23/03/2025
Les techniques de combat au poignard représentent un domaine fascinant où s'entremêlent histoire, culture et considérations tactiques.
Cette arme blanche compacte, souvent considérée comme secondaire, a pourtant joué un rôle crucial dans les systèmes d’affrontement à travers les âges.
Il n'existe pas de technique universelle de combat au poignard, mais plutôt une multitude d'approches qui dépendent de facteurs variés incluant l'époque historique, le contexte culturel et les
besoins tactiques spécifiques.
Des origines anciennes aux premiers systèmes codifiés, il figure parmi les plus anciennes armes de l'humanité.
Les premiers exemplaires remontent à la période paléolithique, il y a environ 2,6 millions d'années, fabriqués à partir de matériaux naturels comme l'os, la pierre, et le silex. Ces armes
primitives étaient utilisées tant pour la chasse que pour la protection personnelle (1).
Avec l'avènement de l'âge du cuivre vers 3 500 avant J.-C., les premiers poignards métalliques apparaissent au Moyen-Orient et en Europe centrale, offrant une résistance et une efficacité
supérieure à leurs homologues en pierre (1).
Dans l'Egypte antique, les poignards en bronze et en cuivre servaient d'outils, d'armes, mais aussi d'insignes de pouvoir, comme en témoigne le célèbre poignard de Toutankhamon en fer météorique
(1).
Le Moyen Âge a vu l'émergence de véritables systèmes de combat au poignard, documentés dans l’histoire des manuels d'armes.
Ces traités techniques, que l'on peut dater principalement des XIVe, XVe et XVIe siècles, constituent des sources précieuses pour comprendre l'escrime médiévale (2).
Deux traditions principales se distinguent en matière de combat au poignard :
Ces deux écoles, bien que distinctes dans leur approche, ont codifié des techniques sophistiquées pour l'utilisation son utilisation, tant en combat civil qu'en duel (2).
« Les armes les plus fréquemment rencontrées sont l'épée, la dague, la hache d'arme, la lance ainsi que certaines armes propres au duel judiciaire. Le combat à mains nues (Ringen) n'est pas
oublié et il occupe souvent une part non négligeable de ces traités. » (2)
Pour comprendre pleinement les tactiques du duel avec cette arme, il est essentiel de maîtriser la terminologie spécifique à ce domaine.
Les sources académiques nous permettent d'identifier plusieurs catégories terminologiques.
Le Moyen Âge a vu l'émergence de modèles spécifiques comme le « Rondel » :
Utilisé par les chevaliers et soldats, sa pointe acérée était conçue pour percer les mailles de chaîne et les armures de plaques.
À la Renaissance, les techniques de combat au poignard se raffinent davantage, notamment avec l'apparition du stylet, « un poignard fin et léger, doté d'une lame étroite et pointue, souvent
à section triangulaire » (1).
Cette période voit une évolution significative des méthodes d'enseignement et de documentation des arts martiaux.
L'article « Entre mouvements intuitifs et gestes techniques » révèle que le combat technique à la dague fait appel à « une participation active de l'ensemble du corps (comme
l'utilisation du bras gauche), principe qui n'est pas inné » (4).
Cette complexité technique explique pourquoi, dans les situations réelles, on observait souvent une simplification des mouvements par rapport aux techniques enseignées dans les manuels (4).
Le poignard transcende sa fonction utilitaire pour revêtir des dimensions symboliques profondes dans plusieurs cultures.
Chez les Templiers, par exemple, comme, la dague elle était « plus qu'une arme, elle symbolisait leur lien avec Dieu et leur fidélité à la cause chrétienne » (5).
Lors des rituels d'initiation, il pouvait marquer l'engagement du nouveau chevalier envers l'ordre (5).
Dans la tradition japonaise, le poignard Tanto jouait un rôle central dans le rituel du seppuku, où l'ouverture volontaire du ventre démontrait « la détermination, la loyauté et la sincérité
des sentiments « (6).
Ce rituel, particulièrement codifié, illustre comment une technique de combat peut évoluer vers une pratique cérémonielle complexe.
Les techniques de combat au poignard présentent d'importantes variations régionales.
La majorité des manuels historiques proviennent des terres d'Empire (Allemagne, Italie du Nord et Suisse), avec très peu de documents issus d'autres régions comme la France ou l'Angleterre
(2).
Cette disparité dans la documentation ne signifie pas l'absence de techniques dans ces régions, mais plutôt une différence dans les méthodes de transmission du savoir.
Comme le note un chercheur : « Il est impensable que des arts de combat dignes de ce nom n'aient pas été développés dans le reste de l'Europe. Mais, dès lors que nous relevons les
différences notables qui existent entre les traditions allemandes et italiennes, nous comprenons qu'il n'est pas possible d'imaginer qu'une seule et même escrime ait été pratiquée dans tout
l'Occident. » (2)
Les tactiques et les techniques se divisent principalement en deux catégories :
L'estoc, utilisant la pointe du poignard pour percer, était particulièrement efficace contre les parties vulnérables du corps ou pour pénétrer entre les pièces d'armure (7).
Les sources historiques attestent de l'efficacité des armes perforantes, qui « représentent un tiers des cas » de blessures documentées dans certaines études sur les conflits médiévaux
(8).
Cette efficacité tactique explique la prédominance des techniques d'estoc dans de nombreux systèmes de combat au poignard.
Les manuels de combat médiévaux décrivent des techniques spécifiques comme :
Ces techniques de base s'accompagnent de méthodes pour désarmer l'adversaire « tolchennemen » ou lui briser le bras ("armbruch") après une clef articulaire (4).
Le combat technique ne se limitait pas à ces actions offensives. Il incluait également des considérations tactiques sophistiquées :
« Quand deux adversaires compétents sont face à face, deux « maîtres » comme les textes les appellent, les techniques fondées sur l'ignorance ou la surprise de l'assaillant n'ont plus la
même pertinence : les feintes, les ruses, les changements de rythme font qu'agir « après » son adversaire est souvent fatal ».
À l'opposé, agir avec trop de précipitation l'est également. » (4)
Loin d'être un domaine figé, ces pratiques ont constamment évolué au fil des siècles, s'adaptant aux innovations technologiques, aux contextes de combat et aux besoins spécifiques des
combattants.
Des manuels de combat médiévaux aux pratiques contemporaines d'arts martiaux historiques européens, la richesse et la diversité des approches témoignent de l'importance du poignard dans
l'histoire martiale.
Comme le note un chercheur, « il n'est pas possible d'imaginer qu'une seule et même escrime ait été pratiquée dans tout l'Occident » (2), une observation qui s'applique parfaitement aux
techniques de combat au poignard.
À travers cette exploration, nous comprenons que la maîtrise du poignard ne repose pas uniquement sur des gestes techniques, mais également sur une compréhension profonde du contexte dans lequel
ces techniques ont émergé et évolué.
Cette vision multifactorielle enrichit notre appréciation de cet art martial ancien, révélant sa complexité et son adaptabilité remarquables face aux défis changeants des combats à travers l'histoire.
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Sources :
(1) https://journals.openedition.org/ephaistos/633?lang=en
(2) https://bulac.hypotheses.org/1882
(3) https://www.couteauazur.com/blog/poignard/le-poignard-de-combat-couteau-militaire-rambo.html
(4) https://ppl-ai-code-interpreter-files.s3.amazonaws.com/web/direct-files/33233630/97e411f9-178e-49 4e-902e-cbd4298a6e50/0/33d0da1f.png
(5) https://journals.openedition.org/ephaistos/557?lang=en
(6) https://www.persee.fr/doc/rhmc_0048-8003_1987_num_34_1_1393
(7) https://www.persee.fr/doc/pica_0752-5656_2012_num_1_1_3269
(8) https://journals.openedition.org/crm/2511?file=1