26/08/2019

Self-défense contre couteau et système de décision

Self défense contre couteau : système de décision

Est-ce un mythe ou une réalité ? L'une des certitudes sur les mythes de la self-défense contre un couteau, s'avère être relativement simple. Notre système de décision est dans l'impossibilité de pouvoir appliquer une technique contre chaque attaque.

 

Cet aphorisme s’explique d’une part scientifiquement et simplement par l’irrémédiable complexité de notre système de décision le moment voulu.

 

Prises de décision contre un couteau qui, faut il le rappeler, devront se produire dans des contextes différents, en ayant peu de probabilité d’être prévenu de l’agression, sans pouvoir prédire le moment de l’apparition de l’arme...

Chaque jour, nous devons prendre en moyenne 35 000 décisions. Celles-ci diffèrent par leur importance et leur difficulté. Nous sommes aidé dans cette multiplicité de choix par deux systèmes d’exploitation des prises de décisions. Documenté par le professeur Daniel Kahneman (1) qui a démontré que le cerveau humain possède deux modes de fonctionnement.

 

Le premier mode appelé « système 1 », est basé sur le mode intuition : la pensée, les associations, les impressions, les sentiments, les réflexions et les intentions en vue d’un acte quelconque qui se produise sans effort.

 

Le système 1 nous permet de produire une représentation mentale constante du monde qui nous entoure et nous permet de faire des choses comme marcher, éviter les obstacles et regarder dans une autre direction en même temps. Nous sommes habituellement dans ce mode tant que nous restons dans notre quotidien. Nous ne nous concentrons pas sur l’exécution de ces actions, nous les faisons.

Les différents systèmes cognitifs

Système 1 :

  • rapidité de fonctionnement ;
  • fonctionnement inconscient, automatique et sans effort (indépendant de la mémoire de travail) ;
  • son rôle est d’évaluer les situations et de fournir des mises à jour ;
  • il produit 97 % de toutes nos pensées.

Système 2 :

  • lenteur de fonctionnement ;
  • système délibéré et conscient qui nécessite un effort et un processus mental contrôlé ;
  • rationalité, conscience de soi ou contrôle, logique et sceptique
  • son rôle est la recherche d’informations nouvelles/manquantes dans les prises de décisions ;
  • il produit 3 % de toutes nos pensées.

Faire un pas à gauche ou à droite lorsqu’en même temps, nous parlons à quelqu’un. Si nous devions traiter consciemment toutes ces décisions, notre cerveau s'effondrerait de fatigue. La tâche principale de notre système 1 est de protéger notre système délibéré 2. Il nous aide à prévenir la surcharge cognitive. Notre système 1 (automatique) allège la charge cognitive de notre système (2) délibéré de plusieurs manières.

 

Tout d’abord, il s’occupe de nos tâches les plus familières. En les transformant en routines cognitives automatique, aussi appelé habitudes. Ce que notre système 1 fait principalement, est de passer rapidement en revue les informations et les idées. Sans même s’en rendre compte. Donner la priorité à tout ce qui semble judicieux. Et filtrer le reste en prenant des raccourcis heuristiques (2).

Défense contre un couteau et système basique

Lorsqu'il s'agirai d'effectuer un geste de self défense contre un couteau, seul le système 1 de prise de décisions pourrait nous être d’une quelconque utilité. Sous l’effet du stress généré par la peur, tout animal humain va subir des effets métaboliques plus ou moins important et notre cerveau ne choisira pas souvent la bonne solution.

Le stress généré par la peur est un état psychologique, physiologique et comportemental induit chez l'humain et l'animal par une menace pour le bien-être ou la survie, réelle ou potentielle.

 

Elle se caractérise par une augmentation de la tension nerveuse, de l'attention, de l'activation autonome et neuroendocrinienne et de comportements spécifiques. La fonction de ces changements est de faciliter la gestion d’une situation défavorable ou imprévue. (3) Cette réaction de stress entraîne des changements corporels qui nous préparent à être plus efficaces face à un danger :

  • le cerveau devient hyper-alerte ;
  • les pupilles se dilatent ;
  • les bronches se dilatent ;
  • la respiration s'accélère ;
  • la fréquence cardiaque et la pression artérielle augmentent ;
  • le flux sanguin et le flux de glucose dans les muscles squelettiques augmentent.

Les organes non-essentiels à la survie tels que le système gastro-intestinal ralentît. Nous n’avons plus que les gros muscles du corps qui sont alimentés et la motricité fine à disparu.

Instincts et système de décision

Les instincts sont définis comme des modèles de comportement hérités (génétiques) non appris, ayant pour unique objectif, la survie d'une espèce. Ces comportements stéréotypé, typique d'une espèce apparaissent pleinement fonctionnel la première fois qu'il sont exécuté, sans avoir besoin de les apprendre.

 

Les instincts sont des comportement souvent défini qui peuvent aller d'une simple réponse à l'environnement du sujet à de nombreuses actions impliquant des réflexes complexes. Le comportement instinctif dépasse les simples réponses à un stimulus externe.

 

Les instincts dans les décisions qui sont prises se traduisent par l’expression d’une gamme de comportements d’adaptation ou de défense qui visent à échapper à la source du danger ou à un conflit de motivation. Ces comportements dépendent du contexte et du répertoire de l'espèce.

Les stratégies d'adaptation actives sont utilisées lorsqu'il est possible d'échapper à la menace. C'est la réponse de combat ou de fuite décrite à l'origine par Cannon (4). Les stratégies d'adaptation passives, telles que l'immobilisation ou la sidération, sont généralement déclenchées lorsque la menace est inévitable et sont généralement caractérisées par une inhibition autonome (hypotension, bradychardie) et une augmentation plus prononcée de la réponse neuroendocrinienne et de la sécrétion de glucocorticoïdes.

Des techniques contre un couteau impossible ?

De ce fait, comment espérer retranscrire des techniques de self défense contre un couteau, basée sur des gestes complexes ou qui nécessite de la précision, alors que notre corps et notre cerveau ne nous le permettrons pas ? Tout simplement impossible. Chez tous les animaux autres que l’animal humain, les termes sont tactiques ou stratégies de survie. Nous serions une espèce suffisamment supérieur pour ne pas avoir à copier, utiliser ou appliquer des tactiques de survie ?

Le postulat de départ étant qu’il n’y pas de tactiques de survie parfaites. Aucunes tactiques naturelles n'est parfaite, mais à pour la primordiale nécessité de limiter les dégâts. Si les tactiques de survie des proies étaient parfaites, les prédateurs ne trouveraient pas de nourriture et se seraient éteints depuis bien longtemps.

 

Ils auraient eu besoin de devenir herbivores. Mais si les plantes avaient développé des tactiques de survie parfaites, il n'y aurait plus d'herbivores et le règne animal serait gouverné par les plantes. Exagéré ? Pas tant que cela. À l’heure des tutos de « Self-défense contre couteau » et pour tout et n’importe quoi, il est nécessaire d'insister sur la dure réalité de la survie.


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Sources :

(1) Daniel Kahneman
https://www.universalis.fr/encyclopedie/daniel-kahneman/
(2) Heuristique de jugement
https://fr.wikipedia.org/wiki/Heuristique_de_jugement
(3) The biology of fear- and anxiety-related behaviors. Thierry Steime
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3181681/
(4) Bodily Changes in Pain, Hunger, Fear and Rage. Cannon WB. 1915