12/06/2023
La criminalité a des causes sociales. Sans l’aide des sciences sociales, la présence policière n’a aucune incidence. Les solutions pour lutter contre la délinquance et la violence de rue sont connues et documentées depuis des années.
Le service de police de Kansas City (Missouri) a mené une expérience du 1er octobre 1972 au 30 septembre 1973, afin de trouver des solutions pour lutter contre la délinquance et de savoir si l’idée rependue selon laquelle les patrouilles préventives étaient dissuasives et étaient un élément essentiel du maintien de l’ordre et de la sécurité.
Cette étude a été conçue pour mesurer l'impact des patrouilles de routine en véhicule sur l'incidence de la criminalité et la peur du public face à celle-ci.
Trois niveaux de patrouille préventive de routine ont été utilisés dans les zones expérimentales. Une zone, dite « réactive », n'a reçu aucune patrouille préventive. Les agents ne sont entrés dans la zone qu'en réponse aux appels à l'aide des citoyens. L’objectif était de réduire considérablement la visibilité de la police dans cette zone.
Dans le deuxième domaine, dit « proactif », l'intervention policière a été augmentée de deux à trois fois par rapport à son niveau habituel. Dans la troisième zone, appelée « contrôle », le niveau normal de patrouille a été maintenu.
L'analyse des données a montré que les trois domaines n'ont connu aucune différence significative dans le niveau de criminalité, les attitudes des citoyens envers le service de police, la peur des citoyens à l'égard du crime, le temps de réponse de la police ou la satisfaction des citoyens à l'égard du temps de réponse de la police.
Une autre découverte majeure est apparue lors de cette étude : les citoyens n'ont pas remarqué la différence lorsque la fréquence des patrouilles a été modifiée. L'augmentation ou la diminution du niveau de patrouille n'a eu aucun effet significatif sur les cambriolages résidentiels et commerciaux, les vols d'automobiles, les vols impliquant des accessoires d'automobile, les vols qualifiés ou les crimes de vandalisme.
Les actes violents et le taux auquel les crimes ont été signalés ne différait pas de manière significative selon les battements expérimentaux. Les citoyens ont déclaré que la peur du crime n'était pas affectée par les différents niveaux de patrouille. La satisfaction des citoyens à l'égard de la police n'a pas varié.
Une étude de même nature sur le sentiment d’insécurité mené en Finlande a permis de montrer que les patrouilles de policiers en voitures, loin de faire diminuer ce sentiment l’augmente. Le fait de voir fréquemment des véhicules de polices augmente la crainte des citoyens.
À moins que ceux-ci ne descendent de voiture et ce, en dehors des moments tendus ou d’interpellations. Les études américaines et australiennes (2) convergent toutes dans l’affirmation que des patrouilles policières à pied font au contraire diminuer ce sentiment et ne provoquent pas d’effet de bascule ou théorie du déplacement, dans les zones contiguës (3). La visibilité et l’accessibilité des policiers à pied renforcent le sentiment de quiétude de la population.
Il ressort des conclusions que la présence policière sous la forme des patrouilles en véhicules n’est pas un élément déterminant et une solution pour lutter efficacement contre les différents types d'agression. La probabilité pour que la patrouille se retrouve face à un délinquant est infime, à moins de proposer une présence policière permanente sur certaines zones, mais il ne s’agit plus alors de patrouille.
De plus, l'expérience suggère que les stratégies de déploiement devraient être basées sur des objectifs spécifiques de prévention du crime et de service, par opposition à une patrouille préventive de routine. À ce jour aucune étude n’a réussi à prouver le contraire. De surcroît, les résultats suggèrent que le temps non-engagé des policiers (60 % dans l'expérience) peut être utilisé à des fins autres que la patrouille de routine sans aucun impact négatif sur la sécurité publique.
Les solutions contre la violence de rue et l’incidence de l’urbanisme semblent être les critères les moins bien étudiés. La violence de rue est par principe une notion difficile à définir, car... Solutions contre la violence de rue : l'urbanisme
Comment survivre à un mouvement de foule ou une bousculade par Mehdi Moussaid (1), chercheur... Conseils pour survivre à un mouvement de foule ou une bousculade #1
Sources :
(2) An evaluation of police foot patrol in Lower Lonsdale, British Columbia https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/15614263.2013.805870
(3) A literature review on police patrolling problems https://link.springer.com/article/10.1007/s10479-021-04167-0