15/08/2023
La machette, par ces récits historiques et symboliques a été pendant des siècles l’instrument principal d'agriculture, de résistances et de guerre en Afrique de l'Ouest et centrale. La machette a continué d'être une arme potentielle sous l'esclavage dans les Caraïbes.
Avant leur asservissement, les Africains du Biafra (actuellement le sud-est du Nigéria) utilisaient la machette comme une arme de guerre principale et, en temps de paix relative, démontraient leur maîtrise de cette arme lors de compétitions sportives en utilisant des bâtons de combat ou des machettes en bois.
La machette était le symbole de Saint Jacques le conquérant, et pour beaucoup dans le golfe du Bénin, elle est restée l'icône de la divinité Ogun (dieu des forgerons et de tous ceux qui utilisent le fer) (1). Dans le contexte social profane plus large de l'esclavage ethnique, la machette est peut-être devenue ambiguë pour de nombreux esclaves caribéens, considérés par certains comme un instrument d'oppression qui symbolisait leur domination et leur statut servile ou comme objet de résistance et de lutte.
Chez les Afro-descendants en Haïti, à Cuba et en Colombie, la machette, en tant qu'icône sacrée de la réussite individuelle et de la guerre en Afrique, devient pour les Africains assujettis, un outil utilisé dans l'exploitation de leur travail. Ils ont conservé la maîtrise de cette arme grâce à la diffusion de l'art du combat au bâton. Cette maîtrise des armes blanches a contribué à faire de la machette un instrument important dans les batailles nationales de ces trois nations.
Même au début du XXe siècle, l'art de l'escrime à la machette était une pratique sociale répandue, leur permettant de démontrer leur honneur individuel, ainsi que d'apporter des contributions importantes aux batailles nationales. Bien que l'histoire publiée des batailles nationales souligne l'importance des dirigeants politiques et militaires, les praticiens de ces formes de maniement de l'épée ont perpétué d'importants contre-mémoires qui ont souligné le rôle des soldats afro dont la maîtrise de la machette a ouvert la voie à la victoire nationale.
Au début du XXe siècle, les communautés afro-colombiennes du Gran Cauca et de Tolima étaient les épicentres de l'escrime (ou grima), un art martial utilisant des bâtons, des couteaux, des lances et particulièrement la machette. Également connu sous le nom de « juego de machette », cet art dynamique a appris à ses adeptes à se défendre avec une extrême dextérité corporelle et de ruse. Les experts de Grima ont transmis cet art à travers des relations formelles entre maîtres et disciples et ont souvent contribué à diffuser d'importants contre-mémoires de la participation populaire aux conflits nationaux.
Comme pour les arts martiaux chinois, les Colombiens pratiquaient la « grima » dans de nombreux styles. Ces styles comprenaient « Sombra Caucana, Palo Negro, Cubano, Español, Frances, Relancino, Venezolano, el Costeño, Sombra Japonés » et bien d'autres. Chacun avait des positions, des gammes, des jeux de jambes, des tactiques et des séquences chorégraphiées légèrement différentes.
Cependant, ces styles étaient tous liés et partageaient un noyau commun de huit frappes et défenses fondamentales. Ce même noyau technique a également été trouvé dans les îles caribéennes d'Haïti et de Cuba, où les Africains réduits en esclavage et leurs descendants avaient pratiqué l'art du combat au bâton et à la machette pendant des siècles.
Les personnes d'ascendance africaine ont utilisé cette maîtrise de « l'arma blanca » comme une contribution importante aux luttes nationales des trois pays. Alors que les histoires de guerres publiées soulignent l'importance des dirigeants politiques et militaires, les pratiquants de ces formes d'escrime perpétuent d'importantes contre-mémoires qui mettent l'accent sur le rôle de simples soldats, souvent d'ascendance africaine, dont la maîtrise du coup de machette a contribué à ouvrir la voie à des victoires nationales. (2)
De très nombreux peuples, avec leurs propres cultures et coutumes, vivant dans différentes régions du globe, ont à un moment donné de leur histoire ressenti le besoin de fabriquer des machettes pour les services qu’elles pouvaient leur rendre. Chacun avec des motifs de lame légèrement différents, mais toujours dans un but utilitaire.
Alors que les épées, qui ont également une histoire ancienne, ont toujours été associées à l'univers de la guerre et à la noblesse, les machettes ont un plus large éventail d'utilisations. Elles sont par nature des outils agricoles du quotidien, aussi utiles qu'irremplaçables.
Les différents type de machettes produites au cours des siècles ont été largement utilisés au combat, mais elles sont utilisés pour effectuer des tâches de routine dans les zones rurales, comme l'élagage, l'ouverture des fruits, la coupe de petits arbres et de bûches, en plus d'une multitude d'activités liées à l'agriculture, notamment la récolte. Les pionniers, qui ont contribué à étendre la domination de la Couronne portugaise en Amérique du Sud, par exemple, n'ont pas fait un pas sans compter une machette à la taille.
Les blessures aux membres supérieurs par coups de machette constituent encore et toujours une cause majeure de morbidité au Honduras. Dans cette étude (3), Anna Rose Johnson et son équipe ont cherché à déterminer l'incidence de :
Un examen rétrospectif des dossiers a été effectué pour identifier les patients souffrant de blessures à la machette au membre supérieur qui se sont présentés à l'hôpital Escuela Universitario pour un traitement durant une période allant de 2015 à 2017. Des données micro-chirurgicales supplémentaires ont été obtenues par communication personnelle avec des membres de l'hôpital.
Les données complètes ont été récupérées pour 100 patients qui se sont présentés avec une blessure à la machette des membres supérieurs. La cohorte était dominée par les hommes (93 %), employés comme agriculteurs (47 %) et avait un âge moyen de 32,1 ans. La violence était le mécanisme de blessure le plus courant.
La majorité des blessures à la machette impliquaient un tendon (70 %), un nerf (28 %) et une fracture ouverte (55 %). Sur 76 % de patients qui étaient programmés pour une visite de suivi, seuls 25 % s'y sont présentés. Au cours de la dernière année civile, une réimplantation, 10 revascularisations au niveau du poignet et de l'avant-bras, trois transferts de tissus libres microvasculaires et 175 réparations nerveuses ont été réalisées.
La majorité des blessures ont nécessité une intervention chirurgicale. Seul un faible pourcentage de patients se sont présentés pour un suivi. Un programme visant à rationaliser les soins à partir de la reconnaissance de la blessure jusqu'au suivi final n'est actuellement pas disponible et doit être développé pour optimiser les soins micro-chirurgicaux. Bientôt sur nos écrans ?
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Sources :
(1) https://mythologica.fr/afrique/ogun.htm
(2) Peinillas and Popular Participation: Machete fighting en Haiti, Cuba y Colombia
(3) Beyond the Tip of the Blade: An Investigation of Upper Extremity Machete Injuries in Honduras