves la plus solide.

Elle examine :

  • Les initiatives de déjudiciarisation.
  • Les interventions éducatives.
  • Les approches de justice pénale et les stratégies multi-agences.
  • Le contexte plus large dans lequel s’inscrit la violence.

Les activités de divertissement

Le sport est considéré comme un outil efficace pour réduire la violence et les crimes liés aux armes blanches chez les jeunes, en leur offrant une activité positive, un sentiment de contrôle et d’appartenance.

Il peut rivaliser avec l’attrait des gangs en générant des sentiments similaires d’inclusion et de respect.

Les programmes de mentorat, qu’ils impliquent des adultes modèles ou des pairs, renforcent l’estime de soi et la confiance, identifiées comme des facteurs protecteurs contre la violence.

Ces approches combinent distractions positives et relations constructives pour prévenir la criminalité et les comportements violents (4).

Les interventions éducatives efficaces

La littérature indique que les programmes éducatifs les plus efficaces incluent certains éléments clé. Parmi eux, l’intégration de la dimension psychologique de la peur est essentielle.

Les recherches soulignent que pour réduire le port de couteaux et les crimes associés, il est crucial de s’attaquer à l’une des principales motivations : la peur de la victimisation et la croyance que porter un couteau offre une protection.

La plupart des programmes éducatifs visent à sensibiliser les jeunes aux problématiques liées à ces comportements, notamment :

  • Les conséquences physiques, émotionnelles et légales.
  • Les sanctions encourues en cas de port d’arme.
  • Le fait que porter une arme augmente le risque d’être soi-même victime d’un crime (5).

Une approche globale de l’éducation dans le milieu scolaire

Les recherches montrent que la meilleure approche éducative pour réduire le port de couteaux combine éducation formelle (en milieu scolaire) et informelle (dans la communauté).

Cette méthode à deux volets s'adapte aux différentes expériences des jeunes, notamment ceux moins attachés à l'école (6) et plus à risque.

Aux États-Unis, les approches informelles, telles que des programmes interactifs dans des lieux communautaires, ont prouvé leur efficacité.

Il est crucial que les programmes soient engageants, surtout pour les jeunes ayant mal réagi à l'éducation scolaire, et qu'ils soient animés par des personnes ayant une connaissance approfondie du problème, idéalement par expérience personnelle, pour gagner leur respect et leur attention.

La prise en compte du contexte dans lequel la violence a lieu

La littérature scientifique souligne que les interventions visant à réduire la criminalité liée aux couteaux doivent tenir compte du contexte culturel et global dans lequel ces actes se produisent.

Il est problématique de traiter les couteaux comme un problème isolé (7), sans considérer d’autres armes ou la violence en général.

Actuellement, les couteaux sont l’arme privilégiée en raison de leur accessibilité, mais ce choix pourrait évoluer. Se concentrer excessivement sur les couteaux risque de détourner l’attention des causes profondes de la violence et du contexte global de cette dernière.

Si ces causes ne sont pas abordées, les interventions ciblant uniquement les crimes au couteau risquent d’avoir un impact limité, surtout si l’arme préférée change à l’avenir.


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Sources :

(1) Scottish Centre for Crime Justice Research
https://www.sccjr.ac.uk/
(2) Knife crime interventions : « what works ? »
https://ub01.uni-tuebingen.de/xmlui/bitstream/handle/10900/82019/SCCJR_Report_2013_04%20%282%29.pdf?sequence=1&isAllowed=y
(3) Fear and Masculinity as Motivational Narratives for Knife-Related Crime: A Systematic Review of the Literature Ana Figueira, Emma Alleyne, Jane Wood
https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/15248380241266206
- Masculinity, Injury and Death – Implications for Anti-knife-carrying Messages https://uobrep.openrepository.com/bitstream/handle/10547/623039/BrownpaperMasculinity%2CInjuryandDeathImplicationsforAnti-knife-carryingMessages.pdf?sequence=3
(4) Getting to Know You: Using Sport to Engage and Build Relationships with Socially Marginalized Young People. Crabbe : 2009
https://link.springer.com/chapter/10.1057/9780230584402₈
(5) Dramatizing physical education: using drama in research. Hayley Fitzgerald.
https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/j.1468-3156.2007.00471.x
- Social Control, Serious Delinquency, and Risky BehaviorA Gendered Analysis Booth et al. : 2008 https://www.researchgate.net/publication/238432115_Social_Control_Serious_Delinquency_and_Risky_BehaviorA_Gendered_Analysis
(6)  Demographic, intrinsic, and extrinsic factors associated with weapon carrying at school. Cheryl M Kodjo, Peggy Auinger, Sheryl A Ryan https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/12517202/
(7) J. M. Grimshaw (2008), Family Homelessness: Causes, Consequences and the Policy Response in England.
https://www.cambridge.org/core/journals/journal-of-social-policy/article/abs/j-m-grimshaw-2008-family-homelessness-causes-consequences-and-the-policy-response-in-england-london-british-library-3500-pp-307-hbk/CB3DD82D22BE0A1FD575579055144248#