31/03/2025

La plus ancienne arme de combat : le bâton ?

La plus ancienne arme de combat : le bâton ?

Nous imaginons souvent nos lointains ancêtres armés de massues rudimentaires ou de pierres taillées.

Mais si l'arme originelle, la toute première extension de notre volonté de nous défendre ou d'attaquer, était bien plus simple, bien plus accessible ?

Et si cette arme était… Le bâton ?

 

L'idée peut sembler banale, pourtant, de nombreux indices convergent pour faire de ce simple morceau de bois un candidat très sérieux au titre de plus ancienne arme de combat de l'humanité.

Cet objet rudimentaire mais redoutablement efficace a traversé les millénaires, passant de simple branche ramassée au hasard à instrument de combat codifié dans de nombreuses traditions martiales.

Mais pouvons-nous affirmer avec certitude que le bâton constitue la toute première arme utilisée par nos ancêtres ?

Les preuves archéologiques, l'étude des comportements ancestraux et son omniprésence dans les cultures du monde entier suggèrent fortement cette hypothèse fascinante.

Son utilisation ne nécessitait aucune technologie particulière, juste une intention et une situation le justifiant.

Il est donc logique de penser que cet « instrument par opportunité » fut l'un des tout premiers, bien avant des objets plus élaborés.

L'ombre furtive de l'archéologie

Prouver l'ancienneté du bâton comme arme est un défi archéologique majeur.

Contrairement à la pierre qui traverse les âges, le bois est une matière organique qui se décompose rapidement.

Les probabilités de retrouver un simple instrument bio-dégradable utilisé et fabriqué il y a des centaines de milliers, voire des millions d'années, sont infimes.

Cependant, l'absence de preuve directe n'est pas une preuve d'absence.

Les archéologues découvrent régulièrement des outils en pierre qui servaient très probablement à travailler le bois.

Plus concrètement, des découvertes exceptionnelles nous donnent un aperçu :

  • Une découverte significative provient du site de Gonur Dépé au Turkménistan. Dans une tombe datée de 2400-2200 avant J.-C., les archéologues ont mis au jour un « grand bâton » parmi de nombreux objets funéraires.

Sa présence dans une sépulture riche indique un statut particulier, peut-être lié à son utilisation comme symbole de pouvoir ou comme arme.

Cette découverte nous rappelle que le bâton n'était pas seulement un outil utilitaire, mais pouvait également revêtir une dimension symbolique importante.

Si nos ancêtres pouvaient façonner des lances aussi sophistiquées, son utilisation plus simple comme moyens de défense ou d'opportunité semble plus que plausible, et ce, bien avant cette période.

  • Les traces d'utilisation : l'analyse microscopique d'outils ou d'ossements peut parfois révéler des marques compatibles avec l'impact d'un objet contondant en bois.

Même si sa conception primitive nous échappe largement, la capacité technique avérée de travailler le bois très tôt dans la Préhistoire rend leur existence probable.

Le bâton est un outil universel du quotidien depuis des millénaires

La force de l'hypothèse repose sur sa simplicité et son accessibilité universelle.

Bien avant l'émergence d'homo sapiens, nos ancêtres hominidés avaient probablement déjà découvert l'utilité d'une simple branche pour étendre leur portée naturelle.

L'utilisation comme outil polyvalent s'est probablement développée progressivement :

  • Comme aidé à la marche et au déplacement en terrain difficile.
  • Pour atteindre des fruits inaccessibles.
  • Pour déloger de petits animaux lors de la chasse (comme le font toujours nos lointains cousins).
  • Pour la défense contre des prédateurs.
  • Pour la conduite et la direction des troupeaux (dans les périodes plus récentes).

Face à un danger il offre plusieurs avantages tactiques

La transition de son utilisation comme simple outil à son emploi délibéré comme ustensile de combat a dû être naturelle et intuitive.

Face à un danger, qu'il soit animal ou humain, un bâton solide offre immédiatement plusieurs avantages tactiques :

  • Il augmente considérablement la portée, multiplie la force d'impact et permet de maintenir une distance de sécurité avec l'adversaire.

Cette polyvalence explique pourquoi le bâton est resté pertinent à travers les âges, même après l'invention d'armes plus sophistiquées.

Son évolution se retrouve dans des armes plus élaborées comme la lance, la pique, ou le bâton de commandement.

 

Par exemple, la réintroduction de la pique dans l'armée française en 1792 témoigne de la persistance de l'efficacité des armes dérivées du simple bâton, même à l'ère des armes à feu.

Le bâton dans les arts martiaux du monde

La preuve la plus vivante de son efficacité intemporelle dans les affrontements est sa place centrale dans d'innombrables arts martiaux à travers le monde.

Loin d'être une relique du passé, son maniement est une discipline respectée et redoutable.

En Asie :

  • Le Bōjutsu japonais, utilisant le bō (bâton long d'environ 1,8 m).
  • Le Kobudō d'Okinawa, qui comprend le maniement du bō et du jō (bâton plus court).
  • Le Silambam indien, pratiqué depuis au moins 2000 ans dans le sud de l'Inde.
  • Le Krabi Krabong thaïlandais, qui inclut des techniques de bâton.
  • Le Kung Fu chinois, avec de nombreux styles utilisant différentes formes de bâtons.
  • Le Banshay Birman, qui comprend le maniement du bâton.
  • L’Eskrima/Arnis/Kali philippin, où le bâton est souvent utilisé comme substitut d'entraînement.

En Europe :

  • Le Bataireacht irlandais (canne irlandaise).
  • La canne de combat française (plus légère et plus rapide).
  • Le Jogo do Pau portugais, centré sur le combat au bâton long.
  • Le Juego del Palo espagnol des îles Canaries.

En Afrique :

  • Le Nguni stick fighting (ou donga, ou dlala 'nduku) d'Afrique australe.
  • Le Tahtib égyptien, dont des représentations remontent à l'Égypte ancienne.
  • La pratique culturelle, traditionnelle et d’affrontement des Masaï au Kenya et en Tanzanie.

Cette universalité suggère qu’il a été fondamentalement présent dans le développement des techniques de duel humain.

Sa présence dans des traditions martiales sur tous les continents habités indique une origine extrêmement ancienne, précédant les grandes migrations humaines et le développement des civilisations.

De plus, dans de nombreuses traditions, sa pratique est considérée comme fondamental, servant de base à l'apprentissage d'autres armes.

Cette primauté pédagogique reflète probablement sa primauté historique comme premier armement de l'humanité.

Conclusion

Alors, le bâton est-il la plus ancienne arme de combat ?

Faute de machine à remonter le temps et de preuves archéologiques directes et massives (la faute à la nature périssable du bois), il est impossible de l'affirmer avec une certitude absolue.

L’objet de jet ou utilisée comme percuteur est aussi un candidat sérieux.

Cependant, les arguments sont solides :

  • La disponibilité universelle du matériau.
  • Son usage quotidien et ancestral comme outil polyvalent.
  • La transition logique et instinctive de l'outil à l'arme improvisée.
  • Les indices archéologiques indirects et les rares découvertes directes qui attestent d'une maîtrise ancienne du bois.
  • Son héritage récurent et vivant dans les arts martiaux du monde entier.

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