22/10/2019
Qu’en est il de la self-défense, des techniques et de la science ? Concernant principalement la pratique et l’entraînement à la réalisation d'une défense et contre simultanée.
Il est au préalable important d’insister sur le fait que la science n’a pas de vocation morale, ni pour objectif de convaincre. Elle est amorale, sans jugement et ne fait que transmettre des
informations.
Qu'est-ce que la science pourrait donc fournir dans cette recherche des preuves de réalité sur le fait que la meilleure technique de self défense qui utilise deux gestes simultanés, n'existe pas
? Tout, car elle fixe des jalons afin d’atteindre l’objectif de vérité et n’est valable que jusqu’à preuve du contraire.
Ensuite, essentiellement une plus grande précision, une plus grande certitude. En un mot la vérité sur l’efficacité des méthodes transmises. Le but de la preuve serait dans ce cas de figure, d’informer le pratiquant de la réalité d'un fait.
Car, par définition même, la science, tend à la découverte de cette réalité de fait. L'utilisation des méthodes scientifiques permettrait donc d’atteindre cette vérité de beaucoup plus près
qu’actuellement, sinon même d’y accéder.
Afin de pouvoir se servir de la science pour appuyer ses propos, il est impératif de respecter un minimum de règle. Sinon, cela devient d’une part inutile, voir une croyance et d’autres part
indubitablement mensonger.
Nos cultures, nos envies (qu’elles soient sincères ou non), nos émotions, en un mot la subjectivité humaine, modifient grandement notre perception.
Avant d’affirmer quoi que soit et de surtout s’en servir comme autorité sur l’efficacité de ses techniques de self-défense, il faut maîtriser et/ou s’appliquer quelques principes d’esprit critique :
Est t’il donc réellement possible de réaliser deux gestes « simples » mais différents, simultanément ? En ajoutant les variables suivantes, qui peuvent énormément influer sur l’efficacité d’une technique :
Rétrécissement perceptif et effet tunnel :
En situation de survie, ces mécanismes permettent de consacrer plus d’attention aux sources de stimulation les plus probables.
Mais les performances peuvent diminuer lorsque des stimuli inattendus se présentent. Le rétrécissement agit sur tous les sens. L'un des effets secondaires courants de la peur extrême est une forme de vision déformée.
Il s’agit de « la perte de vision périphérique avec rétention de la vision centrale, résultant en une vision circonscrite et circulaire du champ de vision... » (1).
Cette déformation du champ de vision n’est pas réservée à la peur. Cela peut également se déclencher en cas d’excitation ou de plaisir extrême (dans des attractions à fortes sensations), provoqué par une montée d'adrénaline dans le corps.
Lors d’un état de colère intense ou lors d’activités nécessitant un masque de protection, des lunettes de protection ou un casque de protection complet, peut également donner lieu à une
expérience de vision d’effet tunnel similaire.
Techniques et interférence :
Sans même tenir compte des facteurs précédents, à partir de quel moment va t’il y avoir interférence entre nos deux mains ? Lorsque nos deux mains veulent effectuer des mouvements à structure
temporelle différente, l’une de l’autre, un certain nombre de mécanismes impondérable dans notre cerveau se mettent en place. Le rôle des structures temporelles des deux mains :
L’expérience Gamma (γ) - V :
L’expérience Gamma (γ) - V (3) est un bon moyen de découvrir ces mécanismes qui régissent le fonctionnement de notre cerveau dans la mise en application de gestes. Il vous suffit tout d’abord de
dessiner la lettre gamma (γ) avec la main droite et ensuite dessiner un V avec la main gauche. La plupart des individus n’ont aucun problème à exécuter ces figures. Ensuite, il faut exécuter ces
figures en même temps, avec les mêmes mains qu’auparavant.
La plupart des individus tracent la même figure avec les deux mains. Cette démonstration très simple nous montre que deux programmes distincts ne peuvent pas se dérouler en même temps sans fortes interférences entre nos deux mains.
Ces résultats, ainsi que ceux de Kelso (4), peuvent être transcrits comme suggérant que le système moteur humain ne peut produire qu'un seul programme moteur à la fois.
Ceci est une extension de l’appréciation selon laquelle la phase de programmation d’un mouvement ne pourrait être capable d’organiser qu’un mouvement à la fois, une fois les autres étapes terminées.
Sinon lorsque deux programmes indépendants sont mieux adaptés aux exigences de charges à venir, le système répond avec une solution hybride qui tente de contrôler les deux membres de la même manière. Ce qui n’est pas adapter à un geste de self-défense.
De toute évidence, le fait que les humains puissent produire ces actions de manière uni-manuelle est un élément de preuve qu’il existe un programme moteur distinct pour chacune d’elles.
Mais, même après un entraînement considérable, la plupart des individus ne peuvent accomplir efficacement cette double tâche. Cette démonstration indique que, même avec des programmes distincts pour produire un V et un γ, ces programmes ne peuvent pas être exécutés indépendamment en même temps.
Du coup, quelle est la meilleure méthode efficace en self défense ? Aucune méthode qui
prétend l'efficacité de deux gestes de défense en simultanée.
En résumé :
Les techniques de self défense ont pour objet d’être mis en application dans des situations extrêmement anxiogène. La peur, l’état de sidération psychique (mécanisme psychologique et neurobiologique de sauvegarde) (5) nuise énormément et empêche la mise en application de tous gestes. Même s’il est répété des centaines de fois.
M. Lojowska et ses collègues de l'Université Radboud aux Pays-Bas ont testé 34 participants âgés de 18 à 30 ans (6) sur les perceptions visuels pendant une sensation de peur. Afin de créer une situation qui se rapprochait le plus possible d’un « comportement de gel », les chercheurs ont parfois donné à leurs participants un léger choc électrique, toujours précédé d'un point rouge.
Ce n’est pas le choc lui-même qui a incité les participants à montrer un « comportement de gel » (mesuré par la fréquence cardiaque), c’est l’anticipation du choc. Lorsque les participants
voyaient un point vert, qui ne présageait pas de choc, ils se détendaient. Alors que quand ils voyaient le point rouge, ils avaient davantage peur, et peu importe si un choc avait été infligé ou
non.
La tâche des participants était de juger de manière aussi précise que possible l'orientation de ligne à l'intérieur de petits carrés apparaissant sur un écran à gauche ou à droite de leur champ
visuel. M. Lojowska et ses collègues ont constaté que la performance visuelle des participants était affectée par le fait qu’ils soient stressés ou non et qu'ils présentaient des signes
physiologiques de peur.
Quand ils avaient peur et étaient stressés, leur capacité, à juger les carrés avec des détails élevés était altérée, mais leur capacité, à juger les carrés avec des détails visuels grossiers s’était en réalité améliorée.
Il semblerait donc que lorsque nous avons peur, nous percevons plus clairement certains aspects du monde, mais au prix d’ignorer une grande partie des détails. Malgré ces défauts potentiels dans notre perception visuelle, il est important pour nous de pouvoir percevoir les choses rapidement.
Visuellement il semble adapté qu'un animal ne voie que les détails les plus élémentaires d'un objet potentiellement menaçant. Cela prendrait trop de temps pour assimiler tous les détails d'une scène.
Notre cerveau dispose d'un moyen efficace pour reconstruire rapidement ce que chaque objet utilise probablement comme souvenir d'événements et de situations semblables, plutôt que d'analyser chaque nouvel élément en profondeur. Ceux sont par contre ces raccourcis qui peuvent entraîner de grosses erreurs et des illusions visuelles.
L'interprétation en tant que tel, nous explique que seule une structure temporelle à la fois peut être produite. Pour faire deux actions différentes avec les mains, le système de notre cerveau essaie de contrôler avec une seule structure, mais il n’y parvient que difficilement.
Cela peut paraître limité, mais protège en même temps les mouvements des interférences et permet la finalité d’un geste. Avec de l’entraînement, dans certaines conditions, il est bien évidemment possible de faire deux choses différentes avec les mains, d’un côté un automatisme et de l’autre un traitement contrôlé.
L’attention dans le cerveau humain possède un certain nombre de limitations structurelle dans la capacité de traitement de l’information :
Sans tenir compte de la condition sociale, le sexe, l'âge, l'état de santé, sous l’effet du stress, dans différents contexte et sans être préparé... Sommes nous donc capable de retranscrire deux gestes simultanés différents ? Le traitement scientifique des situations de hasard exige le recours au calcul des probabilités.
Pour la science, la probabilité est un concept clair, qui ne soulève plus aujourd'hui de problème particulier. La probabilité mathématique est un objet défini de façon formelle, par les opérations qu'il est possible d'effectuer à l'intérieur d'un postulat de départ. Avec l'accumulation des éléments cités précédemment, la probabilité de réussir l’exécution de techniques de self-défense avec deux gestes simultanés distincts, est très faible.
Comment ne plus avoir peur de se battre est une illusion. Tenter de se convaincre ou de s’en laisser convaincre, qu'il faut au préalable arriver à surmonter cette peur afin de pouvoir se défendre rationnellement lors d’une agression, est une grave erreur... Comment ne plus avoir peur de se battre ?
Prendre des cours de self-défense s’avère t’il utile dans notre société ? Influence médiatique, peur injustifiée, nécessitée d’une réalité quotidienne… ? Sûrement. À l’heure ou la bien-pensance et le politiquement...
Sources :
(1) Vision du tunnel. https://fr.wikipedia.org/wiki/Vision_du_tunnel
(2) Apprentissage moteur et performance. (Richard A. Schmidt). Jean-Philippe Hess – 2002
(3) Gamma-V experiment (Konzem, 1987)
(4) A theoretical model of phase transitions in human hand movements. Haken H , Kelso JA , Bunz H. 1985. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/3978150
(5) Apathie et sidération
http://assopolyvalence.org/infos/informations-sante/mecanismes-psychotraumatiques/apathie-et-sideration/
(6) Freezing promotes perception of coarse visual features. Lojowska, Maria,Gladwin, Thomas E.,Hermans, Erno J.,Roelofs, Karin Journal of Experimental Psychology: General, Vol 144 (6), Décembre
2015.
https://psycnet.apa.org/doiLanding?doi=10.1037%2Fxge0000117
Mise à jour le 01/03/2024